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Exclusif - Geneviève Goëtzinger, ex DG de RFI : Affi N'Guessan sera le moment venu une chance pour son pays

Rédigé par Abidjan4all le Vendredi 16 Avril 2021 à 14:00 | Lu 1514 fois


Pour la première fois depuis son apparition dans le débat politique Ivoirien, en tant que communicante politique du président du Front Populaire Ivoirien (FPI), Pascal Affi Nguessan, l'ex patronne de RFI et fondatrice d'ImaGGe, Geneviève Goetzinger, se dévoile dans une interview accordée en exclusivité à abidjan4all.net. Des circonstances de sa rencontre avec l’ancien premier ministre de Laurent Gbagbo au retour annoncé de l'ex mentor de son client, en passant par les choix du FPI lors de la crise électorale du 3ème mandat, elle aborde les questions sans faux-fuyant.


Credit photo Roberto Battistini
Credit photo Roberto Battistini
Geneviève Goëtzinger, bonjour. Vous avez été révélée au grand public Ivoirien avec l’actualité
électorale bouillonnante en 2020. Dans vos réactions sur les réseaux sociaux, votre engagement en faveur de Pascal Affi N'guessan, président du FPI, transparaît rapidement. Pourquoi avoir fait le choix de l’ancien premier ministre de Laurent Gbagbo ?


J’ai rencontré Pascal Affi N’Guessan au début de l’année dernière, en février 2020 très exactement, lors de son passage à Paris. Nous sommes rentrés en contact par l’intermédiaire d’une connaissance commune. Ce qui m’a frappé en lui lors de notre première rencontre, ce sont à la fois des convictions fortes, une envie très profonde de transcender les clivages ethniques, les ressentiments politiques, ces haines recuites qui sont mortifères pour son pays. Je me suis tout de suite dit qu’il en avait la capacité et que l’accompagner dans ce combat m’intéressait ; et puis, il a une forme d’humour qui transparait immédiatement.

En fait, le conseil c’est de l’intuitu personae. Vous parlez de choix. On est sur ce point dans une forme de réciprocité. Lui aussi a choisi de travailler avec moi et j’en suis honorée.

Finalement, la présidentielle d’Octobre 2020 a été boycottée par votre client qui à l'instar des autres ténors de l’opposition, dénonçait les conditions irrégulières dans lesquelles étaient organisé ce scrutin et notamment, la candidature d’Alassane Ouattara à un 3ème mandat. Quel était votre avis à ce moment-là ?

L’irrégularité du troisième mandat était pour moi aussi une évidence. Pascal Affi N’Guessan s’est trouvé face à cette réalité. C’est un homme de dialogue qui privilégie toujours la participation au boycott ; cela lui a souvent été reproché de manière malhonnête et évidemment intéressée. Je suis parfaitement en phase avec la décision qu’il a prise. Il a démontré pendant ces mois de désobéissance civile les qualités d’entrainement et de courage d’un véritable leader. Si la désobéissance civile a connu un vrai élan, c’est bien parce qu’il en était le porte-parole.
Nous sommes désormais dans une autre dynamique et je suis convaincue qu’il est le seul en capacité d’entrainer ce pays vers une authentique réconciliation, cela pour la bonne raison que la haine et le désir de vengeance sont totalement étrangers à sa personnalité.

Affi N'guessan a été arrêté le 06 Novembre soit quelques jours après l’organisation du scrutin, qui a vu la réélection controversée du président sortant. Est-ce que la spécialiste en communication politique que vous êtes, a eu à jouer un rôle particulier dans le lobbying en faveur de sa libération intervenue en fin Décembre ?

