Présidentielle 2025/Laurent Gbagbo, une candidature mort-né ?

Le vendredi 10 mai, les nombreux militants du Ppa-ci ont convergé vers l'hôtel Sofitel Ivoire d'Abidjan pour désigner officiellement le futur candidat de leur parti à l'élection présidentielle de 2025. De façon unanime, ils ont porté leur choix sur Koudou Laurent Gbagbo, ancien président de la République de Côte d'Ivoire ( 2000-2010), battu en 2011. Mais suite à des heurts survenus à la suite de ces élections qui ont occasionné des milliers de morts collatéraux, l'ex président Laurent Gbagbo, accusé de crimes contre l'humanité, est déporté à la Cour pénale internationale (CPI) la même année. Il y séjournera pendant 10 ans avant d'être acquitté le 31 mars 2021. Le jeudi 17 juin 2021, il rejoint la Côte d'Ivoire à la grande joie de ses militants dont certains revenus de l'exil. Mais sur place à Abidjan, une autre condamnation à 20 ans de réclusion, en appel, pour le braquage de la banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest pendant la crise post électorale l'attend. En 2022, soit un an après son retour, il est gracié par le président Alassane Ouattara. Cependant, Laurent Gbagbo n'est pas amnistié, contrairement à ce que souhaitent ses militants, qui voient cette grâce présidentielle comme un piège. Car l'empêchant d'être sur les listes électorales et même de candidater pour la présidentielle de 2025. Il aurait donc fallu faire sauter ce dernier verrou qui donnerait de vrais leviers au candidat du Ppa-ci de se présenter en toute sérénité. Mais voilà que Laurent Gbagbo, 78 ans, accepte cette offre de ses militants. Il dit vouloir briguer ce poste juste pour un seul mandat, c'est à dire 5 ans. Il a même pris 10 engagements, qui pourraient remettre le pays sur les rails. Ouattara va t il lever le bouclier pour laisser son principal adversaire assouvir cet ultime dessein? Ou alors va t il maintenir sa position et empêcher le candidat du Ppa-ci de se présenter à l'élection présidentielle et même de voter? De son côté, les militants du Ppa-ci vont ils faire un passage en force au point de mettre à mal la réconciliation encore très fragile? Pourquoi le Ppa-ci n'attendrait il pas de résoudre cette difficile équation qui les mettrait à l'abri des soubresauts avant d'investir leur candidat ? C'est ce qui donne à cette candidature de Laurent Gbagbo, l'image d'une candidature mort-né.

Norbert Nkaka