" Ad augustam per angousta " dit le latin comme pour signifier que rien ne s'obstient dans la facilité. En clair, le parcours de Vincent To Bi Irié, ex préfet d'Abidjan pendant sa vie scolaire n'a pas été aussi rose qu'on puisse le croire. Il n'a pas du tout vécu l'âge d'or. C'était dur ! Très dur même ! Vincent To Bi Irié a relaté sans faux fuyant, mais plutôt avec un enthousiasme teinté d'ironie, son passage à Dabou et singulièrement au lycée Tiapani de Dabou. "J'ai fréquenté le lycée Tiapani. J'ai pratiquement vécu toute mon enfance à Dabou. Mon papa était parmi les plus modestes. J'ai vécu la galère. Je portais des sandales trouées. J'ai même été chassé une fois parce-que je n'avais pas de tenue de sport, faute de moyens financiers. À l'internat, nous dormions avec les moustiques. Les repas qu'on nous servait ne suffisaient pas. Très tard dans la nuit après le contrôle des éducateurs, une autre vie renaissait où nous mangions le "garba et le gari". C'était dur mais on aimait cela", a confié Vincent To Bi Irié.
Cela n'a pourtant pas déteint négativement sur son rendement scolaire. Bien au contraire ! " Nos éducateurs étaient très sévères et aucune faute n'était tolérée. Nous respections nos aînés et nos professeurs et encadreurs comme des demi dieux. Nous travaillons bien à l'école et chacun nourrissait de grandes ambitions. Chacun voulait être un cadre dans ce pays. J'avais cette conviction, chacun de nous avait foi en ce qu'il faisait. On s'y est accroché et on a foncé. J'ai compris qu'il faut aimer ce que vous voulez faire. Aujourd'hui, je marche avec les enfants des riches.
Dans la vie professionnelle, après un brillant parcours en qualité de diplomate où j'ai parcouru pratiquement 43 pays d'Afrique sans compter les pays d'Europe et d'Amérique, j'ai décidé de retourner pour servir mon pays. Je suis alors nommé assistant au ministère de l'intérieur sous feu Ahmed Bakayoko. C'était très dur mais j'ai accepté travailler à côté d'un grand homme. C'est ainsi que je suis nommé successivement chef de cabinet puis directeur de cabinet. Un peu plus tard, soit le 6 août 2018, le Président de la République me confie la préfecture d'Abidjan ", retrace t il.
Au cours de cette rencontre, l'ex préfet d'Abidjan voulait inculquer trois leçons aux élèves, à savoir la foi en ce qu'on fait, l'humilité et la reconnaissance. La foi parce qu'il faut toujours croire en ce qu'on fait. Cela implique la rigueur, la détermination et surtout la conviction. L'humilité implique le respect mais surtout la soumission et l'acceptation et le sacrifice. Enfin la reconnaissance à ceux qui d'une manière ou d'une autre ont permis d'atteindre le sommet. On a toujours besoin du soutien des autres pour mieux avancer. Un retour sur ses traces après 35 ans est une autre forme de reconnaissance. Et ce parcours a profondément ému le proviseur du lycée Tiapani, Siriki Diarrassouba ainsi que les élèves qui ont répondu massivement à cette rencontre. Ces derniers ont plaidé auprès de l'hôte du jour pour que certains bâtiments leur lycée soient réhabilités.
Norbert N'Kaka