L’EAU DANS LE GNAMANKOUDJI, LE MALI ET LA COTE D’IVOIRE

Rédigé par Herman Bléoué le Jeudi 17 Février 2022 à 18:30 | Lu 474 fois


Alassane Ouattara, le président ivoirien, a réussi un buzz à faire pâlir de jalousie des chercheurs de buzz sur internet. « Qu’ils mettent de l’eau dans leur gnamankoudji » pour faire baisser leur tension…


Jus de gingembre




Vouloir détendre l’atmosphère lourde, décrisper les relations internationales tendues entre les autorités militaires au pouvoir au Mali et la Présidence de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO, c’est bien. Quitte à faire du buzz, cerise sur le gâteau, pourquoi pas... Le président de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, s’y est publiquement essayé le 16 février 2022 sur les antennes de France 24 et de RFI. Décontracté et sur un ton d’apaisement, Alassane Ouattara s’est servi de ces presses pour adresser un message aux hommes forts du régime militaire de Bamako. « Comme on le dit en Afrique de l’ouest, il faut qu’ils mettent de l’eau dans leur gnamankoudji, c’est-à-dire dans leur jus de gingembre », fin de citation.
Et hop, il n’en fallait pas plus pour capter l’attention soutenue de tous. Mais, serait-ce suffisant pour amener la junte militaire malienne à un compromis pour un calendrier électoral pressant et à court terme ? Une chose est sûre, cela n’a pas atténué les exigences des internautes et des puristes de la langue de Molière attachés à la vraie et bonne expression « mettre de l’eau dans son vin ».
Comprendront-ils que derrière ce néologisme se cache une volonté de caresser les militaires maliens dans le sens du poil sans qu’ils ne soient de mauvais poil avec les exigences de la CEDEAO ? Comprendront-ils qu’il faut éviter de dire aux militaires de chercher à atténuer les effets d’un étourdissement, d’un égarement, comme s’ils subissaient des effets collatéraux du vin, ce divin breuvage dont l’abus est étourdissant, et semblerait-il déconseillé dans un milieu musulman ?
 

La parade est toute trouvée en parlant donc de gnamankoudji. Passons sur le fait que l’expression « mettre de l’eau dans leur gnamankoudji », jusqu’au 16 février 2022, n’était pas courante, encore moins connue, en Afrique de l’ouest. Malheureusement, nous ne comprenons pas cette promotion déguisée de consommer localement alors que le gnamankoudji coûte cher.
Oui, pour faire le jus de gingembre, il faut au moins du gingembre et du sucre. Or, sur nos marchés et dans nos supermarchés et autres boutiques, c’est l’inflation au calme, sans bruit. Chacun est mis, contre son gré, à l’épreuve du stoïcisme.
Là, mettre de l’eau dans le gnamankoudji, vue sous l’angle du sens propre, prend tout son sens. Plus besoin de la qualité. Il faut juste de la quantité pour pouvoir survivre ; un vrai bourratif pour éviter les douleurs et les crampes d’estomac. La malbouffe est préférable au fait de ne pas avoir de bouffe. Sauf que, là encore, en mettant de l’eau dans son jus de gingembre pour le rendre beaucoup, afin de remplir de nombreux ventre, il faut penser à l’après nourriture. A la digestion : recevoir sa prochaine facture de la SODECI.
Si tu es cardiaque, hypertendu, hypotendu ou que tu ne tardes pas à t’évanouir, il est préférable de regarder le montant de ta facture à proximité d’un centre de santé. Simple précaution pour éviter les effets négatifs de la mise d’eau dans son ganmankoudji.
 
                                                                                                                                                                                          Herman Bléoué

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