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Politique Ivoirienne/ Arsène Touho donne les raisons de sa rupture avec Gbagbo"

Rédigé par Abidjan4all le Mercredi 19 Avril 2023 à 14:55 | Lu 437 fois


Arsène Touho président de OID (Observatoire International des questions de Droits) est un ancien militant et cadre de l'UNG (Union des Nouvelles Génération) de Stéphane Kipré, parti politique ivoirien désormais fondu dans le PPA-CI (Le Parti des peuples africains – Côte d'Ivoire) de Laurent Gbagbo. Il donne dans ce papier livré sur sa page Facebook, les raisons de sa rupture avec Gbagbo et son départ de ce parti.







On m'a demandé si je ne suis plus avec Laurent Gbagbo parce qu'il a renié le programme de la refondation et les valeurs idéologiques qui justifiaient mon soutien à lui hier. J'ai répondu !!!

Steve Beko  dans une publication tu as demandé que le débat soit ouvert pour que "les camarades d'hier" viennent expliquer ce qu'ils "reprochent à Laurent Gbagbo au point d'abandonner le navire qu'il pilote". Évidemment cette invitation me concerne puisque je fais partie des camarades d'hier qui ont décidé de ne plus être avec Gbagbo.

Avant de répondre à chacune de tes questions je vais d'abord procéder à  des clarifications préalables.

𝗖𝗹𝗮𝗿𝗶𝗳𝗶𝗰𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻𝘀 𝗽𝗿é𝗮𝗹𝗮𝗯𝗹𝗲𝘀 :

1. En ce qui me concerne, je n'ai jamais appartenu à une organisation politique dirigée par Laurent Gbagbo. Si on doit trouver un navire piloté par Gbagbo dans lequel j'étais passager, c'est le navire de la Côte d’Ivoire et cela s'est passé en 4 temps : 

𝟏𝐞𝐫 𝐭𝐞𝐦𝐩𝐬 : Quand en 2000 le Général Guéi Robert a écarté la CEI avant de se proclamer président élu à la télévision et que Laurent Gbagbo avait demandé au peuple d'aller "chercher le pouvoir dans les rues" j'etais de ce peuple qui a couru (je dis bien couru) de Yopougon au plateau pour aller affronter, les mains nues, les hommes de Boka Yapi. J'écris ce post aujourd'hui pcq je fais partie des miraculés de la lagune Ebrié. La victoire du président élu de mon pays selon les institutions habilitées ne devait pas être volée par un militaire.

𝟐𝐞 𝐭𝐞𝐦𝐩𝐬 : quand la tentative du coup d'Etat du 19e septembre 2002 s'est transformée en rébellion armée, coupant le pays en deux, je fais partie des patriotes ivoiriens qui se sont opposés aux ennemies de la démocratie et qui ont exigé le respect des institutions et de celui qui les incarnait, le président élu : Laurent Gbagbo. Après les accords de Marcoussis, la première manifestation de protestation des ivoiriens devant le 43e BIMA a été organisée par la section FESCI de Vridi cité où SOA 1 et Sakpa Doé Constant SO. Gbagbo avait signé les accords mais nous on dit on s'en fout parce qu'il a été contraint. Il fallait restituer à la CI sa souveraineté bafouée et redonner à Laurent Gbagbo la force et la dignité d'un Président libre. Je te laisse donc noter au passage que c'est notre capacité à réfléchir de nous même en dehors du cerveau de Gbagbo qui nous a permis de "déchirer" les accords de Marcoussis pcq pour nous celui qui a signé ces accords ce n'est pas le Président de la CI c'est un otage. Il nous a vus et il a eu la force de dire "Modiaaa de Marcoussis".

𝟑𝐞 𝐭𝐞𝐦𝐩𝐬 : quand en 2005, sous prétexte que le mandat de Laurent Gbagbo était fini et qu'un certain Albert Tchévoédjré et ses acolytes rassemblés au sein d'un certain GTI (Groupe de travail international) se sont abrogé le droit d'annoncer la dissolution de l'assemblée nationale de CI, je fais partie des manifestants de la FESCI qui ont couru du campus de Cocody jusqu'au siège de L'ONUCI à Attecoubé pour aller "affronter" les casques bleus, les mains nues. Le lendemain, Albert Tchévoédjré et son gang ont changé de bouche : ko "c'est pas ce qu'on voulaiet dire".