L’action en faveur de sa libération a été collective et c’est d’abord en Côte d’Ivoire que la mobilisation a eu lieu, provoquant à un moment donné la prise de conscience par les autorités qu’il fallait miser sur un apaisement des tensions.
Pour ce qui me concerne, j’ai eu l’intuition forte le jour du scrutin qu’il ne pouvait qu’être arrêté. Que pouvez-vous faire contre la puissance de l’appareil d’Etat ? Mon objectif a été d’anticiper cette arrestation et de lancer immédiatement une contre-offensive pour qu’il ne soit pas le mouton de sacrifice de cette séquence politique tragique. Pour cela, il fallait multiplier des formes de pression afin d’obtenir sa libération. C’était la seule solution pour qu’il ne croupisse pas des mois ou des années en prison, comme certains sont allés le demander à feu votre Premier Ministre Hamed Bakayoko. Ils se reconnaitront et ce n’est pas à leur honneur.

Un certain nombre de parlementaires français et européens m’ont aidée en interpellant de manière coordonnée l’Exécutif français, afin que la question de cette incarcération s’impose dans les échanges avec le chef de l’Etat ivoirien ; je leur suis infiniment redevable. Tout comme j’éprouve une gratitude envers certaines grandes figures africaines comme Alioune Tine, des institutions internationales, ces citoyens aussi qui ont relayé l’hashtag #JeSuisAffi que j’avais aussi lancé sur twitter, mes amis dans les médias … Le 30 décembre, cela a été un moment de grande joie quand Angeline, son épouse avec qui j’échangeais au quotidien sur mes initiatives, me l’a enfin passé au téléphone.

Un moment de joie et de soulagement pour lui en premier lieu, pour sa famille et ses amis ensuite, envers lesquels je me sentais libérée d’une forme de charge mentale. S’il avait fallu continuer, j’aurais continué, des mois, des années le cas échéant, mais je savais aussi que le temps pouvait jouer contre lui. Je sais aussi que sa joie à lui ne sera entière que lorsque tous les prisonniers de cette crise électorale auront retrouvé la liberté.

Charles Blé Goudé et Laurent Gbagbo sont désormais complètement libres. Comme beaucoup d’autres observateurs de la vie politique Ivoirienne, vous avez salué leur acquittement définitif le 31 Mars 2021 par la Chambre d’appel de la CPI ? Quelles conséquences, selon vous, cette décision de justice pourrait-t-elle avoir sur la configuration politique en Côte d’ivoire ?

C’est une heureuse nouvelle car ils sont des maillons de la réconciliation. Tant d’années de vie injustement volées, cet épilogue ne peut que réjouir tous les démocrates, dont je suis. J’ai salué une décision fondée sur la primauté du droit sur toute considération politique. Elle va permettre à deux hommes innocentés de charges terribles de retrouver le cours de leur vie.

En revanche, je constate que les réactions en Côte d’Ivoire restent très clivées. 10 années après le 11 avril 2011, les camps demeurent figés. La Côte d’Ivoire réelle ne communie pas dans une union sacrée autour de l’acquittement de deux des siens, ce que l’on aurait après tout pu imaginer. Ce qui montre d’une part que la réconciliation n’a pas eu lieu et d’autre part que l’ancien président reste diabolisé par une partie des Ivoiriens pour lesquels il demeure un repoussoir. 

Je suis pour ma part convaincue qu’une nouvelle page doit s’écrire et que la réconciliation doit être portée par des hommes n’ayant pas cette puissance d’incarnation d’une partie de la douleur de l’histoire de ce pays.

Laurent Gbagbo ne s'en cache d’ailleurs pas. Il manœuvre ouvertement pour reprendre la tête du FPI. Dans un communiqué datant du 06 Mars, la dissidence sur son accord, lui attribuait le titre de président du parti. Comment entrevoyez-vous la suite des événements au FPI avec le retour imminent de l'ex chef d’état ?
Affi N’guessan peut-t-il encore avoir un avenir politique en cas de retour de son ex mentor ?


Le retour aura lieu et Pascal Affi N’Guessan a bien sûr un avenir politique. Il vient de s’exprimer sur l’éventuelle unité du FPI qu’il préside. Je n’ai pas d’autre commentaire à faire sur ce point.

