Selon des témoins complètement tétanisés par ce drame aussi spontané et brutal, cet endroit est réputé pour être le lieu réservé aux manoeuvres et autres passants qui aspirent prendre une petite douche, juste pour se rafraîchir le corps, en attendant la traversée par le bac. Ce jour-là, le jeune Konaté Youssouf en compagnie d'autres manoeuvres, se rend dans une plantation pour enlever du manioc, un produit très sollicité en ce moment pour la préparation de l'attiéké. Sur le chemin du retour, à 17 heures, le tricycle à bord duquel se trouve Konaté Youssouf marque une escale au bord de la lagune. Juste le temps que le bac leur fasse traverser la lagune. Dans cette attente, les jeunes manoeuvres ont le temps de prendre une pause -fraîcheur. Certains se jettent carrément dans la lagune, tout joyeux de radier les rayons ardents du soleil mais aussi de se débarrasser de la poussière sur le corps. Après ce moment agité l'ensemble se retire de l'eau, à l'exception de Konaté Youssouf qui prend encore un peu de temps. Sans doute veut il profiter davantage de la fraîcheur de l'eau. Mais au moment de se retirer enfin, on ne sait pas trop comment, Konaté Youssouf fait une chute spectaculaire qui l'emmène au mauvais endroit de la lagune. Les uns, postés sur la terre ferme, croyaient à une simple glissade et que Youssouf va vite reprendre son souffle pour regagner la berge. Les minutes passent... point de Konaté Youssouf. On fait alors appel à des spécialistes qui entament aussitôt des recherches. Mais au moment de le faire remonter, le constat est triste. Konaté Youssouf a déjà rendu l'âme. Son corps sans vie est ramené. La scène est insoutenable. Comment informer ses parents de ce drame vraiment hors du commun? L'irréparable est pourtant sous leurs yeux. Il a été enterré le lendemain au bord de la lagune, conformément aux coutumes.
Norbert Nkaka