𝟒𝐞 𝐭𝐞𝐦𝐩𝐬 : quand Gbagbo  subit le coup de force militaire le 11 avril 2011 et qu'il est emprisonné à Khorogo puis à La Haye, je fais partie des résistants qui ont parcouru le monde entier pour protester contre sa déportation et exiger non seulement sa libération mais aussi sa réhabilitation politique en tant que président légalement élu par les ivoiriens et proclamé comme tel par les institutions habilitées lors de l'élection de 2010. Laurent Gbagbo a redonné force à ce combat quand, à la CPI, il a remis au centre du débat la fameuse question "qui a gagné les élections" ? ; tout en nous galvanisant en proclamant sa détermination de rester dans ce combat : "on va aller jusqu'au bout".

Steve Beko, c'est dans ce combat on était jusqu'à ce qu'un matin, je découvre que Gbagbo a mis de côté le combat de "qui a gagné les élections" pour se mettre dans le combat de "je veux diriger le FPI". Donc celui qui a abandonné le navire CI dans lequel moi j'étais c'est Gbagbo et non moi. 
 


2. Je ne parlerai pas à la place des autres "camarades d'hier" Jean Yves Dibopieu (SOAF), Charles Blé Goudé (COJEP + Alliance des jeunes patriotes), Serge Koffi (CONARECI + CRAC) pcq je ne sais pas s'ils se considéraient comme passagers d'un navire que Gbagbo pilotait mais je peux au moins affirmer que chacun d'eux était au volant de son propre bateau et participait au convoi patriotique qui escortait et protégeait le pouvoir FPI.

Jusqu'à preuve du contraire, ces 3 camarades ne se sont jamais déclarés "ex camarades d'hier" de Gbagbo. Jusqu'à ce jour, Charles Blé Goudé continue de clamer sa filiation politique avec Gbagbo ; Serge Koffi dont la dernière interview vous a mis au travail a choisi d'épargner Gbagbo en disant clairement que la signature du document qui faisait office de témoignage de Gbagbo n'est pas de Gbagbo ; même Jean Yves Dibopieu qui, il y a quelques jours, pleurait de toutes ses larmes de s'être senti abandonné par sa famille politique a pu avoir la force de n'accuser personne. Donc tu n'as aucune légitimité qui puisse ton fonder à classer au rang de "ex camarades d'hier" des leaders qui ont lutté avec/pour Gbagbo, qui ne l'ont pas encore renié et dont l'histoire n'a pas commencé à s'écrire sur Facebook.

Revenons maintenant à tes questions.

Gbagbo a-t-il renié le projet de la refondation?

Steve Beko tu sais très bien que personne parmi ceux que tu appelles "les camarades d'hier" n'a une seule fois dit que Gbagbo renié le projet de la refondation. Pour la simple raison que si on le faisait ce serait insulter notre combat patriotique contre ceux qui ont introduit la guerre en CI pour empêcher le projet de la refondation.

Cependant Mamadou Koulibaly, un des concepteurs et acteurs de la refondation a reconnu dans une interview qu'il regrette d'avoir été de ceux du FPI qui, une fois au pouvoir, sont restés collés à la vision théorique du projet de société plutôt que d'adopter une approche pragmatique de gestion de la réalité du pouvoir. Il a dit que quand les informations arrivaient que des soldats s'entraînaient au Burkina Faso pour attaquer la CI, le gouvernement FPI a fait le choix de continuer à dérouler le programme de la refondation pour lequel il a été élu et non de renforcer le renseignement et les moyens de défense militaires de la CI. Le résultat est connu. 

En ce qui me concerne, je reconnais que la rébellion et la situation de ni paix ni guerre entre 2002 et 2010 sont les causes principales (si y a des causes principales c'est que y a des causes subsidiaires dont je choisis de ne pas parler) qui ont empêcher la réalisation du projet de la refondation. La rébellion est donc une cause qui explique et fait comprendre pourquoi la refondation n'a pas été réalisée ; mais pour moi la rébellion n'est pas une excuse. 

Pour la simple raison que la défense du territoire national est la première mission d'un Chef d'Etat. L'article 24 de la Constitution confère l'exclusivité de la défense et de la sécurité nationale aux armées. Or le Chef de l'Etat est le chef suprême des armées. Cette responsabilité du Chef de l'Etat est d'autant plus grande que l'article article 34 de la Constitution, lui confère le statut de "garant de l'intégrité du territoire". Steve Beko, "garant de l'intégrité du territoire", ça veut dire, le Chef de l'Etat s'engage à assurer la sécurité du pays ; donc si le pays n'est pas sécurisé, le responsable c'est lui. 

