L'ancien président ivoirien rentrera dans son pays après dix ans d'absence, plus de deux mois après que la CPI ait confirmé le 31 mars son acquittement, prononcé en 2019. Laurent Gbagbo est ainsi définitivement reconnu non coupable de crimes contre l'humanité.
Demain jeudi 17 juin donc Laurent Gbagbo rentrera en Côte d’Ivoire. Quels sont les enjeux de son retour au pays natal ? Sa présence sera-t-elle embarrassante pour le pouvoir du président Ouattara et pour son parti le FPI ? Envisagera t-il son avenir politique dans une compétition électorale pour 2025 ?
Le FPI entre réjouissances et clarification
A Abidjan, son parti le Front Populaire Ivoirien est en proie à de graves dissensions internes, et malgré les apparences festives affichées, ce parti est partagé entre joie et soulagement sur la question de l’arrivée de son fondateur.
Le camp du Dr. Assoa Adou à qui, Laurent Gbagbo a confié l’organisation de son retour "appelle à fêter le retour de Laurent Gbagbo dans un esprit de réconciliation", tandis que celui du président de ce parti reste assez sobre, attend avec impatience l’heure de la "clarification". D’ailleurs, Pascal AFFI N’Guessan, président du FPI se confiait récemment à BRUT, en ces termes : "… soulagé, soulagé doublement d’abord parce que c’est un retour qui marque la fin d’une période de souffrance pour lui-même, d’injustice qu’il a vécue… Soulagé aussi, parce que ce retour va permettre de clarifier le débat à l’intérieur du parti, puisque ceux que nous appelons les GOR, c’est-à-dire le courant qui anile cette frange, se sont toujours réclamés de lui, ont toujours clamé qu’ils agissent en son nom, qu’ils sont en mission pour son compte. Pour nous, c’est une situation qui a besoin d’être clarifiée, dans la mesure où elle jure avec les valeurs que nous avons décidé de défendre, avec les valeurs de la démocratie, même de la république, puisque nous sommes dans une république démocratique, et nous ne sommes pas dans une république clanique."
Ce retour de Laurent Gbagbo va à coup sûr permettre que ses partisans se retrouvent enfin face à face, du moins, pour un premier temps de clarification, seule voie possible pour aller à l’unité tant attendue par les militants de ce parti.
Demain jeudi 17 juin donc Laurent Gbagbo rentrera en Côte d’Ivoire. Quels sont les enjeux de son retour au pays natal ? Sa présence sera-t-elle embarrassante pour le pouvoir du président Ouattara et pour son parti le FPI ? Envisagera t-il son avenir politique dans une compétition électorale pour 2025 ?
Le FPI entre réjouissances et clarification
A Abidjan, son parti le Front Populaire Ivoirien est en proie à de graves dissensions internes, et malgré les apparences festives affichées, ce parti est partagé entre joie et soulagement sur la question de l’arrivée de son fondateur.
Le camp du Dr. Assoa Adou à qui, Laurent Gbagbo a confié l’organisation de son retour "appelle à fêter le retour de Laurent Gbagbo dans un esprit de réconciliation", tandis que celui du président de ce parti reste assez sobre, attend avec impatience l’heure de la "clarification". D’ailleurs, Pascal AFFI N’Guessan, président du FPI se confiait récemment à BRUT, en ces termes : "… soulagé, soulagé doublement d’abord parce que c’est un retour qui marque la fin d’une période de souffrance pour lui-même, d’injustice qu’il a vécue… Soulagé aussi, parce que ce retour va permettre de clarifier le débat à l’intérieur du parti, puisque ceux que nous appelons les GOR, c’est-à-dire le courant qui anile cette frange, se sont toujours réclamés de lui, ont toujours clamé qu’ils agissent en son nom, qu’ils sont en mission pour son compte. Pour nous, c’est une situation qui a besoin d’être clarifiée, dans la mesure où elle jure avec les valeurs que nous avons décidé de défendre, avec les valeurs de la démocratie, même de la république, puisque nous sommes dans une république démocratique, et nous ne sommes pas dans une république clanique."
