Il raconte avoir échappé à la mort en tentant de rallier sa base à l'époque de la rébellion, Boundiali, après avoir exfiltré le défunt en question, alors gendarme en fonction. Il explique: "Je me souviens qu'en Décembre 2002,c'est moi qui ai fait sortir sa famille de Boundiali pour l'accompagner à Adiaké où il venait d'être affecté en tant que proviseur du lycée de cette localité. C'était un grand risque que j'avais pris pour lui à l'époque puisque déjà à Abidjan, j'avais été signalé par mes collègues qui sont sortis de Boundiali comme étant un collabo des rebelles. En rentrant sur Boundiali, j'avais voulu emprunter l'avion pour descendre au Mali. Et du Mali, rejoindre Boundiali. Je n'ai pu le faire à l'époque parce que Air Mauritanie qui faisait l'axe Abidjan-Bamako refusait du monde. À mon corps defendant, j'ai été contraint d'emprunter la route par le car et les voitures de transport pour arriver à Boundiali. Sur l'axe Yamoussoukro-Tiebissou, n'eût été la vigilance de l'un de mes anciens élèves de Boundiali, devenu gendarme, j'aurais été abattu au corridor de Yamoussoukro. Car,mon nom avait été inscrit sur la liste des personnes à abattre car considérées comme des rebelles ou leurs collabos. En effet, au moment du contrôle des pièces au corridor, par un coup de chance, je tombe sur l'un de mes anciens élèves de Boundiali. C'est lui qui me reconnaît et me retire du lot des personnes à identifier. Il se présente à moi en ces termes "Monsieur Mamadou Traore dit Fitini. Je fus l'un de vos anciens élèves au lycée moderne de Boundiali. Vous m'avez pris en classe de Terminale. Et vous avez été un modèle pour moi. Grâce à vos méthodes assez rigoureuses, j'ai eu le BAC. Je suis aujourd'hui gendarme. Si vous arrivez à Boundiali ,je vous conseille de faire un jeûne de trois jours pour dire merci à Dieu " Je lui posai la question de savoir pourquoi il me donne un tel conseil. "Votre nom est sur la liste des personnes à abattre. Et Dieu a fait que c'est sur moi que vous êtes tombé. Je vous conseille de ne pas passer par Tiebissou pour rentrer sur Boundiali. Passez par Daloa. Là bas,le contrôle est moins rigide. " Et il me donna son numéro de téléphone afin que je l'appelle en cas de pépin. C'est comme ça, clopin clopan,je suis rentré sur Boundiali. Une fois sur place je l'ai appelé pour lui dire que je suis bien arrivé et lui dire également merci. Quelques jours après notre conversation, à ma grande surprise, tout Boundiali a eu l'information sur ma mésaventure de Yamoussoukro. Mon élève en question s'est chargé d'informer ses parents et amis qui sont restés à Boundiali de ce qui m'est arrivé. Ces derniers se sont chargés d'inonder la ville de l'histoire de Fitini qui a echappé à la mort au corridor de Yamoussoukro. Mon élève en question, qui est aujourd'hui un officier supérieur de la gendarmerie, et moi sommes restés en contact. Il m'appelle souvent pour prendre de mes nouvelles. Moi,en retour, j'ai decanté pour lui certaines situations. Comme quoi, un bienfait n'est jamais perdu". 19 ans après, ce souvenir reste encore vivace dans son esprit. Et au chevet de la tombe de son défunt "aîné", il ne pouvait que s'en souvenir. R.A
Junior Gnapié | 13/06/2024 | 106 vues