" Tu as peut-être la propriété scientifique du festival Yaye; malheureusement tu n'as pas les moyens techniques et financiers de mettre cette idée véritablement en pratique. Il faut approcher tes aînés pour solliciter leur appui et fédérer cette grande œuvre. Mais nous ne voulons plus voir des festivals de la même texture à Dabou", voilà en substance ce que le ministre René Djedjmel Diby, président du collectif des chefs traditionnels du Léboutou a craché à Méless Latt Sébastien, initiateur et commissaire général du Yaye. Cette 5 ème édition du 26 au 30 juillet, qui devait consacrer la maturité de ce festival Yaye, bien adopté par les populations lors de sa première apparition en 2017, a été plutôt une randonnée terne et sans saveur. Les organisateurs, presque tous absents sur l'espace dédié, cautionnaient des activités sporadiques, sans lien véritable. De sorte que le festival n'a pas véritablement accroché, mis à part les stands ou autres maquis où l'alcool a coulé à flot. " Cette 5 ème édition a été celle de la promotion de l'alcool. C'est dommage pour nos enfants !", s'est indigné un parent, amer. En tout cas au cours de cette cérémonie de clôture, les violons se sont accordés entre la chefferie, le conseil régional dirigé par Sess Daniel et l'ensemble des cadres pour faire fusionner les deux festivals culturels en un.
Mais comment est né le bicéphalisme qui phagocyte ensuite le Yaye ? C'est qu'après les deux premières éditions de ce festival en 2017 et 2018 qui ont véritablement drainé plus 80 mille festivaliers et touristes, éclate une crise sans précédent entre les organisateurs. Le jeune initiateur Méless Latt Sébastien accuse le ministre de la promotion de l'investissement privé d'alors, Essis Emmanuel, le véritable porteur de fardeau de cette activité, de lui ravir sa trouvaille à des fins personnelles. Toutes les tentatives de médiation et d'explication des réelles motivations de ce festival faites par le ministre Essis Emmanuel et son entourage, butent sur l'intransigeance de Méless Latt Sébastien qui s'arc-boute à son " bébé" (Yaye). L'affaire arrive au tribunal. C'est le divorce total ! Latt Sébastien et son équipe conservent la propriété du Yaye. De leur côté, le ministre fait créer un autre festival taillé dans le même genre que le Yaye, mais baptisé " Lodjoukrou festival". Alors que le professionnalisme affiché par les organisateurs fait grandir le Lodjoukrou festival en terme de maturité et de popularité, au contraire le festival Yaye, du fait des sempiternelles querelles inutiles et intestines, s'effrite et sombre progressivement dans l'abîme. Cette dernière édition était véritablement tirée par les cheveux. De peur que l'un ne tue l'autre ou que les deux festivals ne meurent, les chefs traditionnels et certains cadres estiment que le seul salut, c'est d'aller à l'union. Aussi invitent ils Méless Latt Sébastien à " demander humblement pardon à son aîné le ministre Essis Emmanuel afin qu'il accepte de fusionner le Yaye et le Lodjoukrou festival", propose René Diby. Méless Latt Sébastien et son groupe vont ils accepter de plier le genou en signe de pardon devant le ministre Essis Emmanuel ? Le ministre Essis Emmanuel va t il accepter la main tendue à celui qui l'a vilipendé et traîné devant les tribunaux pour un festival qu'il avait pourtant porté à bout de bras et englouti plusieurs millions de F? En cas de fusion, quel nom portera désormais le festival ? Yaye? Lodjoukrou ? Ce sont autant d'interrogations auxquelles le chef René Djedjmel Diby et ses collègues chefs devront réfléchir. Norbert Nkaka