La quarantaine de journalistes nationaux et internationaux qui ont pris d'assaut le siège du Fpi pour cette conférence de presse ont été bien servis. De fait, l'ancien président du conseil régional du Moronou a passé le régime Rhdp du président Alassane Ouattara au vitriol qu'il a fustigé territorialement sans chausser de gant. "Regard sur l'actualité nationale et internationale", tel est le thème de cette conférence de presse qui sonne aussi la sortie du président du Fpi après plusieurs mois de silence.
Affi N'Guessan n'a pas fait dans la dentelle face au régime qu'il a démonté pièce par pièce. Pour ce faire il a axé son intervention sur 3 points essentiels à savoir, la liberté, la réconciliation et l'alternance. Sur le premier volet, le Lion du Moronou s'est offusqué de savoir qu'il existe encore des prisonniers politiques. " Leur incarcération balafre la démocratie et enrhume la liberté. La presse est muselée, les lanceurs d'alerte emprisonnés. La liberté est ainsi bâillonnée", dénonce Affi N'Guessan, indiquant qu'un mauvais vent souffle sur la Côte d'Ivoire parce-que la réconciliation est malade. " Il faut imposer la transparence car elle conditionne la réconciliation et la paix ", précise l'ex président du conseil régional du Moronou. Pour le président du Fpi, le bilan du Rhdp en matière de réconciliation est inachevé pour 4 raisons essentielles à savoir, l'absence de vérité, de justice, la non réparation des torts aux victimes et la répétition des crises. Il faut selon lui, jeter les vraies bases de la réconciliation nationale, d'où la proposition d'un séminaire national autour du thème, " Réconciliation et cohésion nationale, bilan et perspectives ", pour lequel, selon lui, le Rhdp semble donner son accord.
Mais ce qui fâche le plus le président Affi N'Guessan, c'est surtout l'alternance. " La Côte d'Ivoire est à la fin d'un cycle. 2025 doit consacrer une nouvelle phase de notre histoire. C'est l'alternance qui est perçue comme une respiration, une rupture, un nouveau départ sur des bases démocratiques ", enseigne t il avant de marteler le régime Ouattara. " Le bilan du Rhdp n'est pas reluisant. Un résultat macroéconomique flatteur, un endettement alarmant, un niveau de corruption révoltant et un indice de développement humain en nette régression. Nous sommes derniers. Les ivoiriens vivent mal et moins longtemps. Au niveau du café- cacao, nos planteurs sont spoliés. Il faut absolument une enquête parlementaire pour voir clair dans cette gestion opaque. La Côte d'Ivoire va mal parce-que les multiples nominations sont basées sur la satisfaction et le clientélisme. Il faut mettre fin à l'hyper présidentialisme où un seul individu fait et défait et qui distribue chaque jour des prébendes. Économiquement , les ivoiriens sont devenus les ouvriers des multinationales. Une vraie dépendance financière ", fustige Affi N'Guessan.
En termes de propositions, le président du Fpi est revenu sur la déconcentration en faisant supprimer les préfets de régions. Selon lui, l'État doit rendre les gouverneurs de districts et les conseils régionaux responsables. " Il faut instaurer le fonds souverain qui permettra de renforcer les conseils régionaux et les chefs de villages qui seront payés, renforcer la sécurité, faire de la Côte d'Ivoire un vrai grenier de l'Afrique de l'Ouest à travers la politique de l'autosuffisance alimentaire, promouvoir la technologie, la culture, l'écologie et créer un cadre macro économique pour un développement durable pour environs 9 mille milliards de F", sont entre autres propositions pour sauver la Côte d'Ivoire. Aussi annonce t il sa candidature pour la présidentielle de 2025. " En 2025, nous n'irons pas aux élections pour participer, mais pour gagner. Parce-que nous avons fait le choix de la rupture ", a annoncé le président du Fpi avant de se prêter aux nombreuses questions des journalistes relativement à la non inscription du nom de l'ex président Laurent Gbagbo sur la liste électorale et la situation du partenariat signé le 2 mai 2023 avec le Rhdp.
Norbert Nkaka