11 ans après le 11 Avril 2011, Sidiki Bakaba avoue: "Chaque année, je fais des cauchemars"

Rédigé par Jean Calvin Koutouan le Mardi 12 Avril 2022 à 14:48 | Lu 343 fois


Ce Lundi 11 Avril 2022, aucun coup de feu ne s'est fait entendre à Abidjan. Pas de bruits de bottes, même pas de populations en fuite... un décor qui contraste avec les événements tragiques qui déchiraient la capitale économique Ivoirienne, 11 ans en arrière, le 11 Avril 2011.


Ce jour-là, après une dizaine de jours de pilonnages intensifs sur la résidence présidentielle alors utilisée comme un Bunker par l'ex chef d’état et ses partisans, Laurent Gbagbo se faisait arrêter par les soldats des Forces Républicaines. Sur le sol de la résidence, des cadavres éparpillés. Du sang présent partout dans lequel pataugeait effroyablement la douleur, le désespoir, la peur, l'incertitude... Ce jour-là, il se trouvait dans l'enceinte de la résidence présidentielle de Cocody à Abidjan, largement médiatisée en ces circonstances comme le Bunker de Laurent Gbagbo. Déterminé à capturer avec sa caméra ces moments clés de l'histoire de son pays, le cinéaste Sidiki Bakaba, ex directeur du palais de la culture d'Abidjan, a vu l'horreur. Grièvement blessé dans les bombardements et pris à partie par des éléments des Forces Républicaines déployés pour l'assaut, il en garde des séquelles profondes dans sa mémoire. "Chaque année, j'en fais des cauchemars. Ce qui me frappe aujourd'hui c'est que ça fait 11 11 11. 11 années que ça dure", nous confiait-t-il, dans un entretien téléphonique dans la soirée de ce Lundi. Signe tangible de ce traumatisme persistant, "Trois jours avant cette date, et trois jours après, j'en fais des cauchemars", nous indiquait l'acteur aujourd'hui exilé en France depuis Avril 2011. Le contact avec ces instants tragiques, il a du mal à s'en défaire. Il les vit et les ressasse dans son esprit au point d'humer encore "l'odeur de sang décomposé" que dégageaient ces soldats qui sans doute, dans l'ignorance du simple homme de culture qu'il est, ont jugé bon de le violenter. "L'être humain qui est en moi, sentait une odeur de sang décomposé. Du sang pourri"... en régurgite-t-il 11 ans après. S'il en porte encore les stigmates, il se soucie certainement plus pour le sort de ceux de ses compatriotes qui bien qu'apolitiques, ont été directement pris pour cibles. La douleur reste vive, mais il lui faut apprendre à vivre avec...et c'est ce qu'il fait. R.A

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