" Cette affaire de libération à titre humanitaire là, je ne comprends pas bien ! Ils sont partis ensemble, pourquoi ils reviennent par groupe, en détail ?", tels sont en détail, des propos d'un jeune ivoirien, surpris dans une rue à Yopougon, un quartier populeux d'Abidjan. Ce dernier venait d'apprendre que les trois femmes soldates, à savoir Bakayoko Awa, Blédou Kanga Adèle et Bamba Sita, membres du contingent de 49 militaires ivoiriens arrêtés au Mali, ont été libérées et ramenées ce même jour à Abidjan. La joie mitigée de ce dernier est plus ou moins partagée par un grand nombre d'Ivoiriens qui caresse le désir de retrouver tous ses 49 frères soldats bloqués à Bamako. Aussi s'il est vrai que ce geste de grande hauteur de vue et d'humilité des responsables des deux pays ( Mali et Côte d'Ivoire) est à saluer, il n'en demeure pas moins que l'inquiétude persiste quant au sort des 46 hommes restants. Les femmes ont été libérées " à titre humanitaire" laisse encore les nombreux ivoiriens perplexes. Car dans le jargon militaire, le vocable " humanitaire" est fortement connoté...". Mais au plan diplomatique, la méditation togolaise reste confiante. " Le tête à tête entre les deux ministres en charge des affaires étrangères du Togo et du Mali" a donné de beaux fruits. Un détail important, c'est que la Côte d'Ivoire, par la voix du ministre- directeur de cabinet du président Alassane Ouattara a signifié que "la Côte d'Ivoire déplore que des manquements et des incompréhensions aient été à l'origine de cet événement fortement regrettable". Cette marque d'humilité de la part du gouvernement ivoirien va davantage contribuer à atténuer la "rage" de la junte malienne. Car on le sait, lors des premiers contacts entrepris à Lomé dans le cadre de ces négociations, ivoiriens et maliens sont répartis dos à dos de la capitale togolaise. Le motif, la délégation ivoirienne avait rejeté en bloc, les accusations de la junte malienne, exigeant des excuses publiques de la part des ivoiriens. Un peu plus tôt, à l'issue d'une réunion du conseil de sécurité le mardi 12 juillet, relativement à cette affaire, l'État ivoirien avait exigé " la libération sans condition des 49 soldats arrêtés au Mali". Ce qui a fait monter le mercure du côté malien qui a déroulé le compresseur en inculpation et en plaçant les 49 soldats ivoiriens sous mandat de dépôt pour " tentatives de coup d'État". Cette libération des 3 femmes fût elle " à titre humanitaire" pourrait être vue comme une lueur d'espoir pour les 46 autres encore coincés. Toutefois l'on comprend l'impatience teintée d'inquiétude des ivoiriens. " Ils sont allés ensemble, ils devraient rentrer ensemble", clament des ivoiriens susceptibles.
Norbert Nkaka