L'ex-président Laurent Gbagbo
Les signes précurseurs de l'affrontement direct entre Pascal Affi N’guessan et l'ex chef d’état, Laurent Gbagbo, étaient déjà perceptibles depuis le communiqué du 05 Avril dans lequel Assoa Adou, secrétaire général de la branche dissidente, rapportant les conclusions de sa rencontre de la veille à Bruxelles, avec l'ex chef d’état dans l'optique de la préparation de son retour, indiquait : "Les samedi 03 et dimanche 04 avril 2021, son Excellence le Président Laurent GBAGBO, Président du Front Populaire Ivoirien (FPI) a eu des séances de travail avec le Secrétaire Général du Parti, le Docteur ASSOA Adoua, à Bruxelles (Belgique)".
Cette insinuation tendancieuse, comme il fallait s'y attendre, n'as pas manqué de susciter l'ire du camp Affi, qui s'était empressé de réagir pour recadrer les choses, et rappeler à l'opinion publique que le seul maître à bord du navire frontiste, reste l'actuel président du Conseil général du Moronou.
Acte II de cette surenchère politique, le communiqué de ce 09 Juin, toujours signé du même Assoa Adou, qui en prélude au déplacement que doit effectuer ce Samedi 10 Juillet à Daoukro, l'ancien chef de l'état, après son retour de Kinshasa, pour consolider son alliance avec Henri Konan Bédié, indiquait en ouverture : "Le Président du Front Populaire Ivoirien, son Excellence M. Laurent GBAGBO, rendra une visite, le Samedi 10 Juillet 2021, à son aîné, son Excellence M. Henri Konan BEDIE, Président du PDCI-RDA, à sa résidence de Daoukro, dans la région de l’Iffou, à l’Est de la Côte d’Ivoire".
Une fois de plus, la direction du FPI pro-Affi a bondi à travers un communiqué de rectification, produit par son secrétaire général, Issiaka Sangaré qui qualifiait le ton employé par son rival du FPI-GOR, de "provocation inutile et infantile dans un contexte où nos concitoyens aspirent à la réconciliation et à la cohésion sociale".
Icône de la Gauche Ivoirienne et fondateur du Front Populaire Ivoirien (FPI), l'opposant historique à Houphouët-Boigny, tout comme les irréductibles de son camp, n'a visiblement jamais digéré la témérité de Pascal Affi N’guessan, président statutaire du FPI, qui disant s'appuyer sur les textes du parti, a rejeté les résolutions issues du Congrès de Mama en 2015, portant notamment son ex patron à la tête du FPI.
Après une longue période de supputations autour de l'implication ou non de l'ex chef d’état, aux côtés des GOR, les choses ont fini par se confirmer avec le communiqué du 05 Avril, dans lequel Laurent Gbagbo se positionnait ouvertement comme le chef de la dissidence.
Son retour au bercail, le 17 Juin, n'a fait que corroborer son accointance avec les GOR, sur qui il s'appuie pour mener toutes ses actions politiques, pour se repositionner comme un prétendant sérieux à la succession de son rival de la crise postélectorale de 2010-2011. Pour ce faire, il faut au nouvel allié d'Henri Konan Bédié un outil politique dynamique capable de le remettre en orbite.
La coalition Ensemble pour la Démocratie et la Souveraineté (EDS)? Non! Trop réducteur pour un personnage politique de sa trempe. Certes, pendant longtemps, ses partisans ont dû s'accommoder de ce paravent pour se donner un socle d'existence politique, mais, pour lui, le chef, le fondateur du FPI, ce serait un camouflet face à son ancien premier ministre.
Le FPI, c'est d'abord lui, tout comme le RDR s'identifie à Alassane Ouattara, et le PDCI-RDA, à Henri Konan Bédié.
En se proclamant Président du FPI, sur la base des résolutions d'un congrès jugé illégal par la justice Ivoirienne, l'ex président de la république, se surprend sans doute à usurper un titre qui au regard de la loi, n'est pas le sien, bien qu'il soit le fondateur et certainement le référent moral et politique du parti.
Au regard de la loi, il n'existe qu'un seul FPI sur l'échiquier politique Ivoirien. Celui que dirige Pascal Affi N’guessan.
Aussi réduite soit-t-elle d'un point de vue populaire comme l'accusent les GOR, seule la direction du FPI pro-Affi, est actuellement en droit d'incarner le parti devant les institutions nationales et internationales.
R.A