« Nous n'avons pas encore atteint les objectifs fixés par l’OMS. Il ne s'agit pas seulement d'allaiter, mais de donner le sein exclusivement pendant les six premiers mois »
Mme YAO Awa présidente de l'Association des Sages Femmes de Cote- d' Ivoire
Mme Yao, quelles sont les principales stratégies de sensibilisation mises en place dans les maternités en Côte d'Ivoire pour promouvoir l’allaitement maternel ?
En matière d’allaitement, il est crucial de promouvoir l’allaitement exclusif, c’est-à-dire de ne donner que du lait maternel à l’enfant de 0 à 6 mois, sans eau, sauf si l’enfant doit prendre des médicaments. Le lait maternel est riche en nutriments essentiels pour l’enfant. Notre rôle est donc de promouvoir ses bienfaits. Les stratégies que nous employons se déclinent comme suit : chaque femme qui se présente pour une consultation, notamment prénatale, bénéficie d’une séance de sensibilisation sur les avantages du lait maternel avant le début de la consultation. En salle d’accouchement, nous encourageons également l’allaitement maternel. Nous avons un programme visant à labelliser les structures comme étant "Amies des Bébés", ce qui signifie qu’une fois la mère admise, elle est accompagnée par des conseillers pour garantir un allaitement exclusif.
En salle d'accouchement, nous mettons l’enfant au sein dès que possible pour faciliter la montée de lait et permettre à l’enfant de bien téter, afin d’éviter des situations où la mère pense que "son sein ne coule pas". Nous utilisons également des supports visuels dans les salles d’accouchement pour promouvoir l’allaitement maternel exclusif. Nous insistons sur le fait que le sein seul suffit pour nourrir l’enfant. De plus, nous intervenons dans les communautés, en sollicitant le soutien du mari et des proches, notamment la belle-mère ou la mère qui accompagne la jeune maman, car il existe une croyance erronée selon laquelle le colostrum (premier lait, de couleur jaunâtre) serait mauvais, alors que c’est tout le contraire.
En matière d’allaitement, il est crucial de promouvoir l’allaitement exclusif, c’est-à-dire de ne donner que du lait maternel à l’enfant de 0 à 6 mois, sans eau, sauf si l’enfant doit prendre des médicaments. Le lait maternel est riche en nutriments essentiels pour l’enfant. Notre rôle est donc de promouvoir ses bienfaits. Les stratégies que nous employons se déclinent comme suit : chaque femme qui se présente pour une consultation, notamment prénatale, bénéficie d’une séance de sensibilisation sur les avantages du lait maternel avant le début de la consultation. En salle d’accouchement, nous encourageons également l’allaitement maternel. Nous avons un programme visant à labelliser les structures comme étant "Amies des Bébés", ce qui signifie qu’une fois la mère admise, elle est accompagnée par des conseillers pour garantir un allaitement exclusif.
En salle d'accouchement, nous mettons l’enfant au sein dès que possible pour faciliter la montée de lait et permettre à l’enfant de bien téter, afin d’éviter des situations où la mère pense que "son sein ne coule pas". Nous utilisons également des supports visuels dans les salles d’accouchement pour promouvoir l’allaitement maternel exclusif. Nous insistons sur le fait que le sein seul suffit pour nourrir l’enfant. De plus, nous intervenons dans les communautés, en sollicitant le soutien du mari et des proches, notamment la belle-mère ou la mère qui accompagne la jeune maman, car il existe une croyance erronée selon laquelle le colostrum (premier lait, de couleur jaunâtre) serait mauvais, alors que c’est tout le contraire.
En matière d’allaitement, il est crucial de promouvoir l’allaitement exclusif, c’est-à-dire de ne donner que du lait maternel à l’enfant de 0 à 6 mois, sans eau, sauf si l’enfant doit prendre des médicaments.
Quelles sont les directives des politiques publiques sanitaires que vous êtes tenues de suivre ?
