Aussi pertinente puisse-t-elle paraître, cette initiative n’est pas sans rappeler l’époque des coopérants. Jusqu’au début des années 1980, des experts Français de l’éducation, exerçaient en Côte d’ivoire pour aider à la formation des élèves et des cadres, bien sûr, selon le modèle éducatif Français, hérité de la colonisation et intégré dans le paradigme de développement de la Côte d’ivoire.
En se proposant de former à nouveau les enseignants Africains, l’état Français fait le constat d’un échec : celui de ses ex colonies à valoriser l’héritage scientifique qui leur a été légué. Pour l'Afrique, le CDP devrait sans doute faire l’effet d’un double échec. Celui du sentiment de régression et du complexe de l’impuissance face à l’assimilation.
En 60 ans d’indépendance, les états francophones d’Afrique, n’ont pas été capables, d’après le constat qui suscite la création du CDP, de déployer des systèmes éducatifs à même de stimuler la compétitivité de leurs cadres au plan international.
Si la France ramène ses ex colonies à l’école, c’est tout simplement au regard de la baisse générale du niveau scolaire dans les différents pays. Par ailleurs, les états bénéficiaires du programme sont amenés à confronter la réalité implacable selon laquelle, il leur faut se conditionner pour mieux entrer dans le moule intellectuel dessiné par le colonisateur.
L’Afrique moderne est le fruit de son passé colonial. Elle a accepté de se laisser phagocyter par le modèle universel imposé par l'Occident, et elle doit absolument jouer pleinement le jeu du conformisme. C’est pourtant dans cette ère de recolonisation mentale, mais nécessaire au vu du contexte imprescriptible des relations internationales, que les laudateurs du panafricanisme, généralement issus de l’élite intellectuelle, donc des purs produits du système éducatif Occidental, dont la valeur intrinsèque ne se jauge qu’à l'aune de leurs connaissances acquises dans les universités occidentales, répandent l’idéal de la souveraineté.
Une souveraineté dans laquelle ils ne trouvent visiblement d’autre parade que de s’identifier aux standards établis par l’Occident, et où les générations avenantes évolueraient sous une bannière colonialiste de par leur rapport au reste du monde. L'Afrique chante la liberté, sans la connaître.
À un certain moment, il faudra si les revendications souverainistes continuent, faire le choix du détachement total à tous les niveaux : politique, économique, et surtout culturel.