Le projet de loi portant accord de coopération monétaire entre la France et l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) a été ratifié par l’Assemblée Nationale le 10 Décembre 2020 et adopté par le Sénat le 28 Janvier 2021 au nom des peuples africains de l’UMOA, sans leur avis comme si « l’empire français » renaissait et affirmait la continuité de sa pleine souveraineté sur ses anciennes colonies.
« L’ordre dans lequel s’effectue les ratifications du nouvel accord monétaire est en soi suspect. Pourquoi la France est-elle le premier pays à ratifier cet accord, alors qu’en toute logique elle aurait dû attendre que les pays directement concernés l’aient fait d’abord ? » déclare le député PCF Jean-Paul Lecoq à l’Assemblée Nationale Française.
La légitime suspicion de Jean-Paul Lecoq permet de se poser plusieurs questions : qu’est ce qui a changé et qu’est ce qui reste inchangé ? quel est l’enjeu?
D’abord qu’est ce qui a changé ?
Trois évolutions structurent le nouvel accord
1. La première, c’est le changement de nom. Il s’agit de passer du Franc CFA à l’Eco, nom usurpé à la CEDEAO ayant initié une monnaie unique baptisée l'Eco pour les quinze pays de la Communauté Économique Des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) composée de pays de l’UMOA et hors UMOA dont le Nigéria, le Ghana, la Guinée, le Cap-Vert etc.
2. Le deuxième, c’est la fin de la centralisation de 50% des réserves de change auprès du trésor français ;
3. La troisième, c’est le retrait de la France des instances de gouvernance de l’UMOA mais qui peut, en cas de crise, désigner un représentant au comité de politique monétaire de la BCEAO.
Ensuite qu’est ce qui reste inchangé ?
1. La parité fixe avec l’Euro ;
2. La garantie de convertibilité illimitée. En cas de choc sur les comptes extérieurs de l’UMOA, la France apporte les sommes nécessaires en euros.
3. Le tutorat français en cas de crise.
Enfin quel est l’enjeu ?
Pour Jean Yves LEDRIAN qui présentait le projet de loi, la parité fixe, la garantie de convertibilité illimitée et le tutorat français en cas de crise, sont justifiés par la maîtrise des chocs extérieurs, du taux d’inflation, de l’attractivité des investissements.
En direction des parlementaires français qui ont voté et des futurs parlementaires ivoiriens, il est important de rappeler que l’attrait de l’Afrique par la Chine n’est pas conditionné par une parité fixe du CFA avec le Yuan ou le tutorat chinois mais par les opportunités d’investissements en Afrique dans le respect des souverainetés. Ce beau discours d’attractivité n’a point empêché les anciennes colonies françaises de l’Afrique du Nord de disposer de leur propre monnaie sans parité fixe ni tutorat mais pourtant, d’être plus résistantes aux chocs externes et plus attractives.
En réalité, les accords monétaires permettent d’assurer une certaine continuité de l’ordre colonial : Priver les Africains de leurs épargnes et donc du pouvoir de produire ce qu’ils importent avec pour conséquence, faire d’eux des consommateurs de produits finis et des producteurs de matières premières à vil prix.
Par le triple mécanisme du compte d’opération, de la gestion des réserves d’or de l’UMOA et de la convertibilité illimitée, la France facilite le drainage de l’épargne publique et privée de la zone CFA vers le trésor français et les banques françaises. Une partie des ressources ainsi drainées retourne sous forme de dettes et d’investissements directs étrangers, au détriment des trésors et des investisseurs africains.
Par ailleurs la convertibilité illimitée ne concerne que les opérateurs économiques de la zone Euro qui transforment leurs avoirs en Euro pour les transférer dans les meilleures conditions vers l’Europe.
Quant aux États de l’UMOA, ils sont obligés d’emprunter le chemin qui conduit vers le FMI quand ils sont en manque de devises, pendant que l’or jaune qui peut leur permettre de constituer des réserves stratégiques et garantir la stabilité du cadre macro-économique, continue d’être pillé par des mercenaires armés transformés en orpailleurs clandestins au profit de la banque de France ainsi que l’or brun (le cacao) qui continue d’être acheté à bas prix par les parrains de l’ordre colonial et leurs alliés.
Pendant que les Etats empruntent le chemin du FMI, les enfants des paysans appauvris empruntent le chemin de l’émigration, interdits de se rendre en Europe pendant que leurs richesses sont accueillies à bras ouverts.