La période que nous venons de vivre a été surprenante puisque, au moment même où le président du FPI subissait la prison pour la seule raison d’avoir porté la parole de l’opposition, le PDCI-RDA et EDS concluaient une alliance exclusive et excluante du reste de l’opposition. En divisant l’opposition, ils voulaient marginaliser Affi mais ils renonçaient aussi à se donner la moindre chance d’être majoritaires à l’Assemblée par des candidatures uniques face au RHDP. C’est une occasion ratée qui en dit long sur un état d’esprit. Ce n’est pas celui de Pascal Affi N’Guessan.

Pour lui, l’essentiel c’est son pays. Et au risque de me répéter, personne n’a rien à craindre de lui. Il n’a de revanche à prendre sur personne, de vengeance à exercer contre personne. Il est d’une incroyable résilience et dans le cadre d’une alternance apaisée, personne n’aurait rien à craindre. Chacun pourrait trouver sa place dans une Côte d’Ivoire enfin réconciliée. Pourquoi se priver d’une telle chance ? Son avenir est devant lui et il sera le moment venu une chance pour son pays. 

Sur les réseaux sociaux, vous êtes régulièrement la cible d’attaques virulentes de la part des pourfendeurs de votre client. Certains vous accusent parfois de tendances néocolonialistes. Comment gérez-vous toute cette pression ?

Vous posez la question dans les bons termes en évoquant les pourfendeurs de mon client. Ce n’est pas moi qui suis visée en tant que tel. C’est bien Pascal Affi N’Guessan et à travers ces attaques, je prends aussi la mesure de celles qu’il subit. S’il les subit, c’est en raison de ses qualités, du risque qu’il représente pour les petits intérêts personnels de certains. Cela me conforte dans mon objectif d’être à chaque instant le plus pertinente possible dans mon activité de conseil à ses côtés.

La pression n’est pas un problème. Elle a toujours été un moteur dans les fonctions que j’ai exercées dans le passé.

Je vais vous donner un exemple de vraie pression liée à votre pays. En 2007-2008, j’ai dû, en tant que directrice de l’information, négocier la réouverture des émetteurs de RFI en Côte d’Ivoire. Je devais alors persuader le régime de notre impartialité et dans le même temps convaincre une rédaction légitimement traumatisée par l’assassinat de l’un des siens, Jean Hélène, que l’on pourrait en toute sécurité nommer à nouveau un correspondant à Abidjan. Là oui, je ressentais une forte pression parce qu’il y avait des enjeux de responsabilité, de confiance et une prise de risques à évaluer et à assumer.

Alors, qu’un avatar me traine dans la boue à l’occasion de l’un de ses commérages quotidiens m’importe peu. Quand des activistes de tout bord me ciblent tour à tour, cela me laisse de marbre. Cela relève de la cour de récréation et j’ai passé l’âge.

ImaGGe, votre cabinet, est assez jeune. Deux ans d’existence seulement. En dehors d'Affi Nguessan, avez-vous d'autres contacts professionnels avec des décideurs politiques ailleurs en Afrique ?
Quels sont vos projets à moyen et à long terme sur l’Afrique ?

J’ai bien évidemment des contacts professionnels en Afrique en dehors de la Côte d’Ivoire, et aussi ailleurs qu’en Afrique. Il n’y a pas de petits et de grands clients et chaque dossier revêt la même importance à mes yeux.

Concernant l’Afrique, j’ai hâte de pouvoir tourner la page de cette pandémie qui freine nos capacités de déplacements. J’ai plusieurs projets précis, l’un lié à des problématiques de développement et d’autres plus politiques. Je souhaite à moyen et long terme continuer à travailler pour des personnalités ou sur des sujets qui m’inspirent … Avec un principe lorsqu’il s’agit de politiques : ils doivent être authentiquement démocrates et ne pas avoir de sang sur les mains.

Interview réalisée par Raymond Adji, Abidjan4all.net le vendredi 16 avril 2021



1.Posté par Kore Blais le 16/04/2021 18:20
Belle interview

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