Selon des sources étayées par le correspondant de l'Agence ivoirienne de presse sur place, c'est le 17 juillet, au cours d'une rencontre que les responsables de la Sodefor à qui est confiée la gestion de ce vaste patrimoine forestier, ont sommé les populations de quitter les lieux, à travers une mise en demeure, sous prétexte qu'une opération de reboisement serait bientôt amorcée, dans cette zone déclarée forêt depuis 1929 mais toujours occupée par les planteurs. Mais les populations des 18 campements installés dans cette forêt depuis près de 80 ans pour la plupart, ont cru à des propos de routine, souvent sans effet exécutoire. Erreur !
Mais voilà que dans la nuit du lundi 16 au mardi 17 septembre aux environs de 3 heures, les populations sont tirées de leur lit par des fortes détonations et autres déflagrations qui déchirent les forêts environnantes. Un important détachement militaire a procédé à une opération de déguerpissement très musclée.C'est la débandade surtout que certains croyaient à une de ces rébellions. Des cases sont détruites et incendiées, des animaux abattus et des biens pillés. Dans leur fuite, plusieurs blessés sont enregistrés quand d'autres sont encore introuvables. Des invalides, dû à leur âge avancé sont évacués de force. Ainsi les populations des nombreuses bourgades telles Yobouékro Antenne, Petit Gohitafla, Djahakro, pour ne citer que ces localités ont dû braver 30 à 40 km à la marche pour accéder à Bonon.
Dans cette localité, si certains ont pu être recueillis par des hommes de bonne volonté, ce n'est pas le cas pour d'autres. La plupart sont actuellement sans abri. D'autres dorment à la belle étoile et à la merci des intempéries, désargentés. "Nous avons été chassés comme des animaux et tous nos bien pillés. Nous n'avons ni toit 'i habits de rechanges ni argent. Nous implorons me gouvernement à nous venir en aide. Nos enfants écoliers sont à la rue. Ils sont obligés de mendier pour survivre", pleure Brou N'Guessan Georges, le président des jeunes de Yobouékro- Antenne.
La situation des déguerpis de la forêt de Bonon est très préoccupante Car ils sont des milliers de paysans sans abris, exposés à toutes sortes d'intempéries et dangers. Parmi eux des personnes âgées et assez fragiles. À cela s'ajoutent les nombreux écoliers actuellement à la rue, pendant que leurs camarades des autres localités vont à l'école. Certains sont obligés de mendier pour survivre. Mais le contraste, c'est que les écoles déguerpies sont des patrimoines de l'Etat. "Nous avons une école primaire où les enseignants sont affectés par l'État", précise le président des jeunes. Le gouvernement a t il envisagé des mesures recasement des populations et de réaffectations des enseignants et des élèves avant de procéder à une telle opération traumatisante, humiliante et déshumanisante? Ce sont autant de situations qui choquent les populations. Et dire que ces valeureux planteurs participent à leur manière à l'essor économique du pays, il y a plusieurs mécanismes pour leur réserver un traitement digne et humain. Il y va de la dignité de l'ivoirien et de son bien être aussi.
Norbert N'Kaka ( Source et photo : Aip Bonon)