Comment une titulaire de BTS est devenue chauffeur de Yango. Son message aux jeunes filles.

Rédigé par Kouassi Norbert dit Norbert Nkaka Koffi le Vendredi 28 Avril 2023 à 15:38 | Lu 239 fois


Des femmes chauffeurs de bus, apprentis Gbaka et même mécaniciens, on en connaît en Côte d'Ivoire. Mais, elles sont rares et presqu' introuvables, ces conductrices de Yango. Nous avons surpris Y. M. la trentaine et titulaire d'un BTS en transport et logistique, au volant d'un Yango, le jeudi 27 avril. Pourquoi a- t -elle choisi ce métier ? Que gagne- t -elle ? Quelle sont les difficultés rencontrées ? ....Nous avons fait une véritable incursion dans le métier de cette femme.


C'est au détour d'une rue à Cocody Mermoz, aux environs de 20 he que nous activons notre application à l'effet de commander ce type de véhicule spécialisé. Environs 5 minutes plus tard, un véhicule flambant de marque Nissan immatriculé XXXX, stationne à notre niveau. Nous nous y installons pour Yopougon Siporex. Nous sommes tout de suite frappés par fraîcheur et surtout le parfum. Quelques minutes après, c'est une voix féminine qui nous adresse une salutation. " Mais c'est une femme qui est volant!", m'écriai-je, subjugué surtout lorsque j'identifie sa coiffe. Nous engageons alors une causerie pour nourrir notre curiosité. C'est là que nous découvrons tout le mystère de son métier qu'on croit être dévolu aux seuls hommes. Ses motivations aussi. " Nous sommes une quarantaine de femmes sur un projet qui concerne 300 femmes. Moi je suis titulaire d'un Bts depuis 2015. J'ai souscris à ce projet et cela fait 1 ans 3 mois que je conduis. Dans un an 9 mois, le véhicule me revient parce que nous travaillons avec les promoteurs comme des partenaires", nous confie t elle, indiquant que c'est la passion d'être au volant et la volonté de se battre pour gagner sa vie qui l'ont amenée à ce métier. " Je suis déclarée à la Cnps et le peu que je gagne me permet de me nourrir et assurer mon loyer. D'ailleurs j'avais postulé à la Sotra pour être machiniste. Malheureusement je n'ai pas été retenue", signifie Y. M. Comme tout métier Y. M. rencontre les difficultés notamment avec les forces de l'ordre, les conducteurs de Gbaka et même les hommes. " Les policiers nous fatiguent un peu parce qu'ils ne veulent pas du permis B. Les conducteurs de Gbaka nous considèrent comme des concurrents et endommagent parfois nos véhicules. Mais le gros problème, c'est la réticence des hommes. Certains refusent que les femmes les conduisent. Mais nous finissons par les dissuader", précise t elle. Y. M. qui brave ces difficultés et qui se fiche même de l'insécurité s'est fixé un objectif bien précis. Devenir une cheffe d'entreprise. "Moi, je sais où je veux arriver. Être cheffe d'entreprise avec 5 ou 10 véhicules. C'est possible. J'ai un programme de travail qui me permet de commencer à 8 h et descendre à 23 h. Je n'ai pas peur. Je roule même à Abobo à 22 h. La vie est un destin", tranche Y. M. qui soutient ne pas fléchir sous les jugements des détracteurs.

Pour terminer, elle demande aux jeunes filles de déserter les bars et maquis afin de tracer leur propre chemin. " Je pense à l'avenir de mes enfants. Il faut que les jeunes filles saisissent les opportunités pour tourner le dos à la facilité. Qu'est-ce qu'une femme peut avoir véritablement d'un homme aujourd'hui si elle ne fait rien? Rien. Il faut que la femme se batte si elle veut être libre et épanouie", lance t elle.

Norbert Nkaka

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