Clément Yao, journaliste ivoirien et vice-président de l’Union de la presse francophone(UPF), modérateur de l’évènement, a planté le décor, ajoutant : « On n’oublie très vite cette histoire ivoirienne. Quand j’ai lu le livre, ça m’a permis de me remémorer cette période de la vie politique de la Côte d’Ivoire ». Après une présentation brève du parcours de l’auteure, M. Yao a ouvert le ban des questions : « Pourquoi ce livre ? Pourquoi maintenant ? Hanny Tchelley ? » Avant tout, merci à vous tous, représentants des médias et photographe, merci à mon éditeur, Lionel Bonnet promoteur des éditions de l’Onde.
C’est beaucoup d’honneur, de bienveillance à mon endroit. Pourquoi maintenant ? Me demandez-vous, Clément Yao, je dois avouer que je n’étais pas partie pour écrire un livre. J’ai été prostrée pendant les mois avant de décider d’écrire. Puis, je me suis dis qu’il fallait que je mette sur papier une douleur, quelque chose qui me ronge, qui me tenaille », a-t-elle lancé d’emblée avant de préciser : «C’est l’écriture et ma foi qui m’ont permis de tenir.
Le déclic est venu en 2019. Mon frère qui est médecin en France, me dit un jour, toi tu écris tout le temps. Tu devrais écrire sur la crise ivoirienne. Je lui réponds que je ne suis pas une femme politique. Je ne me sens pas capable d’écrire sur ce sujet.
Puis le 29 décembre 2015, maman avec qui j’étais très proche, meurt. J’étais au plus bas. Alors, suivant la discussion d’avec mon frère, j’ai essayé de classer les notes que j’avais écrites, les organiser pour en
faire un projet ». La suite, on la connaît.
Le livre « Et si c’était à refaire ? Confidences sur un parcours de vie », commis par Hanny Tchelley, en novembre 2022, est tout sauf un ouvrage quelconque de plus. « Ce livre n’est pas une fiction. Il est le fruit de mon vécu de 10 ans d’exil.
Une sorte de journal intime qui raconte mon quotidien, mes pensées, mes attentes, mes espoirs, mes peines, mes douleurs, mais également mes joies, mes petits bonheurs ainsi que mon cheminement spirituel », indique Hanny Tchelley, poursuivant : « C’est un partage, une rencontre, un échange que je vous propose.
J’espère que vous passerez un bon moment en lisant mon témoignage ». Dès la préface superbement exécutée par Cheikh Oumar Cissoko, cinéaste malien, homme politique et ancien ministre de la Culture du pays d’Aminata Traoré, la question de l’engagement politique de l’auteure est clairement posée. «Hanny Tchelley nous parle de cette période sombre pour toute l’Afrique, et du combat de tant d’Ivoiriens, refusant le diktat des puissances.
Elle illustre de belle manière, dans des séquences judicieusement fixées dans le temps et l’espace, le côté historique du récit. Celles-ci révèlent le sens de la lutte de Hanny Tchelley, dont l’engagement prend racine dans son attachement à la vision du Président Gbagbo et de son épouse Simone, ils sont sa référence », note le préfacier.
« 11 ans d’exil, de déchirement et l’espoir au bout du tunnel » Hanny Tchelley raconte sur 290 pages un pan capital de l’histoire de la Côte d’Ivoire, depuis la crise post-électorale de 2011, qui a contraint à l’exil depuis mars 2011, nombre d’Ivoiriens acquis à la cause du Président Laurent Gbagbo, dont l’auteure et sa famille, jusqu’au retour au pays natal le 30 juillet 2022, à la faveur d’un alignement extraordinaire des astres.
Elle nous fait vivre de l’intérieur les coulisses et la réalité du pouvoir politique ivoirien d’alors, dans les heures les plus sombres de l’histoire de ce pays d’Afrique de l’Ouest, un demi-siècle après son accession à la souveraineté territoriale, le 7 aout 1960. Tout ou presque y passe, l’hypocrisie du pouvoir, qu’illustre souvent le non respect la parole donnée ou des promesses.
« Aucun homme (aucune femme) politique ne vaut qu’on se sacrifie pour lui », aimait d’ailleurs à lui rappeler Oman, la mère d’Hanny Tchelley, concernant le soutien indéfectible qu’elle apportait au couple Gbagbo. « J’ai connu Simone et Laurent Gbagbo lors d’une campagne d’évangélisation. J’étais déjà populaire, avec ma boîte de production, des émissions que je présentais à la télé… Notre amitié s’est consolidée au fil des ans. Mais j’ai fini par comprendre que chez les acteurs politiques, les seules relations qui vaillent sont celles basées sur des intérêts », a confié Hanny Tchelley lors de la conférence de presse de ce jeudi, 12 janvier,à Paris. Oman avait une autre phrase qui revenait souvent lors des conversations avec sa fille. « On ne sait jamais l’avenir ». Là encore, elle avait tellement raison, la maman, sa fille s’en apercevra que bien plus tard. « Tout s’est dessiné, décidé, organisé assez rapidement, dès le 7 juin dernier, après ma rencontre à Paris avec le ministre de la réconciliation nationale, M. Kouadio Konan Bertin(KKB). C’est lui l’artisan que Dieu a suscité et que je ne remercierais jamais assez ». Elargissant sa gratitude à tous ceux qui l’ont aidé de quelque manière que ce soit à vivre au mieux cette longue traversée du désert, Hanny Tchelley, s’estime prête à reprendre son envol. « Je peux enfin prendre un nouveau départ. Un autre horizon se dessine. Je veux le saisir et ne plus revenir en arrière, mais avancer, me rétablir, me rebâtir, me reconstruire, me réédifier…dans tous les domaines… ».
Les confidences de Hanny Tchelley dans « Et si c’était à refaire ? », sont livrées comme un synopsis d’un long métrage, jour après jour, semaine après semaine, année après année, avec force et détails des évènements qui ont marqué cette période trouble de la Côte d’Ivoire et dont les séquelles sont encore palpables aujourd’hui.
Comme un véritable devoir de mémoire. Et rien que pour cela, je conseille vivement la lecture de ces confidences comme une pièce à archiver dans la conscience collective bien au-delà du pays des Eléphants.
Par Jean-Célestin EDJANGUE à Paris
Un article du quotidien Le Messager
*Hanny Tchelley, « Et si c’était à refaire ? Confidences sur un parcours de vie », Editions de l’Odon, 290 pages, 17 euros.