Je précise que je n'explique pas tout ça pour accabler Gbagbo mais juste pour vous inviter à baissee un peu vos épaules quand vous brandissez l'argument de la guerre comme l'excuse qui blanchit totalement Gbagbo des conséquences de la guerre. Donc en résumé nous avons confié la CI Gbagbo pour réaliser le projet de la refondation et pour nous protéger. Si le projet de la refondation n'a pas pu être réalisé, c'est à cause de la guerre que Gbagbo n'a pas pu empêcher ni gagner, comme il l'expliquait lui même en 2007 aux militaires venus lui demander une augmentation de salaire : "je n'ai pas d'argent parce que nous n'avons pas gagné la guerre".

 


Laurent Gbagbo a-t-il renié les valeurs idéologiques qui justifiaient votre soutien d'hier?

Steve Beko, je ne sais pas ce que les autres répondront à cette question mais moi je te réponds OUI, et je vais le prouver.

Concernant les valeurs idéologiques du combat politique de Laurent Gbagbo qui ont fondé mon adhésion et qu'il a fini par bafouer lui même, je peux les regrouper autour de deux séries de causes lointaines et immédiates qui ont provoqué mon départ de l'ex Union des Nouvelles Générations.


Les causes lointaines de ma rupture avec Gbagbo

Tu sais Steve Beko, avant mon départ de l'UNG le 18 juin 2021, à 3 reprises à Paris j'ai été présenter ma démission au président Stéphane Kipré : deux fois à son bureau chez lui et une fois chez l'un de ses collaborateurs autoproclamé fanatique de Gbagbo qui organisait une crémaillère chez lui. Si tu te rappelles, quand je suis arrivé j'ai demandé à voir le Président en apparté et on s'était retiré dans l'une des chambres avec deux chaises.

Pour la 3e fois donc j'étais venu lui présenter ma démission en lui exposant mes motivations qui sont relatives aux valeurs de Gbagbo dont tu parles. Je lui ai dit ceci : Président, je me rends compte que le combat que le Parti mène depuis 2011 pour la libération du président Laurent Gbagbo  est en train de basculer vers un combat pour sa reconquête du FPI. 

Autant je reconnais ton leadership qui te confère le droit de faire respecter la ligne politique du parti, autant je n'ai pas adhéré à l'UNG pour que Gbagbo redevienne Président du FPI. Et puisque je ne veux pas continuer à être perçu comme l'indiscipliné de ton groupe, le grain de sable qui empêche ta machine de bien fonctionner, le perturbateur de destinée, je veux vraiment que cette fois ci tu acceptes ma démission de la Direction du parti pour que tu continues sur cette voie avec tes collaborateurs à qui cette nouvelle orientation convient. 

Au delà de cette nouvelle ligne politique qui était incompatible avec mon engagement à l'UNG, j'ai aussi dit au Président que la posture que Laurent Gbagbo adopte dans la crise au FPI est truffée de contradictions aux valeurs idéologiques de son combat politique. Voici ces contradictions :

1. La justice et l'égalité : Laurent Gbagbo s'est toujours battu pour que toute gouvernance des hommes soit faite en recherchant la justice et l'égalité entre eux. Appliqué au FPI, cela signifie pour moi qu'en tant que leur "référant politique" (c'est votre mot) les acteurs de la crise du FPI, qui le considèrent tous d'ailleurs comme tel, doivent bénéficier du même traitement de sa part. Donc en choisissant de ne recevoir à la Haye que la frange Gbagbo Ou Rien du FPI incarnée par Sangaré Aboudramane sans accorder une seule fois cette chance à l'autre frange incarnée par Affi Nguessan, on ne peut pas dire que cette posture est juste et équitable de la part de Gbagbo ; on ne peut pas dire que GOR et affidé sont traités de façon égale par Gbagbo. il y a donc une rupture du principe d'égalité entre les militants du FPI de la part du Chef de tous. En choisissant de n'accorder son oreille qu'à un seul camp bélligerant pour se forger une opinion sur la crise au FPI, Gbagbo ne fait pas preuve de justice dans le traitement de la crise au FPI ;

2. Liberté d'expression/liberté d'opinion :  dans la crise du FPI, Affi Nguessan a été accusé d'avoir commis le péché de vouloir tourner la page de Gbagbo parce qu'il estimait que la vie du parti ne pouvait pas s'arrêter parce que Gbagbo est en prison et qu'au contraire le FPI devait se réorganiser. Partant du constat que les forces du FPI étaient trop dispersées pour contraindre le pouvoir, il fallait opter pour la politique de négociation pour obtenir la libération de Gbagbo et des autres prisonniers politiques ainsi que le retour des exilés. 