En décidant de transférer à la BCEAO les réserves en devises des pays de l’UMOA sans rien dire des autres accords sur la gestion du stock d’or et la convertibilité illimitée, cela signifie probablement, le transfert des réserves du trésor français vers les banques françaises par de nouveaux accords de garanties non encore publiés.
Par cette opération, la France en tire un triple avantage :
• renforcer les banques françaises ;
• permettre au trésor français de ne plus verser des intérêts aux pays mais d’emprunter à des taux plus bas que le taux pratiqué par le mécanisme du compte d’opération ;
• faire échec au projet Eco de la CEDEAO.
Quant à l’Afrique, une porte s’ouvre pour engager les débats de fond. Les élections législatives en Côte d’Ivoire et le futur parlement constituent des tribunes pour remettre sur la table les nouveaux accords monétaires ou l’Eco de la CEDEAO.
L’on comprend mieux pourquoi les tambours français des droits de l’homme ne vibrent pas lorsque Laurent GBAGBO, libre et innocent, est encore contraint en exil pour éviter qu’il vienne troubler l’ordre colonial pendant la période électorale.
Et l’on comprend encore mieux pourquoi les tenants de l’ordre colonial sous la direction de SARKOZY, ont fait la guerre contre le régime de Laurent GBAGBO et que ces mêmes tambours évitent de donner du son face au génocide Wè (population de la boucle de cacao) pendant cette guerre et aux victimes des orpailleurs clandestins pendant le règne du régime installé par les chars français.
L’Eco, Version Messieurs MACRON et OUATTARA, est donc un cheval de Troie contre l’Eco de la CEDEAO, un canal de drainage des richesses de l’UMOA vers la France et une corde au coup de la souveraineté des Etats de l’UMOA.
« Rien ne changera, et le cordon ombilical qui relie le Franc CFA va perdurer au travers de l’arrimage à l’Euro, de la liberté des transactions et de la convertibilité illimitée entre les deux monnaies, ce triple lien permettant à toute multinationale qui fait du commerce dans la zone monétaire du FCFA de voir ses investissements sécurisés, de convertir en euros ses profits en franc CFA, puis de rapatrier ensuite ces capitaux vers la zone euro » déclare Jean-Paul Lecoq député PCF.
L’Afrique a besoin d’une nouvelle dynamique de développement, car c’est le seul continent qui détient l’ensemble des matières premières nécessaires pour produire ce qu’il importe. Si l’on peut comprendre que le manque d’expertise au début des indépendances a justifié le maintien de l’ordre colonial, il est moins compréhensible aujourd’hui avec l’émigration galopante et la fuite endémique des cerveaux.
Sur son sol et à travers sa diaspora, ce continent a l’expertise nécessaire pour produire ce qu’il importe et donc un accord monétaire entre Etats Africains est plus utile qu’avec la zone Euro. Il a juste besoin de son épargne en or et en devise et d’une monnaie unique et/ou commune pour garantir un cadre stable d’épargne, de circulation de l’épargne, de production et d’échange à l’échelle du continent. Les pays d’Afrique ont donc intérêt de signer des accords monétaires entre eux que de perpétuer l’ordre colonial.
Le projet de l’Eco initié par la CEDEAO s’inscrit dans cette dynamique mais constitue néanmoins une menace de l’ordre colonial. Il est de bonne guerre que tous les nostalgiques de l’ordre colonial et ceux qui en tirent parti, s’alignent pour freiner cette dynamique. Mais, il est aussi de bonne guerre que les combattants pour un nouvel ordre économique mondial se mettent en ordre de bataille pour faire aboutir le projet de la CEDEAO. Le Parti Communiste Français a donné le ton au Sénat par la voix de Pierre Laurent et à l’Assemblée Nationale par celle de Jean-Paul Lecoq. Il revient donc aux Panafricanistes africains de continuer la bataille pour une souveraineté économique du continent. Cela passe par la conquête de la souveraineté des États de l’UMOA. Tel est l’enjeu des élections législatives en Côte d’Ivoire, pilier central du Franc CFA.
L’opposition doit donc surmonter les démons du sectarisme et de la division pour mesurer les vrais enjeux et marcher ensemble sur la route de la souveraineté avec le retour triomphal du symbole de ce combat : Laurent GBAGBO.
