Les quelques 3000 élèves qui fréquentent le lycée municipal de Jacqueville, vaste de plus de 8 ha, ne sont pas contents. Certains ont même honte de signifier à leurs camarades des autres établissements qu'ils fréquentent ce lycée, tellement il est en lambeaux. " C'est un faux lycée ! Tout est sale, des salles de classes sans porte, même des laboratoires. Vraiment ça fait pitié", nous lance un groupe d'élèves lorsque nous franchissons le pas de la porte de ce lycée, construit par feu Yacé Philippe, ancien président de l'Assemblée nationale le mardi 31 janvier un peu avant 18 h. Mais ces élèves n'avaient pas tout à fait tort. Une fois dans l'enceinte, le spectacle est désolant, ahurissant. Mis à part le bloc administratif bien coiffé et supplanté par le drapeau ivoirien flottant, le reste n'est que ruine. Car en face, presque les nombreux bâtiments du premier cycle, sont complètement dégradés. Certaines salles de classe sont dépourvues de porte. Les rares portes qui existent encore sont soit branlantes soit sans serrure. A l'intérieur, le décor est pareil. Plafonds, tables- bancs, tableaux et même les fenêtres sont à la limite du récupérable. Les murs sont crasseux. Interrogé, un parent d'élèves nous indique. " Ce sont les élèves eux mêmes qui ont rendu les locaux ainsi. Ils cassent expressément les portes au moindre soulèvement", nous révèle ce parent d'élèves. Mais un autre élève rétorque que les salles de classes sont devenues les nids des reptiles ( margouillats, salamandres et serpents) qui leur donnent des frayeurs pendant les cours. " Il y a des serpents dans les plafonds. On n'est pas à l'aise pendant les cours. Tout le monde a peur", dénonce cet élève.
Mais ce décor macabre semble plutôt profiter aux individus malveillants, notamment des drogués et des jeunes filles prostituées qui en feraient leurs bled, une fois la nuit tombée. " Ce lycée est vaste et broussailleux par endroits. Les deux veilleurs de nuit n'y peuvent rien surtout avec ces salles de classes sans portes. Des drogués en profitent", nous souffle un agent de ce lycée qui n'exclut pas le fait que l'établissement soit aussi transformé la nuit en "un hôtel de passe" à ciel ouvert. Des cadres de cette cité balnéaire, choqués par l'état de ce lycée, entendent voler au secours. Toutefois, les responsables chargés de la réhabilitation des locaux sont vivement interpellés