Embargo sur le Mali : Comment les sanctions de la CEDEAO vont enrichir les groupes terroristes

Rédigé par Jean Calvin Koutouan le Samedi 15 Janvier 2022 à 18:45 | Lu 202 fois


Dans le but d’afficher sa fermeté face aux autorités de transition au Mali dont le chronogramme de mise en œuvre du processus électoral s’étend jusqu’en 2026, la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) adoptait le Dimanche 09 Janvier, un train de sanctions économiques et diplomatiques sévères à l’encontre du Mali.





Fermeture des frontières, suspension de l’aide économique, suspension des transactions commerciales, gel du compte d’opération de l’état Malien à la BCEAO, rappel des ambassadeurs…
 
Des décisions fermes dont l’impact risque de renforcer la capacité de nuisance des groupes séparatistes et terroristes qui sévissent dans le nord du Mali. Selon Jean-Basile Nguetta, spécialiste des questions liées au terrorisme, installé aux USA, l’accroissement prévisible des échanges commerciaux informels entre le sud de l’Algérie et le Nord du Mali du fait de l’embargo, devrait renflouer les caisses de ces organisations armées.
 
Il nous en livrait son analyse ce Samedi 15 Janvier. ‘’ Plusieurs grandes villes du nord du Mali échappent encore au control de l’adminitration centrale de Bamako. En effet, les villes comme Kidal, Aguelhok, Tessalit, Taoudenni dans la grande region de Tombouctou pour ne citer que celles-ci sont sous le control de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) qui comprend: Mouvement National pour la libération de l’Azawad (MNLA) Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad (HCUA) Mouvement Arabe de l’Azawad (MAA) Coalition du Peuple pour l’Azawad (CPA) Mouvement pour le Salut de l’Azawad (MSA) Ces différents mouvements contrôlent des zones entières dans le Nord du Mali qu’ils administrant politiquement, économiquement, et bien sûr militairement.
À côté de la Coordination des Mouvements de l’Azawad, se trouvent Al-Qaïda dans le Maghreb Islamique (AQMI) et l’Etat Islamique dans le Grand Sahara (EIGS) deux redoutables organisations terroristes qui sévissent dans Sahel et qui pourraient tirer les marrons du feu.
 
Le volume des échanges commerciaux informels est estimé à 25 millions de dollars en période normale de trafic et les flux atteignant le sud du Mali sont relativement faibles. Cependant, avec l’embargo économique, ce flux considéré jusqu’ici insignifiant pourrait accroitre rapidement. Les produits de première nécessité en provenance d’Algérie via l’Azawad pourraient bientôt inonder les villes du sud Mali par le truchement d’un commerce informel au main de groupes rebelles- sécessionnistes de l’Azawad et d’organisations djihadistes qui fourmillent dans le Sahel’’, soutient-t-il.
 
Sa mise en garde est sans équivoque : ‘’Cette économie informelle sera de nature à enrichir considérablement les rebelles Touaregs et les groupes djihadistes’’. Pour les groupes cités par Jean-Basile Nguetta, la situation de confrontation entre Bamako et la CEDEAO devient d’autant plus intéressante à en croire son analyse car ‘’ Il faut 7 jours de conduite pour un vehicule de marchandises pour relier le sud de l’Algérie à Kidal et 8 jours pour atteindre Gao.  
 
Les check-points installés de façon anarchique par les différentes factions armées signataires de l’accord de paix d’Alger qui s’y succèdent à un rythme régulier pourraient être multipliés par 3 avec la mise en œuvre de l’embargo, car cela permettrait de prélever des taxes et autres impôts sur les camions de marchandises à l’allée comme au retour, comme cela a été le cas en Syrie et en Irak avec l’Etat Islamique. Après “l’argent tiré de l’orpaillage, les taxes prélevées sur les camions de marchandises représentent l’une des principales sources de financement de ces groupes.
Chaque poste de contrôle permet de faire rentrer plus de 3 millions de francs CFA. Un mouvement qui détient dix postes de contrôle récolte donc au moins 30 millions chaque mois”, selon JA’’.
 
L’économie terroriste alimentée par les ‘’Flux Financiers Illicites (FFI)’’, ne pourrait que tirer grandement profit de ces tensions ouvertes entre Bamako et ses voisins, avertit cet expert qui tire la sonnette d’alarme.
Raoul Mobio

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