La principale directive publique concerne le respect du code international de commercialisation des substituts du lait maternel. Ce code interdit toute publicité pour les laits de substitution dans les services de maternité, car certains laboratoires pharmaceutiques sont tentés de faire des dons aux maternités. Il est interdit à toute sage-femme d’être en contact avec un laboratoire ou d’accepter quelque chose de celui-ci. Le port de blouses avec le logo d’un laboratoire, par exemple, peut influencer les mères. La sage-femme devient un modèle pour ces mères, et tout ce qu’elle dit est suivi. Une mère qui voit une affiche ou une blouse avec une marque de lait en milieu hospitalier sera difficile à convaincre de n’utiliser que le lait maternel.
Nous avons distribué ce code et sensibilisons nos collègues à ce sujet. Il existe également des programmes de nutrition qui luttent contre les publicités pour les laits de substitution et encouragent à ne pas les prescrire ni accepter des gadgets publicitaires. Ces laits ne sont plus vendus en boutiques, seulement en pharmacies.
Une autre directive importante est de mettre l’enfant au sein dans l’heure qui suit la naissance, car le lait se prépare pendant la grossesse, et le réflexe de succion active naturellement la production de lait. Dans l’heure qui suit, il est essentiel de placer l’enfant sur le ventre de la mère et de l’amener au sein pour qu’il commence à téter.
Comment l'allaitement maternel est-il perçu par les femmes, et quelles sont les attitudes qu'elles adoptent ?
Les femmes ont besoin de soutien. Par exemple, une mère qui n’a pas été conseillée et qui voit que son lait est jaune pourrait penser qu’il est de mauvaise qualité, alors que ce n’est pas le cas. L’engorgement mammaire est souvent dû à une mauvaise position lors de l’allaitement, ce qui empêche l’enfant de bien téter et laisse le lait stagner dans le sein, provoquant une enflure. Certaines croient qu’il y a "des bêtes" dans le sein, alors qu’il s’agit simplement de lait accumulé. Si vous recueillez ce lait dans une assiette, vous verrez qu’il devient liquide après un moment, ce ne sont pas des "bêtes".
L’enfant doit téter régulièrement, et c’est le réflexe de succion qui stimule la production de lait. Il est important de rappeler aux mères que le lait produit par Dieu est suffisant pour nourrir l’enfant jusqu’à six mois, voire deux ans.
Concernant le fameux refrain des seins qui vont tomber ?
En cas de maladie, quelles sont les recommandations ?
Mme Yao, au niveau de la formation, les professionnels de santé sont-ils suffisamment outillés pour appliquer les bonnes pratiques ?
La formation du personnel de santé est axée sur les directives. Mais c’est sur le terrain, en fonction de leur lieu de service, qu’ils mettent en pratique ce qu’ils ont appris. Les nouvelles directives doivent être régulièrement communiquées, car la santé est un domaine en constante évolution. Grâce à la politique de formation continue, je pense que les soignants sont assez bien formés pour convaincre les mères des bienfaits de l’allaitement maternel. Cependant, le changement des pratiques ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut du temps pour éduquer les mères et les convaincre de ne pas donner d’eau aux nouveau-nés, malgré les pressions familiales.
Comment gérez-vous le cas des mamans qui sont obligées de sevrer leur enfant à cause de l’avis du père ?
Le fameux refrain des seins qui vont s’affaisser n’est pas une excuse valable. Certaines femmes ont allaité plus de deux enfants et leurs seins sont toujours fermes. Ce sont les muscles et la pesanteur qui peuvent affecter la fermeté des seins, indépendamment de l’allaitement. Il est donc injuste de priver l’enfant de son droit au lait maternel. Dès la naissance, l’enfant doit être nourri par le sein, qui est sa source de vie.
En cas de maladie, quelles sont les recommandations ?
Même en cas de maladie, il est important de continuer à allaiter. Donner de l’eau n’est pas nécessaire car le lait maternel en contient déjà. L’eau prend de la place dans l’estomac de l’enfant, ce qui réduit sa capacité à téter et à obtenir les nutriments essentiels. Même dans les cas où des maladies sont transmises par le lait, comme le VIH, il existe des conseils pour permettre à la mère d’allaiter sans risque. Si l’enfant est en soins intensifs, la mère peut tirer son lait pour le lui donner. Ce lait peut être conservé jusqu’à 24 heures à température ambiante, voire congelé.