Ce retour de Laurent Gbagbo va à coup sûr permettre que ses partisans se retrouvent enfin face à face, du moins, pour un premier temps de clarification, seule voie possible pour aller à l’unité tant attendue par les militants de ce parti.
La question de la réconciliation interne au FPI
La réconciliation interne au FPI va être un important défi qui attend l’ex-président Laurent Gbagbo. D’autant qu’il jouera sa crédibilité auprès de ceux de ses partisans qui ont cru aux valeurs de démocratie, de dialogue et qui pendant toutes ses années de détention de leur fondateur, sont restés dans la légalité. Leur chef Pascal AFFI N’Guessan a beaucoup encaissé, pour avoir choisi la voie du dialogue et de la négociation avec le pouvoir Ouattara. Pourtant, c'est une simple application du « asseyons-nous et discutons », indique un cadre de ce parti sur les réseaux sociaux.
L’autre camp, appelé communément Gbagbo Ou Rien qui s’est formé, organisé autour du nom de Laurent Gbagbo, dispute le leadership du président du FPI. Il est clair que les GOR n’auraient pas pu prospérer sans l’accord implicite de Laurent Gbagbo lui-même. Ce qui leur accorde une certaine crédibilité pour agir et parler en son nom devant les autorités ivoiriennes et l’opinion.
Dans un tel contexte, comment va se faire cette unité interne ? Autour de quoi peuvent-ils s’entendre à minima ?
Autant d’interrogations que Georges AKA, SGA en charge de l’Europe et Porte-Parole Europe de ce parti abordait sur le plateau de France 24 le 01 juin 2021 dernier, en ces termes :
"Justement quand on parle de l’unité interne au FPI, on pense prolongement de la crise de 2010/2011 … le débat sur l’unité du parti va se faire autour de certaines interrogations :
- Est-ce qu’on renoue avec les fondamentaux démocratiques internes ?
- Est-ce qu’on se retrouve autour des textes, des valeurs de démocratie ?
Ou
- Est-ce qu’on reste dans une logique patrimonialiste, une logique d’adoration qui n’est pas la marque des partis modernes et démocratiques ; contre quoi nous avons mené le combat contre le parti unique d’Houphouët Boigny.
Nous faisons confiance aux textes du parti, et aux militants.
Dans tous les cas, il nous faut discuter et trouver le compromis à faire pour sauver le FPI. C’est fondamental à la survie de la démocratie en Côte d’Ivoire. C’est fondamental pour sauvegarder le modèle dont le FPI a fait la promotion depuis 1990 et qui n’est basé sur aucun clan, aucune tribu, mais qui au contraire fait la promotion de la compétence, du dialogue et du partage pour le bonheur pour tous les ivoiriens."
A quel type d’accueil devons-nous nous attendre ?
Le format retenu semble être celui d’un accueil digne et sobre si l’on s’en tient aux informations reçues des organisateurs. L’accueil sera digne parce que "Le président Alassane Ouattara a décidé de donner le pavillon présidentiel pour accueillir le président Laurent Gbagbo." Un geste en faveur de la réconciliation nationale salué « solennellement » par le Dr Assoua Adou, lors d'une conférence de presse lundi. Sobre parce qu’un format de 130 personnes maximum (famille 10 personnes, FPI 10 personnes, autres partis 10 personnes, bâches 100 personnes), sans la sécurité et le protocole.
Le cortège pourra également s’arrêter sur le chemin pour saluer les foules qui viendront l’accueillir.
L’acquittement de l’ex-président Laurent Gbagbo n’a pas apaisé la colère de ses adversaires, qui estiment toujours qu’il a précipité la Côte d’Ivoire dans le chaos en refusant sa défaite face à leur leader Alassane Ouattara à la présidentielle de 2010. Ils le tiennent pour responsable des quelque 3 000 personnes tuées durant les affrontements de la crise post-électorale, et demandent par la voix de M. Issiaka Diaby, Président du Collectif des victimes de Côte d’Ivoire (CVCI), que Laurent Gbagbo soit "arrêté à son arrivée à l’aéroport".
