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Le partenariat FPI/RHDP : Décryptage d’une tactique politique à saluer

Rédigé par Abidjan4all le Lundi 15 Mai 2023 à 00:27 | Lu 699 fois


Depuis le 02 mai 2023, l’actualité politique en Côte d’Ivoire, c’est la signature de l’accord de partenariat entre le Front Populaire Ivoirien (FPI) et le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), le parti au pouvoir.


Georges AKA, SGA, Porte-Parole Europe du FPI
Georges AKA, SGA, Porte-Parole Europe du FPI
 
 
 
Tandis que pour le pouvoir il faut saluer la grandeur d’esprit de Pascal AFFI N’guessan, le leader des frontistes, certains ivoiriens semblent douter de l’intérêt de ce partenariat qui selon eux n’a pas d’autres buts que des visées électoralistes et donc n’est pas fondamentalement attaché à des valeurs idéologiques.
D’autres disent que la signature d’un tel partenariat participe de la stratégie de conservation du pouvoir et de la communication politique, pour le pouvoir d’Abidjan. En effet après la rupture avec le PDCI, il fallait à monsieur Ouattara et au RHDP un tel partenariat pour continuer à montrer à l’opinion internationale que la Côte d’Ivoire a passé le cap de la belligérance et est résolument engagée dans la voie de la croissance. 
Sans toutefois nier à chacun et à un tous, le droit de porter un regard sur ce partenariat politique, je pense qu’il est nécessaire de continuer l’action pédagogique de sensibilisation pour que les Ivoiriens comprennent le sens de cet accord. Le présent texte que je propose s’inscrit dans cette démarche.
 
De la vacuité de l’accord
Pour bien d’analystes, l’accord de partenariat est vide parce qu’il n’a pas de profondeur idéologique. Pour certains, c’est un accord qui est même dangereux parce que le message que M. Affi N’guessan transmet aux ivoiriens c’est ce qu’il ne faut pas faire lorsqu’ils sont dans les difficultés. Selon eux, Affi, après le départ de Gbagbo et de Simone qui ont vidé le FPI de ses militants les plus en vue, s’allie au RHDP pour exister en faisant fi des valeurs de la gauche que le FPI prône depuis les années 1990 en Côte d’Ivoire.
Pour ces analystes Affi N’guessan ne rend pas ainsi service au FPI et au-delà, à la jeunesse ivoirienne qui est fatiguée dans les alliances de circonstance et politiciennes. Ils sentencient Affi qui ne serait, dès cet instant, pas un homme d’Etat qui pense aux nouvelles générations mais un politicien englué dans ses calculs politiciens pour les prochaines élections locales.
 
Si nous sommes d’accord avec Adam Chaff(1)  pour dire que l’idéologie « est un système d’opinions qui, en se fondant sur un système de valeurs admis, détermine les attitudes et les comportements des hommes à l’égards des objectifs souhaités du développement de la société, du groupe social ou de l’individu », alors il faut d’abord rechercher la pensée politique de Affi N’guessan, sa vision du monde et de la Côte d’Ivoire qui structure cette pensée et son action politique, pour essayer de comprendre ce qui s’est passé et l’apprécier à sa juste valeur.
 
Il faut préciser que le FPI a affirmé son identité politique avec le discours d’orientation prononcé par son président Affi N’guessan au dernier congrès du 13 novembre 2021.

Qu’elle est donc sa pensée politique et sa vision ?
 
Ce qu’il faut dire c’est que depuis le XVIIIème siècle deux visions du monde dominent la pensée et orientent l’action politique. Il s’agit de l’idéologie socialiste et communiste et du libéralisme. Pour faire simple, si les communistes et les socialistes s’insurgent contre la propriété privée, le libéralisme valorise l’individualisme et l’intérêt individuel. Dans les sociétés socialistes et communistes en principes le groupe à primauté sur l’individu et les biens appartiennent à la collectivité. Le rôle de l’Etat est de lutter contre l’apparition de la propriété, l’entreprise individuelle et favoriser l’appropriation collective des moyens de production et de distribution. A contrario, le libéralisme valorise la liberté d’entreprendre et le rôle de l’Etat est de garantir les libertés individuelles et la propriété privée.


Ces différents positionnements idéologiques orientent les attitudes des hommes d’Etat et permettent de les classer dans un camp ou dans l’autre. Dans bien des cas eux-mêmes revendiquent leur positionnement même si certains actes ne permettent pas d’avoir une lecture claire de la démarche. 
Dans le cas d’Affi N’guessan, il se réclame de la social-démocratie qui est un socialisme centriste qui est né en France et systématisé en Allemagne par Ferdinand Lassalle qui s’oppose à Max et Engels dans le courant socialiste. Il s’agit d’un socialisme qui aspire à reformer la société en prenant appui sur les forces productives, notamment les syndicats tout en incorporant certains éléments du libéralisme. Il s’agit d’une vision réformiste qui après avoir constaté qu’il est impossible de faire disparaître la propriété privée et l’entreprise privée pour instaurer la dictature du prolétariat et in fine faire émerger le communisme, prône le dialogue entre patronat et les syndicats. Il s’agit d’un socialisme modéré qui applique les idées libérales de l’économie de marché.

