Abidjan, 29 mars 2025 – Le Front Populaire Ivoirien (FPI) a présenté, ce samedi 29 mars 2025 lors d'une conférence de presse, les résultats de son analyse du fichier électoral ivoirien en vue de l'élection présidentielle prévue en octobre prochain. L'objectif de cette analyse était d'évaluer la fiabilité de la liste électorale afin de déterminer si elle est suffisamment crédible pour garantir un scrutin transparent et démocratique.
Une méthodologie rigoureuse
Le FPI a procédé à une étude approfondie des listes électorales de 2010 à 2024. Cette analyse a reposé sur une exploitation des données fournies par la Commission électorale indépendante (CEI) en format CSV, converties ensuite en base de données SQL pour un traitement plus précis. Des outils analytiques ont été mis en place afin de détecter des tendances électorales et d'identifier d'éventuelles anomalies.
Une évolution irrégulière de la liste électorale
L'analyse de l'évolution du fichier électoral a permis d'observer une croissance inhabituelle du nombre d'électeurs entre 2015 et 2024. Alors que la progression entre 2010 et 2015 était de 10 %, elle a bondi à 20 % entre 2015 et 2020, malgré le maintien d'un boycott de la liste électorale par une partie de la population. Ce bond soudain soulève des interrogations quant à l'authenticité des nouvelles inscriptions.
Des violations massives de l'article 7 du code électoral
L'article 7 du code électoral impose que chaque électeur inscrit fournisse un ensemble d'informations précises permettant d'attester de son identité. Toutefois, l'analyse du FPI révèle que 34 % des électeurs sur la liste électorale de 2023 étaient en violation de cet article, un chiffre qui est monté à 70 % dans la liste provisoire de 2024. Cela signifie qu'une majorité d'électeurs nouvellement inscrits ne remplissent pas les critères d'identification requis, remettant en question la transparence du fichier électoral.
Des inscriptions suspectes et irrationnelles
L'étude a également mis en lumière des anomalies concernant les filiations. En effet, le nombre de mères ayant plus de 15 enfants enregistrés sur la liste électorale a explosé entre 2015 et 2023. En 2023, on comptait 5 517 mères dans ce cas, représentant 4,6 % des électeurs. Ces cas ne sont pas répartis de manière homogène sur le territoire national, mais sont principalement concentrés dans les régions du centre et du nord, ce qui suscite de vives interrogations.
Des observations similaires ont été faites pour les pères ayant un nombre anormalement élevé d'enfants sur la liste électorale. En 2023, 329 754 électeurs étaient rattachés à des pères comptant plus de 20 enfants chacun. En 2024, ce chiffre a diminué de manière drastique, ce qui laisse planer un doute sur la gestion de ces inscriptions par la CEI.
Un nombre élevé de doublons et de transhumance électorale
L'analyse des listes électorales a permis d'identifier plus de 223 000 électeurs ayant été inscrits en double sur la liste de 2024, ce qui a engendré un surplus de 224 277 cartes d'électeurs. Ces doublons sont massivement concentrés dans les départements d'Agboville, Sikensi et Tiassalé, où plus de 219 000 électeurs disposent chacun de deux cartes.
Par ailleurs, le phénomène de la transhumance électorale a été mis en évidence, avec un déplacement massif d'électeurs d'Abidjan vers certaines villes comme Tiassalé, Agboville et Sikensi. Ce type de migration, bien qu'habituel à petite échelle, prend ici une ampleur inhabituelle, traduisant une possible organisation stratégique visant à influencer les résultats électoraux locaux.
Vers un audit indépendant du fichier électoral
Face à ces irrégularités majeures, le FPI appelle à un audit indépendant du fichier électoral afin de garantir la crédibilité du scrutin présidentiel d'octobre 2025. La transparence et la fiabilité de la liste électorale sont essentielles pour assurer des élections justes et démocratiques.
Le parti invite également la CEI à clarifier les conditions ayant permis ces irrégularités et à prendre des mesures correctives afin de restaurer la confiance du peuple ivoirien dans le processus électoral.
Les revendications de l'opposition
Outre le FPI, d'autres formations politiques de l'opposition ivoirienne dénoncent également les anomalies relevées dans le fichier électoral. Elles réclament un audit approfondi et une nouvelle révision de la liste électorale avant l'élection présidentielle d'octobre 2025. Selon elles, seule une refonte complète du processus d'inscription et de validation des électeurs permettra de garantir un scrutin véritablement démocratique et inclusif. Plusieurs leaders de l'opposition ont appelé à une mobilisation citoyenne pour exiger des réformes électorales immédiates, craignant que des élections organisées sur la base du fichier actuel ne soient entachées d'irrégularités et de contestations post-électorales.
La situation actuelle du fichier électoral soulève de nombreuses interrogations et nécessite une réforme en profondeur pour garantir l'intégrité des élections à venir. Le FPI reste mobilisé pour assurer que la volonté du peuple ivoirien soit pleinement respectée dans le cadre du scrutin présidentiel d'octobre 2025.
Junior Gnapié