En face de lui, la frange GOR du FPI dit que  cette stratégie est une trahison parce que c'est une façon d'abandonner celui-ci. Et Gbagbo semble conforter ce jugement en n'ouvrant ses portes qu'à cette frange. 

Or au FPI, l'article 6 des Statuts dit que le FPI est un parti qui "consacre, conformément au principe de la liberté d'expression, la discussion en son sein". Donc même si la position d'Affi n'était pas la bonne position selon la vision de ses adversaires, cette position devrait au moins être acceptée comme une opinion et non comme l'expression d'une trahison qui allait même lui valoir "la radiation". Et encore une fois Gbagbo continue de consolider cette thèse de "Affi est un traitre". Dès lors, je conclue que la posture de Gbagbo qui considère la position de Affi comme une trahison au lieu de l'aborder comme une opinion est contraire aux exigences de la liberté d'expression et d'opinion.

3. Asseyons-nous et discutons : quand Gbagbo a commencé la politique contre le PDCI-RDA et Houphouet Boigny, il a marqué son temps avec sa phrase "asseyons nous et discutons". Une invitation qui venait rappeler à FHB que le règne de la pensée unique était terminée et qu'il fallait maintenant qu'il accepte de parler avec plus petit que lui dans l'intérêt de la CI. Mais depuis l'éclatement de la crise au FPI, Gbagbo n'a jamais accepté de s'asseoir avec Affi Nguessan pour discuter, ne serait-ce que pour l'écouter et prendre acte.
Quand j'apprends que Gbagbo exige que Affi Nguessan fasse une déclaration sur RFI avant de le recevoir, je comprends que l'invitation à l'humilité adressée à FHB, c'est parce que FHB était en position et que cela profitait à lui Gbagbo en position de faiblesse. Maintenant que lui Gbagbo se retrouve en position de force face à Affi Nguessan qui continue d'insister pour le voir, "asseyons nous et discutons" devient subitement "agenouille toi et fais moi allégeance". Là encore j'en déduis que Gbagbo ne se montre pas à la hauteur de la posture d'humilité qu'exige son propre "asseyons nous et discutons".

4. Alternance : Gbagbo est en prison à la Haye et il dit qu'il veut être président du FPI. D'abord cela me pose problème parce que même s'il n'approuve plus Affi Nguessan à la tête du FPI, n'y a-t-il personne dans le personnel politique GOR capable de briguer le poste du président du FPI ? Pourquoi Gbagbo devrait être en prison, avec toutes les contraintes de restrictions et d'indisponibilité que cela suppose pour vouloir diriger le FPI ? 

Gbagbo dont le combat pour la démocratie et le respect des lois et institutions est connu n'a-t-il pas lu l'article 101 des statuts du FPI avant de déclarer sa candidature ? Cet article dit qu'en "cas de vacance du pouvoir par démission, empêchement absolu ou définitif du président, l'intérim est assuré par le 1er vice-président et le comité central organise un congrès extraordinaire dans un délai de 3 mois". Cet article établit clairement que le principe ou ma normalité c'est quand le président du parti est disponible. La vacance du pouvoir est l'exception, c'est un incident auquel il faut apporter une réponse provisoire par l'intérim puis une réponse durable par le congrès extraordinaire qui va élire un nouveau président. 

Donc Gbagbo étant indisponible pour cause d'emprisonnement à la CPI, sa candidature signifie clairement qu'il veut faire élire la vacance du pouvoir à la tête du FPI pour ouvrir la possibilité à un intérim organisé et prévu d'avance. Mais qui est donc cet intérimaire qui ne peut pas être directement candidat face à Affi Nguessan mais qui attend que Gbagbo emprisonne d'abord la présidence du FPI avec lui à La Haye avant de la libérer pour lui ?