« L’Africain fera l’Afrique. Elle trouvera en son sein des hommes et des femmes capables de libérer leur vertu de héros collectifs pour redresser le destin tordu de la mère Afrique et recoudre son beau pagne déchiré » J. KI-ZERBO in l’histoire générale de l’Afrique.
Ahoua Don Mello
« L’ordre dans lequel s’effectue les ratifications du nouvel accord monétaire est en soi suspect. Pourquoi la France est-elle le premier pays à ratifier cet accord, alors qu’en toute logique elle aurait dû attendre que les pays directement concernés l’aient fait d’abord ? » déclare le député PCF Jean-Paul Lecoq à l’Assemblée Nationale Française.
La légitime suspicion de Jean-Paul Lecoq permet de se poser plusieurs questions : qu’est ce qui a changé et qu’est ce qui reste inchangé ? quel est l’enjeu?
D’abord qu’est ce qui a changé ?
Trois évolutions structurent le nouvel accord
1. La première, c’est le changement de nom. Il s’agit de passer du Franc CFA à l’Eco, nom usurpé à la CEDEAO ayant initié une monnaie unique baptisée l'Eco pour les quinze pays de la Communauté Économique Des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) composée de pays de l’UMOA et hors UMOA dont le Nigéria, le Ghana, la Guinée, le Cap-Vert etc.
2. Le deuxième, c’est la fin de la centralisation de 50% des réserves de change auprès du trésor français ;
3. La troisième, c’est le retrait de la France des instances de gouvernance de l’UMOA mais qui peut, en cas de crise, désigner un représentant au comité de politique monétaire de la BCEAO.
Ensuite qu’est ce qui reste inchangé ?
1. La parité fixe avec l’Euro ;
2. La garantie de convertibilité illimitée. En cas de choc sur les comptes extérieurs de l’UMOA, la France apporte les sommes nécessaires en euros.
3. Le tutorat français en cas de crise.
Enfin quel est l’enjeu ?
Pour Jean Yves LEDRIAN qui présentait le projet de loi, la parité fixe, la garantie de convertibilité illimitée et le tutorat français en cas de crise, sont justifiés par la maîtrise des chocs extérieurs, du taux d’inflation, de l’attractivité des investissements.
En direction des parlementaires français qui ont voté et des futurs parlementaires ivoiriens, il est important de rappeler que l’attrait de l’Afrique par la Chine n’est pas conditionné par une parité fixe du CFA avec le Yuan ou le tutorat chinois mais par les opportunités d’investissements en Afrique dans le respect des souverainetés. Ce beau discours d’attractivité n’a point empêché les anciennes colonies françaises de l’Afrique du Nord de disposer de leur propre monnaie sans parité fixe ni tutorat mais pourtant, d’être plus résistantes aux chocs externes et plus attractives.
En réalité, les accords monétaires permettent d’assurer une certaine continuité de l’ordre colonial : Priver les Africains de leurs épargnes et donc du pouvoir de produire ce qu’ils importent avec pour conséquence, faire d’eux des consommateurs de produits finis et des producteurs de matières premières à vil prix.
Par le triple mécanisme du compte d’opération, de la gestion des réserves d’or de l’UMOA et de la convertibilité illimitée, la France facilite le drainage de l’épargne publique et privée de la zone CFA vers le trésor français et les banques françaises. Une partie des ressources ainsi drainées retourne sous forme de dettes et d’investissements directs étrangers, au détriment des trésors et des investisseurs africains.
Par ailleurs la convertibilité illimitée ne concerne que les opérateurs économiques de la zone Euro qui transforment leurs avoirs en Euro pour les transférer dans les meilleures conditions vers l’Europe.
Quant aux États de l’UMOA, ils sont obligés d’emprunter le chemin qui conduit vers le FMI quand ils sont en manque de devises, pendant que l’or jaune qui peut leur permettre de constituer des réserves stratégiques et garantir la stabilité du cadre macro-économique, continue d’être pillé par des mercenaires armés transformés en orpailleurs clandestins au profit de la banque de France ainsi que l’or brun (le cacao) qui continue d’être acheté à bas prix par les parrains de l’ordre colonial et leurs alliés.
Pendant que les Etats empruntent le chemin du FMI, les enfants des paysans appauvris empruntent le chemin de l’émigration, interdits de se rendre en Europe pendant que leurs richesses sont accueillies à bras ouverts.
En décidant de transférer à la BCEAO les réserves en devises des pays de l’UMOA sans rien dire des autres accords sur la gestion du stock d’or et la convertibilité illimitée, cela signifie probablement, le transfert des réserves du trésor français vers les banques françaises par de nouveaux accords de garanties non encore publiés.