Pour moi, la pratique politique la plus aboutie de la social-démocratie reste celle que les pays scandinaves ont mis en place même si aujourd’hui on sent le frémissement des extrêmes en lien avec les sujets sur l’immigration. Pour l’ancien Premier Ministre français Lionnel Jospin il s’agit d’une façon de réguler la société et de mettre l’économie de marché au service de l’Homme.

La question ici est donc de savoir si Affi en étant réformiste et en prônant le dialogue avec le pouvoir mais aussi avec l’ensemble des forces vives de la nation, a « trahi » pour utiliser un terme cher aux communistes, l’idéal social-démocrate. A mon avis NON.

Au contraire au regard de ce qui a été dit, plus haut, Affi N’guessan reste attaché aux valeurs de la social-démocratie pour plusieurs raisons :
  • Souvenons-nous que c’est lorsqu’il a entrepris des réformes pour réduire le poids des forces conservatrices au sein du FPI que la fronde contre lui s’est formée pour le combattre ;
  • Ce combat a connu son épilogue avec le départ du FPI des caciques dont Laurent Gbagbo. Ce dernier a créé le PPA-CI qui prône le nationalisme africain. Ce qui est contraire à la vision du FPI qui est un parti ouvert, qui veut accéder au pouvoir politique par les moyens démocratiques ;
  • Enfin de manière démocratique, le congrès du 13 novembre 2021 a consacré les réformes et a demandé à Affi en sa qualité de président actuel du FPI de négocier une alliance avec le parti au pouvoir à la demande de Adama Bictogo alors à la tête du RHDP. C’est ce qui a été fait par Affi N’guessan qui a réussi à obtenir un partenariat qui ne nie pas l’identité social-démocrate du FPI. 

Ainsi, le FPI a travers son président dialogue et suit la ligne tracée par le Congrès dans la vision des sociaux-démocrates. Le problème c’est que le RHDP se revendique un parti libéral. 

Alors comment un partenariat est-il possible entre un parti socio-démocratique et un parti de l’international libéral ?
Cette question ne devrait pas se poser si on admet que la social-démocratie s’ouvre à l’économie de marché qu’elle entend réguler au profit des plus faibles. L’approche des socio-démocrates se base sur des réformes à partir du dialogue par exemple entre le patronat et les syndicats qui devraient en principe constituer une alliance très forte avec les partis socio-démocrates comme en Allemagne. Cependant, chaque contexte ayant ses particularités, l’approche social-démocrate, flexible est adaptée par ses tenants locaux pour répondre aux nécessités du moment. Ici deux problématiques émergent et montrent l’intérêt du partenariat : le contexte sous régional et le contexte ivoirien.

Sur le plan régional, la menace djihadiste est la principale nécessité à laquelle il faut faire face. Je note avec les cas de la Lybie, du Mali et Burkina Faso que c’est l’affaiblissement de l’Etat qui a favorisé l’implantation djihadiste et affaibli davantage ces républiques qui pourraient devenir des Etats pris en otage par des fondamentalistes religieux qui rêvent la destruction des républiques en Afrique de l’Ouest. Face à cette menace, il me semble que tous les partis républicains devraient se coaliser pour faire barrage et éloigner cette menace sinon la détruire.

Au niveau national, les institutions de la république demeurent encore fragiles même si elles sont améliorées. La réconciliation nationale n’est pas achevée et rien ne nous garanti que les élections prochaines se dérouleront sans tensions et conflits. La paix ce n’est pas forcément l’absence de guerre. La paix et la réconciliation supposent un consensus autour des institutions et des mécanismes par lesquels tout prétendant accède au pouvoir et gouverne. Il y a certes le dialogue politique mais je constate avec tous que des prisonniers politiques existent encore en Côte d’Ivoire, la justice n’est pas forcément garantie pour tous, beaucoup d’acteurs sont exclus du système économique et de la sécurité sociale, leur travail et leurs droits n’étant pas reconnus (60% des ivoiriens vivent dans des bidonvilles et 69,3% vivent d’emplois vulnérables), toutes les victimes des guerres successives et de la crise de 2020 ne sont pas encore indemnisées, la démographie reste galopante… dans ce contexte le baromètre des conflits 2022 de l’HIIK(2)  montre qu’en Côte d’Ivoire il y a des zones crises violentes dans le sud, notamment la zone autour d’Abidjan, de Gagnoa, Divo et Agboville où se concentre une part importante de la population.
Au regard de ce que le pays a connu, on peut dire la situation est améliorée. Cependant, il convient de consolider ces acquis et le partenariat signé entre le FPI et le RHDP participe de cette volonté de consolider les acquis démocratiques pour une Côte d’Ivoire en paix. N'étant pas exclusionniste, Affi a lancé un appel à tous les réformistes en vue de constituer une large coalition pour freiner les ardeurs aux revanchards qui rêvent d’un match retour dans un contexte où la pression djihadiste reste la principale menace pour les pays d’Afrique de l’Ouest. 

