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Afrique de l’Ouest : La santé humaine menacée par l’utilisation des pesticides dans l’agriculture.

Rédigé par Edithe Valerie Nguekam le Jeudi 22 Février 2024 à 13:14 | Lu 768 fois


L’augmentation de la demande alimentaire en Afrique nécessite une augmentation de la production agricole. Celle-ci s’accompagne d’une augmentation de l’usage de produits phytopharmaceutiques. Cet usage inadapté des pesticides chimiques par des doses, des fréquences de traitement ou des délais inappropriés avant récolte, et qui aujourd’hui ont des effets négatifs sur l’environnement et la santé humaine doit être décrié. C’était l’objectif du webinaire organisé par l' ONG ActionAID le mardi 20 février dernier et qui a rassemblé en ligne plus de 150 acteurs du secteur agricole, journalistes, agriculteurs (trices), partenaires et autres Ong militants pour l’agro écologie.


L’Agriculture en Afrique de l’ouest partage le même sort. Historiquement dominée par un grand nombre de petits agriculteurs, les femmes y produisent plus de 70 % de la nourriture (plantation,). Ces petites agricultrices y  jouent un rôle important. L’objectif du webinaire de mardi dernier était de présenter aux médias l’agro écologie comme solutions basée sur la nature pour une agriculture durable et  saine en Afrique de l’ouest. L’agriculture est la principale source d’alimentation, de revenu et d’emploi pour les populations rurales en Afrique et elle joue un rôle clé pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle, le développement économique et la santé. Malheureusement, beaucoup d’agriculteurs en Afrique dépendent encore de pesticides chimiques dans leurs activités agricoles, principalement basées sur des méthodes agricoles conventionnelles. Les pesticides constituent un outil central utilisé pour lutter contre les insectes, les mauvaises herbes et les maladies. Grâce à leur utilisation, les agriculteurs cherchent à augmenter leur productivité en minimisant les pertes de récoltes. Malgré ces avantages, les pesticides ont de nombreux impacts humains et environnementaux néfastes, notamment sur la biodiversité, la santé de l’eau et la dégradation des  sols.

Importation de pesticides en augmentation
 
Au cours des cinq dernières années, les importations de pesticides en Afrique ont considérablement augmenté. En Afrique de l'Ouest, les importations ont presque doublé en cinq ans, passant de 218 948 tonnes en 2015 à 437 930 tonnes en 2020.   Les seules importations du Nigeria (147 446 tonnes)  en 2020 ont dépassé les importations totales de l’Afrique australe (87 403 tonnes) et de l’Afrique du Nord (109 561 tonnes). IKenna Donald Ofoegbu Project Coordinator à Heinrich Boell Foundation au Nigéria lors de sa présentation pendant ce webinaire a relevé que les défis de l’agriculture en Afrique de l’ouest sont importants. Les catastrophes naturels, les guerres et autres conflits la démographie croissante et surtout l’utilisation élevée des pesticides ne militent pas en la faveur de l’amélioration de la sécurité alimentaire en Afrique. « En Afrique de l’Ouest, nous sommes menacés par la sécheresse, les inondations, la chaleur, la perte des ressources naturels, une démographie croissante avec moins de nourriture, les conflits inter communautaires, les femmes qui n’ont pas accès aux terres, l’utilisation élevé  des pesticides qui détruisent le sol,  tous ceci, ne militent pas en faveur d’une sécurité alimentaire effective. »
Il rappelle que les pesticides sont des poisons. La croissance de la production agricole au cours des cinq dernières décennies doit beaucoup à l’utilisation intensive de pesticides et d’engrais chimiques. Les états devraient aider les agriculteurs en  diminuant l’importation des pesticides. Ces derniers étant la plupart du temps bannis en occident et qui sont responsables d’intoxications aigués, de pathologies chroniques, du décès de l’agriculteur et voire du consommateur.

