Alfred Guemene, vice-président de la CRAF
Dans la kirielle de témoignages commémoratifs de la chute du président Gbagbo, jai été marqué par le récit de Jeune Afrique qui a fait d'importantes révélations.
Qui achèvent de me conforter dans ma position.
D'abord, je ne suis pas d'accord avec ceux qui estiment que Laurent Gbagbo aurait encore un destin présidentiel. Et qu'il devrait reprendre le chemin de l'arène politique, en vue de se donner les moyens d'une nouvelle conquête du pouvoir d'État en vue d'une nouvelle gouvernance de la Côte d'ivoire.
Dans le fond, il n'est pas totalement saugrenu d'envisager une telle perspective. Dans la mesure où le mentor a encore quelques forces résiduelles, et que, surtout, la mission historique de refondation de la Côte d'ivoire qu'il s'est assignée est loin d'être achevée. Si tant est qu'elle ait jamais commencé.
Mais, franchement, sans jouer les oiseaux de mauvais augures, je pense que les ivoiriens ont touché le fond avec Laurent Gbagbo.
Qui leur a ouvert les yeux, avec une profonde conscientisation sur l'impérieuse exigence de la réduction des inégalités sociales, et sur les vertus de la démocratie comme mode d'organisation sociétale.
Disons-le tout net !
Les ivoiriens ont placé leur espoir en Laurent Gbagbo qui, selon eux, était le mieux placé pour assurer la transformation socio-économique de la Côte d'ivoire.
Mais les ivoiriens étaient loin d'imaginer que le pouvoir de leur timonier subliminal allait se terminer de cette manière.
Et Jeune Afrique nous a donné la totale mesure du mal qui a rongé le pouvoir de Laurent Gbagbo. L'orgueil, la surestimation ou la mauvaise appréciation de la relativité de toute force.
Résumons.
Face aux bombardements massifs des forces coalisées, pour limiter les dégâts qui commençaient à s'intensifier, et pour éviter de nombreuses pertes en vies humaines, le ministre Alcide Djedje suggère d'aller rencontrer l'ambassadeur de France. Pour négocier les conditions d'un cessez le feu.
Le président Gbagbo accède prestement à la suggestion de son ministre qui part négocier. « Laissez-le faire son travail », conseille-t'il aux faucons.
À son retour, à peine rend-t-il compte qu'il est brocardé, vilipendée, traité de traître.
Il est chassé comme un malpropre. Et ordre lui est intimé, par Simone, de ne plus remettre les pieds à la résidence. « Il est allé trop loin », estime t'on.
Son crime ? C'est d'avoir simplement été réaliste. En conseillant que Laurent Gbagbo cède le pouvoir au vainqueur de l'élection présidentielle, selon l'ONU.
Voilà le sulfureux contexte des fameux propos qui circulent dans la chaumière.
« Le Dieu que je prie ne m'a pas encore dit que nous avons perdu la guerre »
La suite de cette obstination déraisonnable est connue...
Mais le plus sidérant et le plus pathétique, c'est que le "chemin du traître" est aujourd'hui pavé de gens qui se prenaient pour des saints à canoniser.
Et qui sont contraints de se ridiculiser par d’humiliantes négociations avec le pouvoir du "monstre" Ouattara.
Ah ! Si on avait écouté Alcide Djedje ?
Le Général Guillot