Conflit de chefferie et de terres/ Deux villages à couteaux tirés. Un sous préfet indexé

Rédigé par Kouassi Norbert dit Norbert Nkaka Koffi le Samedi 24 Février 2024 à 16:38 | Lu 644 fois


Une grave crise oppose le village d'Akrou et la localité de Bapo dans le département de Jacqueville. Des jeunes villageois d'Akrou ont assiégé le village de Bapo, le samedi 24 février, au moment où celles-ci se préparaient à accueillir le sous préfet d'Attoutou dans le cadre d'une consultation populaire devant aboutir à la désignation future d'un chef. L'objectif était de manifester leur opposition à la désignation d'un chef de village sur leurs terres.


Ils étaient environs 600 jeunes villageois à bord de tricycles, de motos et un tracteur qui ont investi la localité de Bapo, peuplée seulement de 300 habitants et située au bord de la lagune, à quelques 3 km d'Akrou. La tension était palpable, vu que des propos hostiles sont tenus à l'endroit des populations de Bapo totalement prises dans la tenaille. D'ailleurs, sur la place publique, les matériels prévus pour abriter cette cérémonie de consultations populaires présidées par le sous préfet d'Attoutou, Séri-Atta Roycet Patrick, n'ont pu être installés. Mais de quoi retourne cette affaire ?

Akrou opposé à l'installation d'un chef de village à Bapo

Selon le président des jeunes d'Akrou, Tékry Herrmann Loïc, véritable chef d'orchestre de cette opération- commando, l'affzire tire son encrage dans le fait que le village de Bapo, installé sur les terres d'Akrou, ne peut se prévaloir dépositaire des lieux sans l'approbation préalable des chefs de terres d'Akrou, les principaux dépositaires. Poser un tel acte sans les consulter et sans leur approbation préalable est une forme d'expropriation et perçu comme un crime de lèse majesté. " Nous sommes là pour faire opposition à une parodie de consultations populaires devant aboutir à la désignation d'un chef. En réalité Bapo est installé sur le territoire du village d'Akrou. C'est une localité peuplée de nos frères Ahizis mais aussi des allogènes de la Cédéao au temps où cette localité servait de débarcadère du bac assurant la liaison entre Jacqueville et Dabou. C'était donc un carrefour d'échanges et de commerce. C'est plus tard que des familles ont été autorisées à s'installer sous la coupole des propriétaires terriens d'Akrou. Mais avec le temps, certains de nos hôtes veulent par des voies détournées et bénéficiant de certaines complicités, veulent installer un chef afin de mieux contrôler des parcelles estimées à 1600 ha. Nous disons non aujourd'hui et demain! ", tape du poing, le jeune Tékry Herrmann Loïc visiblement remonté. L'action de ce samedi 24 février, selon lui, indique bien que les villageois de Bapo n'étant nulle part propriétaires de terres, n'ont pas la qualité de désignation d'un chef. Cela échoit de plein droit aux chefs de terres d'Akrou qui peuvent leur proposer un chef.

Le sous préfet d'Attoutou interpellé

Dans ses envolées, Tékry Herrmann Loïc, le président des jeunes d'Akrou, nous a signifié que le sous préfet d'Attoutou, Séri-Atta Roycet Patrick, arrivé à la tête de la circonscription il y a 3 ans seulement, se laisserait manipuler par des chefs Ahizi. " Le sous préfet d'Attoutou dont dépend Bapo est en train de se laisser manipuler. Il ne connaît pas les contours de cette affaire dont le principal enjeu est de s'approprier nos terres. Déjà, Bapo revendique 492 Ha. Mieux, Akrou serait délestés de plus de 1600 ha si un chef est désigné. Le sous préfet serait venu nous consulter pour qu'on l'édifie sur l'historique des populations de Bapo. Celui nous éviterait des conflits aux conséquences imprévisibles. Mais on estime qu'il a été trompé ", estime Tékry Herrmann Loïc.

Les consultations populaires avortées

Ce samedi 24 février, il avait pourtant été prévu, une cérémonie de consultations populaires présidée par le sous préfet d'Attoutou et en présence du président du collectif des chefs Ahizi, Abouayéba Samuel. Mais des jeunes villageois venus d'Akrou ont très tôt le matin, assiégé la place publique du village, empêchant toutes activités. Le sous préfet annoncé ne s'est pas présenté. À 11 h, au moment où nous quittions les lieux, les éléments de la gendarmerie de Jacqueville avaient mis pied à terre à Bapo, pour disperser calmement les manifestants. Ceux-ci ont regagné leur village Akrou, soulagés d'avoir fait avorter la cérémonie de consultations populaires de désignation de Grah Olivier, pressenti pour être le premier chef de village de Bapo, après 64 ans d'existence. Mais les villageois de Bapo vont ils céder aux injonctions des villageois d'Akrou? Affaire à suivre!

Norbert Nkaka

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