En effet, pour qui a été attentif à la crise pré et post-électorale en Côte d'Ivoire, certes les dérapages et autres pertes en vies humaines ont été nombreuses et sont venus de tous les côtés, mais il était hasardeux voire impossible de démontrer que le vaincu en l'occurrence M. Laurent Gbagbo avait concocté un plan d'extermination des partisans de M. Alassane Ouattara et par ricochet ceux de M. Henri Konan Bédié.
M. Laurent Gbagbo, de ses années opposant à ses années Président de la République, a tout été sauf un chef de guerre. Aussi ne pouvait-il que retrouver la terre de ses ancêtres, libre, innocenté et blanchi.
Disons alors avec fair-play, sans préjuger des préjudices causés à M. Laurent Gbagbo et à ses familles biologique et politique que « tout est bien qui finit bien ».
Alors, le plus important n'est-il pas la liberté de mouvements et de paroles ? Le plus important n'est-il pas dans les nouveaux pas à poser, au sens propre comme au sens figuré ? Le plus important n'est-il pas dans les nouveaux mots à prononcer ?
Le plus important n'est-il pas le patrimoine commun qu'est la Côte d'Ivoire au-delà des destins individuels ?
Ce retour, si tant est qu'il était souhaité par tous ceux et toutes celles qui réclament la cohésion sociale, devrait plutôt rassurer, stabiliser, promettre. Or elle semble effrayer, compromettre. M. Laurent Gbagbo n'avait-il pas déjà confié aux journalistes mobilisés pour l'accompagner, comme prélude, depuis les hautes altitudes dans l'avion, cette phrase oh combien confligène : « c'est moi qui ai gagné les élections de 2010 » ?
Oui le 17 juin 2021, le feuilleton a commencé par une scène apocalyptique. Ce qui devrait consacrer des moments de grande joie et de gaies retrouvailles, un moment historique inoubliable, s'est évanoui comme une illusion dans un innommable et mémorable désordre.
Les acteurs principaux n'étaient-ils pas à la hauteur ou alors se sont-ils surestimés ou les a-t-on surestimés ? Le scénariste lui-même maîtrisait-il son sujet ?
C'est avec des clameurs, des réprobations et des murmures que les Ivoiriens et les autres ont bouclé cette journée du 17.
A l'évidence, ce premier pas sur le sol ivoirien manquait d'assurance et était de mauvais présage.
Le deuxième pas posé fut celui du dimanche qui a suivi ce vaudeville. Ce jour-là, contre toute attente et non contre tout bon sens, on retrouve M. Laurent Gbagbo à la Cathédrale Saint-Paul du Plateau, passant brutalement des évangéliques aux catholiques. Là encore, clameurs, réprobations et murmures.
Et vint comme troisième pas le fameux communiqué de presse du conseil de M. Laurent Gbagbo, annonçant la saisine de la justice Ivoirienne pour l'entame de la procédure de divorce d'avec dame Simone Ehivet. Quel pas d'éléphant, quels sabots et quelle élégance !
Là encore, clameurs, réprobations et murmures.
Le quatrième pas nous est venu de Mama le village natal où « la petite femme » a été présentée aux parents comme celle grâce à qui leur fils est de retour sain et sauf.
Là encore, clameurs, réprobations et murmures.
En partance pour la RDC, le cinquième pas est posé à travers le refus du pavillon présidentiel et le fauteuil personnel transporté depuis le domicile. Quelle paranoïa !
Là encore, clameurs, réprobations et murmures.
Le sixième pas et certainement pas le dernier, nous est venu de Daoukro où M. Laurent Gbagbo en délicatesse avec les textes du Parti dont il a participé à la fondation, affirme sans ciller devant la presse nationale et internationale que « le seul problème que nous avons, est d'écrire des textes que nous froissons et mettons à la poubelle ». Quelle lucidité !
Là encore, clameurs, réprobations et murmures.
Quels autres épisodes et pas nous réservent les jours et semaines à venir, quand on sait que le véritable problème qui attend M. Laurent Gbagbo est celui de la crise interne au Front Populaire Ivoirien. Ce gros problème dans lequel il est impliqué, demeure entier, intacte. Il ne peut l'éviter continuellement. Il faudra bien affronter M. Affi N'guessan Pascal Président en plein exercice de ce Parti, à l’instar de Mme Simone Ehivet, pour un bon divorce ou un mauvais arrangement à l'amiable.
M. Laurent Gbagbo semble apparaître à chaque pas qu'il pose, de moins en moins rassurant et de plus en plus vacillant. Est-ce le crépuscule de la « bête politique » ou simplement la fin d'un mythe ?
Verra qui vivra !
Gnêrèwolloh