Véritable catastrophe sanitaire au ralenti
 
Dans la salade du marché, le champ du paysan ou encore sur les doigts des enfants... En Afrique de l’ouest,  les pesticides sont partout, ou presque. Nous relève un reportage de TV5 monde. Présents depuis la colonisation, l’utilisation utilisation, des pesticides est  difficilement  quantifiable à cause d'un marché illicite, qui augmente rapidement depuis plusieurs années. La mort est désormais dans nos plats. Une situation qui alarme chercheurs et médecins

Selon l’ONU, plus de 200 000 personnes meurent chaque année dans les pays en développement suite à une intoxication dû aux pesticides. Cependant, ce chiffre est probablement sous-estimé car la grande majorité des cas d’intoxication aux pesticides n’est pas rapportée. Les petits agriculteurs restent les principales victimes d’autant plus que la majorité d’entre eux ne disposent pas d’équipement de protection nécessaire à pour manipuler et pulvériser le produit.

Sur le terrain, le plus grand nombres de décès ce retrouvent dans les pays en voie de développement. Le fardeau des effets négatifs des pesticides est ressenti par les pauvres et les communautés vulnérables dans les pays qui  sont moins strictes  dans le mécanisme d’application. Selon l'OMS encore, environ 1 à 5 millions de cas d’intoxications aux pesticides surviennent chaque année chez les travailleurs agricoles et entraînent 20 000 décès. Les rapports d'auto-évaluation de l'OMS montrent qu'un certain nombre d’États dont le Burundi, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Kenya, Le Nigeria, l'Ouganda et la Zambie ont signalé des incidents d'empoisonnement par pesticides ces 10 dernières années.
 

Pesticides cancérigènes
 
De nombreux pesticides utilisés en agriculture ne restent pas sur la culture cible, mais, pénètrent également dans l'environnement ou notre corps, que ce soit par exposition directe lors de l'application ou indirectement par la nourriture. Alors que les agriculteurs et les populations locales sont exposés le plus fréquemment et directement aux pesticides, les résidus se retrouvent également partout dans notre alimentation, notre eau potable, puisqu’elle infiltre la nappe créatique, sous la pluie, et même  dans l’air. C’est l’environnement qui prend ainsi un sérieux coup. Les  données sur la causalité des décès et des cas liés aux pesticides ne sont pas systématiquement capturées par les gouvernements en Afrique. Selon l’Environmental Protection Agency des États-Unis (EPA), 60% d'herbicides, 90% de fongicides et 30% d'insecticides sont connus pour être cancérigènes.  
 
Dans la présentation du Project Coordinator Donald Ofoegbu, il ressort également que selon un rapport conjoint de l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et le PNUE, environ 30 % des pesticides commercialisés dans les pays en développement ne se conforment pas aux normes internationales, contiennent des principes actifs dépassant les seuils toxiques, et n’excluent pas d’autres substances toxiques. Les cancers les plus courants dans la région de l’Afrique de l’Ouest  qui peuvent être les conséquences de ces substances sont les cancers du col de l'utérus, du  sein, du  foie de la  prostate ainsi que le sarcome de Kaposi et le lymphome non hodgkinien. Au Nigéria, ces cancers sont  responsables de plus de  72 000 décès chaque année, avec un taux  estimé à 102 000 de nouveaux cas de cancer chaque année.

Selon le Breast Cancer Prevention Partners (BCPP), une organisation américaine axée sur le cancer, l’organisation et l'Alliance pour l'action contre les pesticides au Nigeria (AAPN), l'exposition à pesticides et herbicides contenant des ingrédients actifs comme le DDT, le glyphosate, le chlorpyrifos, l'atrazine, Dieldrine et aldrine, diméthoate, endosulfan, tétraméthrine, diuron, acéphate, cyperméthrine, Dichlorvos (DDVP), etc., en particulier pendant les périodes critiques du développement mammaire prénatal et pendant la petite enfance, est associée à un risque accru de développer des cancer du sein. Le glyphosate qui a été interdit dans presque tous les pays européens et en Amérique du Nord.
 