Bref tout cela est de nature à désavouer l'alternance dont Gbagbo a toujours fait la promotion en tant que modèle de renouvellement de la classe dirigeante qui permet qu'une compétence arrivé  son terme à la tête de l'organisation ou de l'institution soit remplacée par une autre compétence disponible. Là encore je conclus que la posture de Gbagbo désavoue les exigences de l'alternance en tant que garantie des mandats illimités.

Donc président au vue de tous ces éléments que je viens d'exposer je pense que je n'ai plus la force de figurer dans la direction d'un parti qui se donne pour référent politique Gbagbo Laurent. Je veux que tu acceptes ma démission. 

Quand j'ai fini de faire tout ce développement, encore une fois le Président m'a demandé de ne pas démissionner et de lui laisser le temps d'y voir un peu plus clair. Et nous avons clôturé la discussion. 


 
Politique Ivoirienne/ Arsène Touho donne les raisons de sa rupture avec Gbagbo"

La cause immédiate de ma rupture avec Gbagbo : l'incident du 17 juin 2021 à l'aéroport FHB

Point besoin de décrire le spectacle du 17 juin à l'aéroport FHB d'Abidjan. Allons sur la signification de ce spectacle. Oui Steve Beko, j'ai quitté l'UNG parce que Gbagbo a humilié sa femme Simone Gbagbo. Ça c'est la raison simpliste que je vous concède quand vous voulez fuire le vrai débat par la petite porte. 

Maintenant pour revenir à la raison plus sérieuse je vais te rappeler ce que Gbagbo lui même disait à François Mattéi à La Haye : "ma conviction, depuis mes débuts en politique, et je n'ai jamais dérogé à cette exigence, c'est qu'il faut bâtir des institutions en Afrique et les respecter" (page 163). Et bien Gbagbo a dérogé à cette exigence. 

Steve Beko, peut-être que vous ne le savez pas mais le mariage est une institution établie par la loi ivoirienne et en tant que telle il impose aux époux des obligations dont la première est l'obligation de fidélité. Comprenons nous bien : je ne suis pas en train de reprocher à Gbagbo de ne pas être fidèle à son épouse Simone. Moi même si on m'informe tout de suite que Jésus Christ organise une AG des hommes mariés fidèles chez moi à la maison chez soir, je vais appeler pour dire que je ne peux pas rentrer parce que les gilets ont bloqué toutes les routes.

Steve Beko vous savez très bien que personne ne reproche à Gbagbo de ne plus être amoureux de son épouse ; personne ne lui reproche d'être amoureux de sa maîtresse. 

Tout le monde dit que Gbagbo n'a pas le droit d'humilier publiquement son épouse ;

Tout le monde a été choqué de voir une épouse reléguée par l'époux et son entourage au rang de badaud devant les caméras du monde qui la filmait en train de se faire délivrer un permis d'accolades par la maitresse ; 

Tout le monde a été choqué qu'à une occasion aussi solennelle que son retour en CI ce 17 juin, Laurent Gbagbo, ex Chef d'Etat, garant des lois et institutions, se livre à un piétinement aussi flagrant des regles du mariage. 

Et tout ça devait être acceptée par c'est la vie privée de Gbagbo. Vous avez tellement divinisé le Monsieur si simple jadis que même les lois et les institutions doivent baisser les yeux devant lui.

Et comme vous disiez qu'il était le référent politique de l'UNG, c'est pourquoi j'ai écrit dans mon courrier de démission que je ne veux plus appartenir à un parti politique qui se donne pour référent politique un homme politique qui est en rupture avec les valeurs qu'il a promues.

 Pour finir, normalement il ne devrait pas y avoir de problème quand des partisans de Gbagbo, un combattant du pluralisme choisissent de ne plus être avec lui. Puisque même le Front populaire ivoirien qui l'a porté au pouvoir et qu'il a fini par qualifier publiquement d'"enveloppe vide", était à l'origine un rassemblement de plusieurs visions différentes de la politique qui se sont accepté comme telles pour se mettre ensemble. D'où le choix du terme "FRONT".

Les problèmes commencent quand vous vous voulez ridiculiser nos choix en disant que "c'est pour aller manger au restaurant chez Ouattara". Moi personnellement ça ne me dérange pas parce que je ne vois pas pourquoi Gbagbo aurait le droit de réclamer sa rente viagère à Ouattara pour vivre et que moi je serais complexé de manger chez Ouattara. Le jour que j'aurai l'occasion de manger chez Ouattara c'est avec les deux mains que je le ferai parce que c'est mon argent. 

