Le nouveau parti de Gbagbo : du RDA au PPA !
Un autre Félix Houphouët-Boigny nous est né 28 ans après la disparition de ce dernier.
En effet, l'historien Laurent Gbagbo, ancien militant du Front Populaire Ivoirien et ex Président de la République, ambitionne de voir se répéter l'héroïque aventure du Rassemblement Démocratique Africain (RDA), cette Fédération de partis politiques africains menée de main de maître par le premier Président de la République de Côte d'Ivoire, et qui avaient dans leur ligne de mire la décolonisation partant les indépendances. En 1946 à Bamako au Mali, s'est tenu le congrès constitutif de ce mouvement avant-gardiste. Houphouët-Boigny en fut le fondateur.
Or, il est connu, que bien qu'on puisse trouver des analogies structurantes dans le flux des évènements, il n'y a par contre aucun déterminisme strict que l'on puisse tirer de l'histoire.
Gbagbo n'est pas Houphouët et 1946 n'est pas 2021, soit dit en passant.
La trame de cette autre aventure, celle de Gbagbo et de ses amis, semble se nourrir des confuses vagues populistes de sentiments néo colonialistes qui étouffent les classes africaines, lesquelles, paradoxe pour paradoxe, ne se sentent libres que dans leurs fers tels de purs esclaves. En somme une domination et un esclavage voulus et soutenus par la paresse, le manque d'ambitions et de vision éclairée.
A scruter le pendant souverainiste de ce nouveau Parti qui avait du mal à se donner une appellation, Laurent Gbagbo veut désormais se présenter comme le porte flambeau de la lutte contre le néo colonialisme, le libérateur des peuples opprimés face à l'ogre occidental.
Un autre, et toujours fondateur, est donc de retour et à l'œuvre.
A priori, l'emballage est beau et l'ambition semble noble, sauf que le casting est catastrophique. Le candidat a déjà fait ses preuves et il est à bout de souffle.
En effet, pour prétendre apporter la liberté aux autres, il faut soi-même en être imprégné. Pour parler au nom de la démocratie, il faut soi-même en respecter les règles élémentaires.
Gageons que la montagne accouchera d'une souris mais qu'il se trouvera tôt ou tard des élites africaines non compromises et lucides pour relever le défi de la réinvention de notre nouveau rapport au monde, de notre participation à la politique et à l'économie mondiales, non plus par d'éternelles jérémiades mais par une participation active à l'esprit collectif créatif.
En 1946, Houphouët avait 41 ans, il n'en avait pas 78 comme notre jeune soldat.
En 1946, les luttes des peuples africains pour les indépendances étaient quasi viscérales et elles ont bénéficié de préjugés favorables. En ce 21e siècle, les données sont tout autre. On dira simplement que beaucoup d'eau a coulé sous le pont.
Les Etats indépendants dits souverains, ont du mal à donner un contenu réel au concept, bousculés qu'ils sont par le rythme vertigineux des avancées technologiques et la complexité de la globalisation. Il ne faut cependant pas tomber dans le désespoir jusqu'à confier nos destins et ceux de nos enfants à des vendeurs d'illusions, revanchards camouflés dans des manteaux de progressistes réformistes. Il y va du sérieux que nous accordons à notre rapport au monde.
Gnêrèwolloh