L’engrais vert  sur le marché… mais, besoin de soutien pour le faire évoluer.
 
L’agroécologie paysanne arrive aujourd’hui comme une solution à ces maux pour une agriculture durable. Elle présente de nombreuses alternatives aux intrants de synthèse comme du composte, bien plus adaptées aux réalités locales, qui respectent la santé humaine, animale, et la santé du sol.  En plus de sortir les agriculteurs d’une relation de dépendance aux pesticides chimiques et aux industriels de l'agrochimie, elle répond à l’objectif d’augmentation des productions grâce à la diversification des cultures, usage de semences résilientes, et la préservation de la biodiversité.
 
Plus de 2000 agriculteurs d'Afrique de l'Ouest et du Sahel les ont adoptés pour des besoins sains et production respectueuse de l'environnement. 41 alternatives aux pesticides chimiques ont été popularisées et promues en Afrique de l'Ouest et au Sahel, dans le cadre du projet régional sur l'Élimination des pesticides obsolètes, y compris les polluants organiques persistants et le renforcement de la gestion des pesticides coordonnée par la FAO avec le soutien financier du Fonds pour l'environnement mondial (FEM). Au Mali, au Sénégal et au Burkina Faso, les tests sur le  piment, les aubergines amères, la tomate et  autres choux ont montré que les biopesticides étaient capable de réduire le niveau de maladie des de ces légumes  et les rendements des produits sains obtenus étaient acceptables.

Plusieurs femmes, Ong et coopératives présentent à ce webinaire ont partagé avec le public leurs stories success sur l’expérience faite avec les bio pesticides  en ce qui concerne l’agriculture régénérative. Beaucoup se sont dites satisfaites des résultats, qui, n’ont seulement avait vu leur récolte s’améliorer, mais, les insectes et autres agresseurs des champs, avaient tout simplement déménagés de leur parcelle. «  J’ai aimé ma formation, avec l’Action AID. Avant, les insectes venaient dévorer mes semences, grâce au programme mis en place par  Action AId,  à travers ses formateurs nous ont appris à faire  du compost naturel,  avec des techniques naturels que j’enseigne désormais aux autres femmes, ma récolte a triplé. Je suis passée de 4 sacs de mais, à près de 30 sacs. » A déclaré Grâce depuis la Sierra Léone.

Responsabilité de l’Industrie agrochimique
 
L’industrie agrochimique nie les dangers liés à certains pesticides ainsi que l'ampleur de leurs impacts sur la santé humaine,  rejetant la responsabilité sur les agriculteurs qui selon eux, ne savent pas utiliser ces pesticides. Il adopte des tactiques de marketing contraires à l'éthique et dépense d'énormes sommes d'argent pour influencer les décideurs politiques et contester les preuves scientifiques. C’est l’occasion de rappeler ici, qu’une partie des pesticides vendus en l’Afrique par l’Europe est interdite sur le vieux continent en raison des risques qu’ils représentent pour la santé humaine et la biodiversité. 

L’ONG ACTION AID qui agit dans plusieurs pays à travers le monde conscient de cette catastrophe sanitaire sur le terrain en Afrique de l’ouest,  a choisi d’impliquer les médias dans cette communication en améliorant à travers des webinaires leurs connaissances sur la justice climatique et l’agriculture, sur l’agroécologie et l’agriculture régénérative. Ces médias pourront être ainsi des meilleurs relais. Ils pourront contribuer grâce à des reportages accrus et à la promotion de l'agroécologie, à promouvoir l'intégration de l'agroécologie dans les services de vulgarisation gouvernementaux aux niveaux local, national et régional, promouvoir des mesures d'adaptation et de transition équitables qui profitent en  premières lignes aux  communautés.
 
Edithe Valerie Nguekam
 





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