Rencontre du 14 Juillet entre Bédié, Ouattara et Gbagbo : l’exemple du Burkina pour régler le cas Soro ?

Rédigé par Jean Calvin Koutouan le Jeudi 7 Juillet 2022 à 11:21 | Lu 601 fois


Ouagadougou, la capitale Burkinabè, se prépare à accueillir dans seulement 24 heures, une rencontre historique, sans doute la plus importante de l’ère démocratique dans le pays. Il s’agit d’une table-ronde inhabituelle sur la sécurité nationale qui doit donner le ton d’une large concertation pour doter le Faso des stratégies idoines pour vaincre l’hydre djibadiste. Avec comme invités pour en débattre, des personnalités peu ordinaires dont rien ne présageait d’une rencontre de ce type.

​Les anciens chefs d’états, Jean-Baptiste Ouedraogo, Blaise Compaoré et Rock Marc Kaboré, de l’ancien premier ministre de transition, Yacouba Isaac Zida, tous rassemblés autour de l’actuel homme fort du pays, le Lieutenant-Colonel, Paul-Henri Sandaogo Damiba.








Au-delà de l’enjeu d’unité nationale autour de la lutte contre le terrorisme brandie pour l’organisation de cette rencontre, ce sommet quadripartite offre un modèle révolutionnaire de réconciliation nationale dans les pays Africains où la chasse aux opposants ou aux prédécesseurs, s’est érigée en tradition politique. Enfin, ces différentes personnalités auront l’occasion d’évacuer leurs différends dans l’intérêt supérieur de la nation Burkinabè, bien qu’entre eux, se soient immiscées les armes. Pour rappel, Jean-Baptiste Ouedraogo, ancien président de la Haute-Volta du 7 Novembre 1982 au 4 Août 1984, fut renversé par un putsch du Comité National Révolutionnaire (CNR) mené par le binôme, Thomas Sankara et Blaise Compaoré.
 
Compaoré lui-même se fit évincer en Octobre 2014 suite à une révolte populaire stimulée par le Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP) fondé par son ancien premier ministre, Rock Marc Kaboré. Ce dernier subit également la foudre du syndrome du coup d’état le 24 Janvier 2022, lorsqu’un groupe de soldats, invoquant la lassitude de l’armée et du peuple face aux impérities du régime en place dans la lutte contre l’ogre terroriste, s’empara du pouvoir par la force. Les douleurs sont certes vives…
 
Pour autant, les Burkinabè montrent à travers l’initiative de leur actuel président, de faire asseoir autour d’une table tous ces protagonistes, un exemple édifiant pour le reste de l’Afrique et en particulier pour la Côte d’Ivoire, où plus de 10 ans après l’accession aux affaires d’Alassane Ouattara, la réconciliation semble être une vaine incantation. Outre les poursuites judiciaires pendantes sur les anciens chefs d’états, Laurent Gbagbo, condamné à 20 ans de prison pour crimes économiques et Henri Konan Bédié, menacé d’une procédure pénale pour sa présumée responsabilité dans la crise électorale de 2020, le cas Soro demeure l’illustration parfaite de la gabegie politique dont le pays aurait pu se faire l’économie.
 
Condamné à une double peine de 20 ans de prison et à la perpétuité dans des procès dénoncés par ses conseils juridiques comme tronqués à la base, l’ex chef du parlement Ivoirien, vit depuis Décembre 2019, un exil politico-judiciaire de plus en plus étouffant et nuisible pour l’image de reconstruction post-crise que tente d’arborer le régime Ivoirien. Le 14 Juillet est prévue à Abidjan, une rencontre tripartite entre Alassane Ouattara et ses deux prédécesseurs, tous les trois présentés comme les ténors de la sphère politique Ivoirienne, au-devant de la scène depuis la disparition en 1993, de Félix Houphouët-Boigny.
 
Une issue concrète sur le cas Guillaume Soro serait rassurante pour l’opinion publique Ivoirienne, ce d’autant plus que l’ancien premier ministre et leader de Générations et Peuples Solidaires (GPS) demeure un acteur clé du microcosme politique Ivoirien.
RA

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