Des visées politiciennes de l’accord

Ainsi, il est curieux que l’on traite Affi de politicien ayant une vision de court terme. Il ne penserait pas aux générations futures en signant ce partenariat. Peut-être que ceux qui élèvent cette critique n’ont pas compris que le djihadisme menace l’existence des républiques en Afrique de l’Ouest et qu’il est nécessaire d’atténuer ou d’éliminer les contradictions internes en renforçant les institutions démocratiques comme au Niger pour mieux faire face et vaincre le fondamentalisme religieux. 

Toutefois, il n’est pas non plus réaliste de nier que ce partenariat a des objectifs tactiques et permettra au FPI de renforcer son assise nationale et de grandir en participant aux élections locales avec le RHDP comme partenaire. C’est même une évidence que de dire que le FPI et Affi N’guessan luttent pour la survie. C’est le quotidien de tous les être vivants et de toutes les institutions de lutter pour se maintenir en vie. Pour le FPI, cette réalité était plus visible avec le départ de certains cadres et la tentative d’isolement avec le rejet par les partis comme le PDCI et le PPA-CI. Le génie politique d’Affi N’guessan c’est d’avoir réussi à rompre avec cet isolement en signant un accord de partenariat avec le parti majoritaire en Côte d’Ivoire. Ce n’est nullement une faiblesse mais une prouesse politique qu’il faut en toute objectivité saluer à sa juste valeur.

Cela dit, Affi n’est pas le seul homme politique qui se bat ou s’est battu pour sa survie. En Chine, le grand réformateur Deng Xiaoping avait été purgé deux fois des instances du parti communiste avant de revenir et réformer la Chine pour en faire un géant du 21ème siècle. Ici en Côte d’Ivoire, le président Henri Konan Bedié après le coup d’état de 1999 s’est battu pour éviter l’isolement et a survécu face à la fronde menée par Fologo qui avait bien d’accointances avec certains opposants. Le président Laurent Gbagbo, lorsqu’il part créer le PPA-CI son objectif à court terme c’est d’exister politiquement alors que pour lui, les autres voulaient le mettre précipitamment à la retraite. Tout comme eux le président Alassane Ouattara a fait sauter la limite d’âge pour continuer à peser encore sur la vie politique nationale. Qui sait si les trois ne seront pas candidats en 2025 ?

Ainsi, l’homme politique est beaucoup sujet à l’isolement mais la politique étant une autre manière de continuer la guerre, il doit comme à la guerre nouer des alliances tactiques pour se sortir du piège de l’isolement qui est une menace constante. Il ne doit pas craindre l’isolement mais l’utiliser comme un moyen pour faire montre de son génie politique et renforcer son leadership. 

Affi, il faut le reconnaitre prouve à travers ce partenariat son sens stratégique et sa capacité à transformer les situations a priori difficiles en opportunité. Il faut le dire, beaucoup ont rêvé arriver à faire un tel partenariat qui préserve l’identité des partenaires tout en favorisant le dialogue sur les questions essentielles qui touchent à la vie de la nation. Certains avaient même fait le pari que ce partenariat annoncé par Affi N’guessan sur les antennes d’une chaîne privée n’aura jamais lieu. Le constat est qu’ils ont malheureusement perdu ce pari.

J’allais ajouter que si vous chercher ce qu’il y a de commun entre le RHDP et le FPI, il faut vous dire que se sont deux partis républicains. C’est suffisant pour amorcer le dialogue et aboutir à un partenariat.

Pour conclure, on ne peut donc faire le reproche à Affi N’guessan de signer un partenariat avec le RHDP. La ligne idéologique du FPI qui se revendique social-démocrate l’autorise et l’encourage. Ensuite ce partenariat démontre à souhait le sens tactique d’Affi N’guessan et son génie politique. Il se sort d’une situation difficile de façon magistrale mais en même temps il démontre qu’il est un grand républicain qui se préoccupe de l’avenir en cherchant à consolider les acquis démocratiques et la paix dans un contexte sous régional marqué par la menace djihadiste.


Georges AKA,
SGA et Porte-parole Europe du FPI


__________________
(1) : Adam Chaff, L’homme et Société : La définition fonctionnelle de l’idéologie et le problème de la fin du siècle de l’idéologie, 1967, pp 49-59 
(2) : Heidelberger Institut für Internationale Konfliktforschung - The Conflict Barometer 2022. 
L'Institut Heidelberg pour la recherche sur les conflits internationaux est une association enregistrée indépendante et interdisciplinaire située au Département de science politique de l'Université de Heidelberg





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