Rencontre Gbagbo et Bédié : Les enjeux des choix stratégiques de Gbagbo pour retourner contre Ouattara le schéma de 2010
L’ex chef d’état Ivoirien, Laurent Gbagbo s’est rendu ce Mercredi 06 Octobre, chez le président du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), Henri Konan Bédié, dans sa résidence Abidjanaise de Cocody, et ce moins d’une semaine après son retour d’Europe où il séjournait depuis le 12 Septembre. Face à la presse, le fondateur du Front Populaire Ivoirien (FPI) a déclaré être venu présenter ses condoléances au à son aîné, lui aussi, ancien chef d’état, frappé par une série de deuils au sein de sa formation politique ces dernières semaines.
Les deux anciens chefs d’état se rapprochent et resserrent leurs liens, tout ceci, au grand dam de l’actuel dirigeant Ivoirien, Alassane Ouattara, pour qui l’espoir d’une reconstruction de l’alliance Houphouétiste, vainqueur de la présidentielle de 2010 selon la communauté internationale, s’éloigne.
Sous le regard impuissant de l’actuel chef d’état, se mettent en place les pièces du puzzle, devant construire à terme le schéma fatidique d’une alliance non idéologique, destinée à l’éjecter du pouvoir. De 2005 à 2010, Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié se sont rapprochés sous la bannière de l’Houphouétisme, au sein de la coalition du Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP).
L’union sacrée consentie autour de l’objectif du départ du chef d’état d’alors, Laurent Gbagbo, a fini par être récompensée au terme d’une crise postélectorale sanglante, ayant causé la mort de plusieurs milliers de personnes entre Novembre 2010 et Avril 2011. 10 ans plus tard, le grand bénéficiaire de l’alliance Houphouétiste se retrouve dans la posture de celui contre qui se cristallisent tous les antagonismes.
Tirant les leçons de son échec de 2010, Laurent Gbagbo utilise contre son successeur, la même stratégie dont ce dernier se servit pour l’évincer du pouvoir. 4 ans avant le scrutin présidentiel de 2025, censé marquer pour le camp Ouattara, la fin du 1er mandat de la 3ème République de l’actuel chef d’état, Laurent Gbagbo affiche sa proximité d’avec son aîné Henri Konan Bédié, et se montre plutôt solidaire du sort de son ancien premier ministre, Guillaume Soro, qui l’a pourtant combattu à la tête d’une rébellion armée pendant près de 8 ans.
La logique dans laquelle s’inscrit l’icône de la Gauche Ivoirienne, semble assez aisé à décrypter. Il devrait s’agir pour lui, tout simplement, d’affaiblir son adversaire au pouvoir, en s’alliant aux mêmes personnages, dont l’un grâce à la force de son électorat, et l’autre par l’argument des armes, ont été déterminants dans l’accession aux affaires d’Alassane Ouattara.
Le nouveau parti qu’il s’apprête à créer dans les prochains jours, plus qu’un instrument de pérennisation de son idéologie politique, devrait lui servir de machine de reconquête du pouvoir.
Pour parvenir à ses fins, Laurent Gbagbo semble être déterminé à tisser les alliances stratégiques qu’il faut. Un exercice qu’il est en passe de réussir en coupant l’herbe sous les pieds de son tombeur de 2010.
R.A