La nouvelle politique consiste aussi à encourager les femmes à venir en consultation avec leur mari. Si cette approche est adoptée, elle facilitera grandement la pratique de l’allaitement.
Mme Yao, au niveau de la formation, les professionnels de santé sont-ils suffisamment outillés pour appliquer les bonnes pratiques ?
La formation du personnel de santé est axée sur les directives. Mais c’est sur le terrain, en fonction de leur lieu de service, qu’ils mettent en pratique ce qu’ils ont appris. Les nouvelles directives doivent être régulièrement communiquées, car la santé est un domaine en constante évolution. Grâce à la politique de formation continue, je pense que les soignants sont assez bien formés pour convaincre les mères des bienfaits de l’allaitement maternel. Cependant, le changement des pratiques ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut du temps pour éduquer les mères et les convaincre de ne pas donner d’eau aux nouveau-nés, malgré les pressions familiales.
Comment gérez-vous le cas des mamans qui sont obligées de sevrer leur enfant à cause de l’avis du père ?
Certaines femmes invoquent cette raison pour justifier le sevrage précoce, affirmant qu’elles doivent "reprendre leur foyer". La nouvelle politique consiste à encourager les femmes à venir en consultation avec leur mari. Si cette approche est adoptée, elle facilitera grandement la pratique de l’allaitement. Il est épuisant de se réveiller la nuit pour nourrir le bébé, et le soutien du mari est essentiel. Il doit comprendre que le sein est destiné à nourrir l’enfant et que cela est crucial pour sa santé. Un enfant qui n’est pas nourri au sein et qui reçoit du lait de substitution est plus susceptible de souffrir de diarrhées et d’infections. D’un point de vue économique, il est dans l’intérêt du mari à encourager sa femme à allaiter.
Maman et bébé épanouis
Madame la présidente, quel est l'impact réel de l'allaitement maternel sur la santé des bébés, selon vous ?
Nous n'avons pas encore atteint les objectifs fixés. Il ne s'agit pas seulement d'allaiter, mais de donner exclusivement le sein maternel pendant les six premiers mois. C’est la bataille que nous menons sur le terrain. La mise au sein précoce et l’allaitement exclusif jusqu’à six mois sont essentiels pour réduire les infections chez les bébés et la mortalité maternelle.
Nous n'avons pas encore atteint les objectifs fixés. Il ne s'agit pas seulement d'allaiter, mais de donner exclusivement le sein maternel pendant les six premiers mois. C’est la bataille que nous menons sur le terrain. La mise au sein précoce et l’allaitement exclusif jusqu’à six mois sont essentiels pour réduire les infections chez les bébés et la mortalité maternelle.
Je recommande d’intensifier les campagnes de sensibilisation à tous les niveaux. Il est essentiel de continuer à éduquer les mères et les familles sur les avantages de l’allaitement maternel.
Avez-vous rencontré des cas d’enfants hospitalisés à cause d’un allaitement insuffisant ?
Durant ma carrière en pédiatrie, j’ai vu beaucoup d’enfants souffrir de malnutrition. Le problème se pose lorsque les mères décident de donner de l’eau ou d’autres liquides, ce qui remplit l’estomac de l’enfant et réduit sa capacité à recevoir les nutriments nécessaires. Cela entraîne des déficiences nutritionnelles et une vulnérabilité accrue aux infections.
Quelles recommandations pouvez-vous faire pour améliorer l’adoption de l’allaitement maternel en Côte d'Ivoire ?
Je recommande d’intensifier les campagnes de sensibilisation à tous les niveaux. Il est essentiel de continuer à éduquer les mères et les familles sur les avantages de l’allaitement maternel. Les professionnels de santé doivent être soutenus dans leur rôle de promotion de l’allaitement et disposer des ressources nécessaires pour convaincre les mères. Nous devons également continuer à lutter contre les fausses croyances et les pratiques traditionnelles qui nuisent à la santé des enfants. Les politiques publiques doivent être renforcées pour assurer le respect des directives internationales et la promotion d’un allaitement maternel exclusif jusqu’à six mois.