La personne qui nous a dit ici dans ce pays "si Houphouet vous donne de l'argent prenez et bouffez car c'est votre argent", c'est qui déjà ? Donc question de logique : si nous sommes au restaurant parce que nous mangeons chez Ouattara l'argent qui nous appartient, c'est que Gbagbo aussi est au restaurant quand il prend sa rente viagère chez Ouattara. Choisissez. 

Tu sais petit frère, actuellement manger chez Ouattara est une incertitude pour moi. Ce qui était une certitude pour moi c'était de rester avec le Président Stéphane Kipré avec tout ce que cela avait comme garantie financière. Dans l'avion entre Tunis, on était 2 face à face, il m'a proposé de démissionner de mon travail pour me mettre à sa disposition et de payer mon salaire. Je ne dis pas que c'est une proposition indécente puisque Stéphane Kipré a la double casquette "100% homme politique 100% homme d'affaires" et les personnalités politiques ont un personnel politique et un personnel professionnel, ou les deux confondus dans certains cas. C'était une opportunité mais je n'ai pas accepté parce que j'aime ma liberté et j'ai préféré continuer mes djôssi en France pour que les revenus qui font vivre ma famille ne proviennent pas principalement de mon leader politique. 

Les problèmes commencent quand vous dites que nous sommes des traîtres dès que nous ne sommes plus avec Gbagbo. Sur ça je vous laisse interroger les amis de Gbagbo, Bamba Moriféré, Zadi Zaourou, Francis Wodié, quand toute la gauche ivoirienne s'est réunie en 1990 à Khorogo, à décidé de boycotter l'élection présidentielle face à Houphouet et que Gbagbo a déposé sa candidature. Ils vous diront comment ils ont qualifié cet acte.

Steve Beko, tu dis que tu ne comprends pas pourquoi certains quittent Gbagbo parce qu'il n'est plus avec un tel ou un tel ? Mais pose la question à Gbagbo. C'est encore lui qui disait que "lorsque des individus se sont identifiés à une lutte, on s'attache aussi bien aux idéaux qu'ils défendent qu'à leur personne". Votre difficulté est que vous  êtes convaincus que la seule personne en qui les ivoiriens reconnaissent le mérite de la lutte c'est Gbagbo. 

Continuez donc de croire que Affi Nguessan est seul, que Blé Goudé n'est rien, que Simone n'est rien sans le nom de Gbagbo. Mais vous allez mieux comprendre arrivera le jour où vous mêmes serez obligés de vous promener en CI avec le nom de Gbagbo. Vous avez noirci la fille albinos pour la donner en mariage mais vous avez oublié que un jour il va pleuvoir sur elle.

Steve Beko tu voulais connaître les valeurs idéologiques du combat politique de Gbagbo qui ont fondé notre adhésion et qu'il a fini par relier lui même. Maintenant on t'a dit. Merci pour toi et pour les autres qui savent maintenant grâce à toi.

FIN !!!

*************
La photo ? C'était en janvier 2015, lors d'une tournée humanitaire de l'ex UNG dans les camps de réfugiés au Ghana, Togo et Bénin. La crise au FPI venait de commencer et j'étais consommateur du fameux "Affi a trahi Gbagbo". Tellement j'ai allumé Affi Nguessan lors de ce meeting au Ghana, le "Chef de cabinet d'exil" de Stéphane Kipré en blanc sur la photo m'a demandé de diluer mon discours lors de l'étape du Togo et d'attendre à la dernière etape du Benin pour clasher ; comme ça les envoyés de Ouattara n'auront pas le temps de nous attraper puisque le lendemain on prenait le vol pour Paris. Je l'ai écouté mon cher.

Et j'ai découvert plus tard que toute cette histoire n'était qu'un plan bien organisé avec le seul objectif de diaboliser Affi Nguessan et prendre le contrôle du FPI.

Steve Beko, j'ai suivi Gbagbo parce que je n'aime pas l'injustice. J'ai décidé de ne plus suivre Gbagbo parce que je n'aime pas l'injustice !!!
Politique Ivoirienne/ Arsène Touho donne les raisons de sa rupture avec Gbagbo"





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