Par cette opération, la France en tire un triple avantage :
• renforcer les banques françaises ;
• permettre au trésor français de ne plus verser des intérêts aux pays mais d’emprunter à des taux plus bas que le taux pratiqué par le mécanisme du compte d’opération ;
• faire échec au projet Eco de la CEDEAO.
Quant à l’Afrique, une porte s’ouvre pour engager les débats de fond. Les élections législatives en Côte d’Ivoire et le futur parlement constituent des tribunes pour remettre sur la table les nouveaux accords monétaires ou l’Eco de la CEDEAO.
L’on comprend mieux pourquoi les tambours français des droits de l’homme ne vibrent pas lorsque Laurent GBAGBO, libre et innocent, est encore contraint en exil pour éviter qu’il vienne troubler l’ordre colonial pendant la période électorale.
Et l’on comprend encore mieux pourquoi les tenants de l’ordre colonial sous la direction de SARKOZY, ont fait la guerre contre le régime de Laurent GBAGBO et que ces mêmes tambours évitent de donner du son face au génocide Wè (population de la boucle de cacao) pendant cette guerre et aux victimes des orpailleurs clandestins pendant le règne du régime installé par les chars français.
L’Eco, Version Messieurs MACRON et OUATTARA, est donc un cheval de Troie contre l’Eco de la CEDEAO, un canal de drainage des richesses de l’UMOA vers la France et une corde au coup de la souveraineté des Etats de l’UMOA.
« Rien ne changera, et le cordon ombilical qui relie le Franc CFA va perdurer au travers de l’arrimage à l’Euro, de la liberté des transactions et de la convertibilité illimitée entre les deux monnaies, ce triple lien permettant à toute multinationale qui fait du commerce dans la zone monétaire du FCFA de voir ses investissements sécurisés, de convertir en euros ses profits en franc CFA, puis de rapatrier ensuite ces capitaux vers la zone euro » déclare Jean-Paul Lecoq député PCF.
L’Afrique a besoin d’une nouvelle dynamique de développement, car c’est le seul continent qui détient l’ensemble des matières premières nécessaires pour produire ce qu’il importe. Si l’on peut comprendre que le manque d’expertise au début des indépendances a justifié le maintien de l’ordre colonial, il est moins compréhensible aujourd’hui avec l’émigration galopante et la fuite endémique des cerveaux.
Sur son sol et à travers sa diaspora, ce continent a l’expertise nécessaire pour produire ce qu’il importe et donc un accord monétaire entre Etats Africains est plus utile qu’avec la zone Euro. Il a juste besoin de son épargne en or et en devise et d’une monnaie unique et/ou commune pour garantir un cadre stable d’épargne, de circulation de l’épargne, de production et d’échange à l’échelle du continent. Les pays d’Afrique ont donc intérêt de signer des accords monétaires entre eux que de perpétuer l’ordre colonial.
Le projet de l’Eco initié par la CEDEAO s’inscrit dans cette dynamique mais constitue néanmoins une menace de l’ordre colonial. Il est de bonne guerre que tous les nostalgiques de l’ordre colonial et ceux qui en tirent parti, s’alignent pour freiner cette dynamique. Mais, il est aussi de bonne guerre que les combattants pour un nouvel ordre économique mondial se mettent en ordre de bataille pour faire aboutir le projet de la CEDEAO. Le Parti Communiste Français a donné le ton au Sénat par la voix de Pierre Laurent et à l’Assemblée Nationale par celle de Jean-Paul Lecoq. Il revient donc aux Panafricanistes africains de continuer la bataille pour une souveraineté économique du continent. Cela passe par la conquête de la souveraineté des États de l’UMOA. Tel est l’enjeu des élections législatives en Côte d’Ivoire, pilier central du Franc CFA.
L’opposition doit donc surmonter les démons du sectarisme et de la division pour mesurer les vrais enjeux et marcher ensemble sur la route de la souveraineté avec le retour triomphal du symbole de ce combat : Laurent GBAGBO.
« L’Africain fera l’Afrique. Elle trouvera en son sein des hommes et des femmes capables de libérer leur vertu de héros collectifs pour redresser le destin tordu de la mère Afrique et recoudre son beau pagne déchiré » J. KI-ZERBO in l’histoire générale de l’Afrique.
Ahoua Don Mello