Production de bananes desserts en Côte d’Ivoire : Les travailleurs crient leur misère

Rédigé par Gomon Edmond le Samedi 5 Décembre 2020 à 22:01 | Lu 175 fois


L’application du salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig) et des heures conventionnelles de travail, l’augmentation des primes de logement, l’accès à la nourriture saine, etc. Ce sont les revendications de la Fédération des syndicats des travailleurs de la banane (FESTRABANE).


Le président de la fédération, Kamagaté Siaka, tout en dénonçant les conditions de travail et de vie dans les plantations de bananes desserts en Côte d’Ivoire, a vivement plaidé pour l’amélioration de leurs conditions professionnelles et sociales. Il s’est exprimé le mercredi 14 octobre 2020, à la Bourse du Travail, à Abidjan-Treichville, lors d’une conférence de presse.

Le travail commence chaque jour dès 5h15 avec le départ des cargos jusqu’à 22h avec seulement 30 minutes à 1h de pause. Ce qui fait au total 16h de travail par jour”, s’indigne Kamagaté Siaka qui, tout en dénonçant les conditions difficiles de travail, a révélé que les travailleurs du secteur de la banane désert ne connaissent pas de jours fériés en dehors du 1er mai et le jour de la commémoration de la fête de l’Indépendance de la Côte d’Ivoire, le 7 août. Le calibrage du régime de banane, l’épandage de l’engrais, le soin aux fruits, l’assainissement, etc. sont des activités qui, au dire du syndicaliste, sont non seulement assez éprouvantes mais ne sont pas rémunérées à leur juste valeur. “Ce sont des tâches qui sont extrêmement difficiles. Et le plus scandaleux, c’est que l’épandage des engrais est assuré en général par des femmes”, déplore-t-il. Il va plus loin pour dire qu’un seul jour d’absence entraîne automatiquement la perte de la moitié de la prime d’assiduité comprise entre 6000 et 7000 FCFA. “Et il suffit d’une absence de deux jours pour perdre la totalité de la prime d’assiduité mensuelle et une retenue de 6 à 10 kg de riz sur la ration mensuelle”, se plaint Kamagaté Siaka.

Pour le président de la Festrabane, l’employeur est censé loger les travailleurs sur les sites de production. Mais, compte tenu de l’insuffisance des logements, l’employeur octroie une prime mensuelle de logement, à l’en croire, qui oscille entre 5000 et 10 000 FCFA. Or, les studios les moins chers aux alentours des plantations coûtent environ 20 000 FCFA par mois. Compte tenu de toutes ces difficultés, Kamagaté Siaka plaide pour l’application du Smig qui est de 60 000 FCFA depuis 2014. Au lieu du salaire de 20 250 FCFA qu’ils perçoivent par mois. Ce salaire, a-t-il dit, n'atteint même pas le salaire minimum agricole garanti (Smag) qui est de 37 000 FCFA. De plus, le syndicaliste révèle que beaucoup d’enfants de moins de 15 ans sont utilisés dans les plantations de bananes.
Feignant d’ignorer la situation des travailleurs, le gouvernement se gargarise d’un niveau élevé de production nationale de bananes desserts de près de 450 000 tonnes en 2019. Ce qui place la Côte d'Ivoire dans le peloton de tête des pays producteurs africains, avec un chiffre d'affaires de 145 milliards de FCFA.

Gomon Edmond

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