Hitler, des prétextes nationalistes et territoriaux pour justifier sa guerre
Les Allemands des Sudètes réclament leur rattachement à l’Allemagne. Du pain béni pour Hitler qui le 15 Mars 1939, fait pénétrer ses armées dans la région de Bohême-Moravie, après l’annexion de la région des Sudètes l’année précédente. Le 1er Septembre 1939, le dirigeant Nazi entre en Pologne.
Son prétexte pour y déclencher son invasion, la récupération du corridor de Dantzig, une région historiquement Prussienne selon Hitler. Dans l’opinion publique, une frange importante de citoyens Allemands plébiscitent l’action belliqueuse du IIIème Reicht, qu’on légitime comme une revanche nécessaire sur l’humiliation infligée à l’Allemagne par le traité de Versailles, au sortir de la première guerre mondiale.
En outre, sur la droite ligne des aspirations religieuses d’une certaine opinion conservatrice, les Nazis persécutent en plus des Juifs, accusés de faire le jeu des alliés contre l’Allemagne, et les Tziganes, les homosexuels. Le projet d’Hitler, renverser l’ordre mondial en s’alliant à deux autres grands frustrés de la grande guerre de 14-18, l’Italie et le Japon, pour imposer une suprématie de l’axe antinomique aux intérêts de l’Occident mené par les USA.
Comme en 1939, Poutine dans les pas d’Hitler
80 ans plus tard, comme un bis repetita de l’histoire, une autre figure hégémoniste émerge cette fois, à l’est en Russie. Une puissance qui faut-t-il le rappeler, s’inscrivit dans le même élan que l’Allemagne Nazie lors de la seconde guerre mondiale, après avoir échoué à s’emparer de la Finlande, et après avoir occupé partiellement la Pologne avec la complicité avérée du IIIème Reicht.
Depuis le 24 Février, l’Ukraine, ex république Soviétique, dont la souveraineté a été acquise au gré des bouleversements géopolitiques de la fin des années 1980, qui consacrèrent l’effondrement du bloc Soviétique et le basculement à un monde unipolaire dominé par la pensée Occidentale, est agressée par la Russie de Vladimir Poutine. Quels sont les motifs invoqués par le dirigeant Russe ? le risque de rapprochement de l’OTAN à ses frontières en cas d’adhésion de l’Ukraine à l’organisation transatlantique ; le prétendu massacre des populations Russophones de l’est de l’Ukraine par le régime de Kiev ou encore, la volonté de dénazification de l’Ukraine.
L’évolution des faits et leur situation dans leur contexte géopolitique, suffisent à discréditer absolument les prétextes avancés par le maître du Kremlin. Jusqu’au 24 Février, la question de l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN ne relevait que de pures spéculations. A ce titre, des concertations régulières avec la Russie étaient engagées dans le but de rassurer Moscou sur la non mise à exécution de ce projet géostratégique.
Cependant, il importe de préciser que cette volonté ostensible de Kiev de se rapprocher de l’OTAN trouvait sa justification parfaite dans l’agression subie par ce pays en 2014, qui annexa sans autre forme de procès la Crimée suite à l’éviction de Viktor Ianoukovitch, président pro-Russe du pouvoir par une révolution historique sur la place Maïdan à Kiev. Toujours en représailles à la chute de son poulain, chassé du pouvoir par le peuple alors qu’il s’apprêtait à rompre l’accord d’association entre l’Ukraine et l’Union Européenne, deux rébellions indépendantistes, de Donetsk et de Lougansk, éclatèrent dans le Donbass avec le soutien affiché de Moscou.
Agressée, sa souveraineté violée, il était donc tout à fait légitime pour l’Ukraine clairement orientée vers l’Ouest depuis son accession à l’indépendance en 1991, de chercher un parapluie sécuritaire à travers une puissance militaire capable de rivaliser avec son agresseur. Par ailleurs, l’acharnement sur l’Ukraine paraît d’autant plus surprenant que la Russie compte déjà des voisins, membres à part entière de l’OTAN, en l’occurrence, la Lituanie, la Lettonie, l’Estonie ou encore la Pologne. Ce prétexte est donc tout simplement fallacieux.
S’agissant de la situation des populations Russophones de l’est de l’Ukraine, si aucunement une tendance à la marginalisation ou à la persécution n’a jamais été rapportée, il paraît tout à fait indélicat pour un pays, soutien de mouvements rebelles indépendantistes sur le territoire d’un voisin, de nier à ce dernier le droit de se défendre militairement pour réaffirmer sa souveraineté territoriale.
Lorsque deux régions déclarent leur indépendance, et que des accords internationaux, ceux de Minsk, prévoient faciliter ce processus par l’organisation de référendums sous la pression militaire, reprocher au gouvernement central de renoncer à sacrifier son intégrité territorial relève de l’incongru. Ce prétendu massacre des Ukrainiens de l’est, il ne s’agit ni plus, ni moins que d’une colère manifestée par Moscou pour contester à Kiev le droit de réprimer les rébellions armées qu’elle alimente sur son territoire. Parlant de l’existence d’un prétendu régime nazi en Ukraine, cet argument donne froid dans le dos de par son caractère grotesque. Car, il convient tout d’abord de questionner les colporteurs de cette thèse à la limite du farfelu sur la quintessence du nazisme. A moins que l’on veuille s’aligner sur la définition que s’y forge le président Russe qui qualifie de nazistes, tous ces groupes paramilitaires Ukrainiens souverainistes dont le plus célèbre est le bataillon Azov, qui luttent pour la préservation de la souveraineté territoriale et identitaire de leur pays.
Similitudes à noter dans les méthodes employées par les deux hommes, Hitler et Poutine, les prétextes territoriaux et identitaires conjointement invoqués pour justifier l’invasion, puis dans le cas de Poutine, l’annexion de l’Ukraine. Après avoir échoué à mettre en place le système s’entrave à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN suite à la débâcle de son armée à Kiev, le dirigeant Russe jette actuellement toutes ses forces dans la bataille du Donbass, pour sceller le morcèlement du territoire Ukrainien après s’être emparé 8 ans en arrière de la Crimée, et s’assurer ainsi le contrôle d’une région au sous-sol fertile en ressources minières.
Comme Hitler, Poutine tente aujourd’hui de renverser l’ordre Occidental, en comptant visiblement sur l’appui géostratégique de la Chine notamment. Comme Hitler, il met en avant le sort de populations de l’est Ukrainien avec lesquelles la Russie partage la culture et la langue, sous prétexte que ces dernières seraient victimes de massacres. Où et quand ? Lui seul le sait. Là encore, à moins qu’il ne fasse référence aux représailles dont ont été l’objet les activistes séparatistes, partisans d’un rattachement à la Russie, donc d’une sécession. Ce qui est pour le moins répréhensible dans tout état qui se respecte et qu’on veut aujourd’hui nier à l’Ukraine.
Mais, comme ce fut le cas pour le leader du IIIème Reicht, la réaction tardive cependant mieux organisée du bloc Occidental, déroule le scénario d’une défaite inéluctable d’une puissance qui ne comprend que le langage de la violence sans égard pour l’impératif de dialogue. Une opération spéciale encore condamnable, n’est pas une guerre d’invasion, à plus forte raison, une annexion. Que veut Poutine au juste ? L’hégémonie démesurée finit par perdre. Même s’il se trouve une certaine opinion Africaine, aux aspirations souverainistes édentées et motivées en réalité par une haine vindicative qu’elle ne pourrait en outre jamais assumer, pour justifier la barbarie dont est aujourd’hui victime l’Ukraine.
Source : Netafrique.net