Ce que l'on redoutait depuis le 28 mai s'est véritablement produit. Ce jour-là des jeunes du village, très excités avaient occupé bruyamment les rues, exigeant la destitution du chef du village de Lopou, René Djedjmel Diby, pour "haute trahison". Ces jeunes, soutenus par une frange de la population, notamment des patriarches communément appelés Ebébou ( ceux qui ont le pouvoir des décisions),ainsi que des femmes, réprochent à l'ancien ministre-chef de conclure un contrat de cession d'une parcelle de 142 hectares avec une société agro industrielle. Vrai ou faux ? Toujours est il que selon cette frange mécontente, cette parcelle naguère occupée par cette entreprise sur la base d'un vieux contrat qui serait arrivé à son terme, serait désormais destinée à l'extension du village. " Nous n'avons plus de terrains pour bâtir de nouvelles maisons. Nous avons réservé cet espace pour faire l'extension du village à savoir, construire une nouvelle gare routière, une aire de jeu, un marché moderne et même un cimetière", avait signifié Lattro Lath Pacôme Ariel, président des jeunes de Lopou.Notons que les vieux plants d'hévéa sur cette parcelle ont été arrachés par la société industrielle.
This browser does not support the video element.
Ce dimanche 11 juin donc, arguant qu'à la suite de ces soulèvements, le ministre René Diby avait précipitamment quitté le village pour regagner Abidjan (pour des raisons sécuritaires), les populations se sont réunies massivement sur la place publique pour débarquer toute la chefferie dirigée par le ministre René Diby. En lieu et place, c'est Adou Clément, ancien conseiller pédagogique à la retraite qui devient le chef intérimaire, à la suite d'un rituel. Celui-ci devra gérer les affaires courantes et conduire l'élection d'un nouveau chef de village qui serait entériné par l'administration. Joint au téléphone le lundi 12 juin, Adou Clément, le chef intérimaire a confirmé cette information. " Les populations ont constaté que depuis le 28 juin, le ministre René Diby sur qui pèse des soupçons de signature d'un document consacrant la cession d'une parcelle au détriment des populations, est introuvable. Pour nous, c'est un manquement grave. Les populations m'ont donc désigné pour conduire désormais les destinées du village. En tant que fils, je ne peux pas me dérober et faillir à cette mission. Je suis désormais le chef intérimaire qui peut apporter la paix en attendant la désignation d'un chef consensuel", a signifié Adou Clément, âgé de 65 ans. Mais un chef de village, par ailleurs membre du collectif des chefs de villages du Léboutou dont le ministre René Diby est le président, est formel. " C'est un groupe de patriarches qui donne dans la plaisanterie. René Diby demeure à son poste", tranche t il. Le ministre René Diby que nous avons joint le lundi 12 juin à 17 h dans le cadre de cette crise, nous a signifié d'une voix grave. " Je reçois des gens! Je ne pourrai pas répondre à votre préoccupation", nous renvoie t il, sans suite au moment où nous mettions sous presse. Pour de nombreux villageois, le vin est tiré. Affaire donc à suivre !
Norbert Nkaka