Rappelons que l’ex-président reste sous le coup d’une condamnation en Côte d’Ivoire à vingt ans de prison pour le « braquage » de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) commis à cette époque. Pour le Collectif des victimes de Côte d’Ivoire (CVCI), cette peine doit être exécutée.
Il n’y aura donc pas d’accueil populaire et triomphal avec bain de foule à l’aéroport pour éviter des débordements.
Ce type d’accueil digne et sobre, nous l’espérons, ne devrait pas être au centre des crispations politiques, ni approfondir la division entre les ivoiriens.
Le format retenu semble être celui d’un accueil digne et sobre si l’on s’en tient aux informations reçues des organisateurs. L’accueil sera digne parce que "Le président Alassane Ouattara a décidé de donner le pavillon présidentiel pour accueillir le président Laurent Gbagbo." Un geste en faveur de la réconciliation nationale salué « solennellement » par le Dr Assoua Adou, lors d'une conférence de presse lundi. Sobre parce qu’un format de 130 personnes maximum (famille 10 personnes, FPI 10 personnes, autres partis 10 personnes, bâches 100 personnes), sans la sécurité et le protocole.
Le cortège pourra également s’arrêter sur le chemin pour saluer les foules qui viendront l’accueillir.
L’acquittement de l’ex-président Laurent Gbagbo n’a pas apaisé la colère de ses adversaires, qui estiment toujours qu’il a précipité la Côte d’Ivoire dans le chaos en refusant sa défaite face à leur leader Alassane Ouattara à la présidentielle de 2010. Ils le tiennent pour responsable des quelque 3 000 personnes tuées durant les affrontements de la crise post-électorale, et demandent par la voix de M. Issiaka Diaby, Président du Collectif des victimes de Côte d’Ivoire (CVCI), que Laurent Gbagbo soit "arrêté à son arrivée à l’aéroport".
Rappelons que l’ex-président reste sous le coup d’une condamnation en Côte d’Ivoire à vingt ans de prison pour le « braquage » de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) commis à cette époque. Pour le Collectif des victimes de Côte d’Ivoire (CVCI), cette peine doit être exécutée.
Il n’y aura donc pas d’accueil populaire et triomphal avec bain de foule à l’aéroport pour éviter des débordements.
Ce type d’accueil digne et sobre, nous l’espérons, ne devrait pas être au centre des crispations politiques, ni approfondir la division entre les ivoiriens.
A quoi peut-on s’attendre après le 17 juin 2021 ?
Laurent Gbagbo arrivera à l’aéroport international Felix-Houphouët Boigny par un vol régulier en provenance de Bruxelles qui doit atterrir à 15h45 (heure locale et TU). Il arrivera en "homme de paix" et sa présence devrait booster la réconciliation nationale affirme-t-on du côté du parti à la rose. Les organisateurs de son arrivée mettent en avant l'esprit de réconciliation qui doit animer les militants du FPI.
"Ce monsieur arrive et avant d’arriver, il nous dit : menez une campagne nationale pour la réconciliation nationale, parce que la Côte d’Ivoire doit se retrouver, les enfants du pays doivent se retrouver. Nous devons aller sur la voie du progrès et de la réconciliation. Donc, je demande à tous ces sympathisants d’être dans cet esprit, de ne pas répondre aux provocations – parce qu’ils vont nous provoquer –, d’éviter les provocations, de ne pas répondre aux injures et de dire à tous ceux qui manifestent pour dire qu’ils ne sont pas contents : l’essentiel, c’est de se retrouver pour reconstruire un pays en pays, un pays de fraternité comme le dit notre hymne national." A déclaré le Dr Assoa Adou.
A 76 ans, Laurent Gbagbo fondateur du FPI, reste toujours un militant de son parti. Il est forcément concerné par la vie de son parti, par le présent et l’avenir du FPI.
Un autre défi qu’il devra relever après celui de l’unité sera de reprendre les rênes de son parti, nous apprend un cadre GOR qui a requis l’anonymat.
