Le ministre-chef du village de Lopou René Djedjmel Diby
La situation est très délétère à Lopou, une jeune sous préfecture d'environs 30 mille âmes située à 16 km du chef lieu du département de Dabou. Des crises épisodiques secouent ce village dirigé par l'ex ministre des sports sous Houphouët Boigny, René Djedjmel Diby depuis environ 20 ans. Le ministre- chef du village est par ailleurs le président du collectif des chefs du Léboutou et responsable régional de la chambre des rois et chefs traditionnels de Côte d'Ivoire. On aurait pu dire que le ministre René Diby à qui l'on attribue la première victoire des Éléphants footballeurs, est une véritable chance pour ce beau village constellé de cadres de haut niveau et aux potentialités agricoles immenses. Mais ce n'est point le cas. Bien malheureusement. Que d'intrigues! Guerre contre les villages voisins de Yassap (2010) et le village de Youhoulil au mois de mars dernier, palabre autour du château, privant ainsi le village en eau potable, pour ne citer que ces quelques crises. Cette fois, c'est une crise foncière qui risque d'emporter le ministre René Diby et toute la chefferie dont une frange de la population a déjà annoncé la destitution. Qu'en est il exactement ? Selon le président des jeunes de Lopou, Lattro Lath Pacôme Ariel, le ministre René Diby serait impliqué dans la signature d'un accord avec une société agro industrielle portant sur une parcelle de 142 ha. " C'est une affaire de 142 ha de plantation d'hévéa appartenant à une entreprise. Notre village est en effet encerclé par les plants d'hévéa. Pourtant nous ne disposons plus de terrains pour construire. Nous n'avons pas de marché moderne, pas de terrain de sport, pas de cimetière digne pour inhumer nos morts, encore moins une gare routière. Moi qui vous parle n'ai pas de terrain pour construire une maison et c'est le cas chez presque tous les jeunes. Nous voulons donc utiliser cet espace pour l'extension de Lopou et être en phase avec le développement qui avance avec la nouvelle autoroute qui fait de Dabou, une cité faisant partie du Grand Abidjan. Malheureusement nous apprenons que le ministre- chef a cédé cet espace que l'entreprise s'apprête à exploiter pour en faire une nouvelle plantation d'hévéa au détriment des villageois. Nous disons non! Nous sommes fermels ! Pour cela, René Diby et toute la chefferie doit partir. Pendant 20 ans de règne, il ne nous a rien apportés. Depuis le lundi 5 juin, nous ne le reconnaissons plus comme notre chef", a déclaré le président des jeunes entouré de certains patriarches du village parmi lesquels Akpa Ambroise et Akmel Antoine. Ceux -ci confirment le " putsch" contre René Diby. " Dans les très prochains jours, nous allons installer un collectif de patriarches qui sera chargé d'évacuer les affaires courantes devant aboutir à l'élection d'un nouveau chef", soutient fermement le président des jeunes Lattro Lath Pacôme Ariel. Joint au téléphone le jeudi 1 er juin à 21 h, dans le cadre de cette crise, le ministre René Diby qui a précipitamment quitté le village de Lopou aux premières heures des échauffourées, le lundi 29 mai, pour Abidjan, nous a dit ceci. " Je ne suis pas mêlé à une quelconque signature de contrat. J'ai le minimum pour vivre et je ne trempe pas dans la magouille. Je me bats pour le bien de mon village. Effectivement je constate que le village qui a réellement besoin d'une extension se trouve encerclé par les plantations et ce n'est pas bien. Je suis en train de négocier pour que cet espace de 142 ha revienne au village. Mais il se trouve des individus malveillants qui manipulent des jeunes pour me salir. Ils n'ont rien pu faire lorsqu'ils étaient en fonction. Et c'est maintenant qu'ils veulent se servir des biens du village pour rebondir. C'est bien dommage !", a vivement réagi le ministre René Diby. Notons que le mardi 30 mai, un groupe de 300 femmes, bariolées de kaolin, ont assiégé les locaux de la sous préfecture à l'effet de protester à propos de cet espace de 142 ha. Le sous préfet Dagui Mabéa Touatohou qui les a reçues, s'est montré à la fois ferme mais rassurant. " Si vous estimez que vous êtes lésés, saisissez les juridictions. Mais laissez le chef René Diby tranquille. Il n'a rien fait", a t il tranché. Mais pour cette frange de la population, la page du ministre René Diby est déjà tournée. Une affaire à rebondissement à suivre.