Du côté du camp AFFI N’Guessan, les attentes sont plutôt "qu’il contribue à mettre tout le monde ensemble. Les questions de positionnement doivent être secondaires."
Après son arrivée, Laurent Gbagbo pourra donc jouer un rôle dans la réconciliation interne à son parti, et incarner l’unité nationale sans tomber dans les batailles, les antagonismes.
S’il veut réussir ce pari, il doit tourner la page de ces douloureuses crises passées, prendre avec courage la décision de se réconcilier avec Alassane Ouattara.
Enfin, un autre grand défi qui l’attend reste celui de l’alternance.
La Côte d’Ivoire n’a jamais connue une alternance démocratique et pacifique. Il serait temps que Laurent Gbagbo, Bedié et Alassane passent la main à une nouvelle génération. Il faut qu’ils mettent à profit le retour de Laurent Gbagbo pour organiser leur sortie du jeu politique.
C’est seulement à ce prix que ce pays connaitra un retour à la normale
A contrario, s’’ils se mettent en compétition, s’ils deviennent encore des protagonistes, alors la réconciliation serait difficile.
Sortir du jeu ne doit pas être vu comme une sanction individuelle, c’est pour la paix, pour la réconciliation et aucun sacrifice n’est de trop.
Junior Gnapié
Laurent Gbagbo arrivera à l’aéroport international Felix-Houphouët Boigny par un vol régulier en provenance de Bruxelles qui doit atterrir à 15h45 (heure locale et TU). Il arrivera en "homme de paix" et sa présence devrait booster la réconciliation nationale affirme-t-on du côté du parti à la rose. Les organisateurs de son arrivée mettent en avant l'esprit de réconciliation qui doit animer les militants du FPI.
"Ce monsieur arrive et avant d’arriver, il nous dit : menez une campagne nationale pour la réconciliation nationale, parce que la Côte d’Ivoire doit se retrouver, les enfants du pays doivent se retrouver. Nous devons aller sur la voie du progrès et de la réconciliation. Donc, je demande à tous ces sympathisants d’être dans cet esprit, de ne pas répondre aux provocations – parce qu’ils vont nous provoquer –, d’éviter les provocations, de ne pas répondre aux injures et de dire à tous ceux qui manifestent pour dire qu’ils ne sont pas contents : l’essentiel, c’est de se retrouver pour reconstruire un pays en pays, un pays de fraternité comme le dit notre hymne national." A déclaré le Dr Assoa Adou.
A 76 ans, Laurent Gbagbo fondateur du FPI, reste toujours un militant de son parti. Il est forcément concerné par la vie de son parti, par le présent et l’avenir du FPI.
Un autre défi qu’il devra relever après celui de l’unité sera de reprendre les rênes de son parti, nous apprend un cadre GOR qui a requis l’anonymat.
Du côté du camp AFFI N’Guessan, les attentes sont plutôt "qu’il contribue à mettre tout le monde ensemble. Les questions de positionnement doivent être secondaires."
Après son arrivée, Laurent Gbagbo pourra donc jouer un rôle dans la réconciliation interne à son parti, et incarner l’unité nationale sans tomber dans les batailles, les antagonismes.
S’il veut réussir ce pari, il doit tourner la page de ces douloureuses crises passées, prendre avec courage la décision de se réconcilier avec Alassane Ouattara.
Enfin, un autre grand défi qui l’attend reste celui de l’alternance.
La Côte d’Ivoire n’a jamais connue une alternance démocratique et pacifique. Il serait temps que Laurent Gbagbo, Bedié et Alassane passent la main à une nouvelle génération. Il faut qu’ils mettent à profit le retour de Laurent Gbagbo pour organiser leur sortie du jeu politique.
C’est seulement à ce prix que ce pays connaitra un retour à la normale
A contrario, s’’ils se mettent en compétition, s’ils deviennent encore des protagonistes, alors la réconciliation serait difficile.
Sortir du jeu ne doit pas être vu comme une sanction individuelle, c’est pour la paix, pour la réconciliation et aucun sacrifice n’est de trop.
Junior Gnapié